A Cannes, Piketty entend faire de son best-seller un blockbuster
A Cannes, Piketty entend faire de son best-seller un blockbuster
Par Clarisse Fabre
L’économiste français a annoncé que « Le Capital » serait adapté au cinéma par Justin Temperton.
L’économiste Thomas Piketty au 69e Festival de Cannes, le 13 mai 2016. | LOIC VENANCE/AFP
Nous sommes au premier étage d’un immeuble de la Croisette, juste au-dessus d’une enseigne de luxe. Dans l’appartement qui accueille la conférence de presse, de grandes affiches annoncent Le Capital au XXIe siècle, prochainement sur les écrans. Le documentaire sera adapté du livre éponyme de Thomas Piketty (paru au Seuil en 2013). Dans cet ouvrage très sérieux, au fil des 976 pages, l’économiste décrypte les inégalités dans le monde, propose des mesures concrètes, sans aller jusqu’à prôner un changement radical de société. On se pince, pour le contraste entre le décor cannois et l’enjeu politique. Mais Cannes a toujours été une caisse de résonance des perturbations mondiales. Et le livre est devenu un best-seller (plus de 2,5 millions d’exemplaires écoulés). En salles, Le Capital… sera-t-il un blockbuster citoyen ?
Dès la parution de son ouvrage, Thomas Piketty avait reçu de nombreuses propositions d’adaptation. Le choix s’est porté sur le producteur néo-zélandais Matthew Metcalfe. On lui doit quelques fictions – Atomic Falafel (2015), de Dror Shaul – et beaucoup de documentaires, comme Beyond the Edge (2013), de Leanne Pooley, sur l’ascension du mont Everest en 1953. Le film sera réalisé par le Néo-Zélandais Justin Pemberton, auteur de documentaires primés, comme The Nuclear Comeback (2007). Le voici lancé dans une course contre la montre : « Ça fait six mois que j’annote le livre, que l’on construit le récit, en vue d’un tournage au mois d’août et d’une sortie en 2017 », dit-il. Thomas Piketty, le Frenchy de la bande, se fait plutôt discret : « Je ne vais pas me transformer en cinéaste. Je fais confiance à Matthew et à Justin. Je pourrai bien sûr servir de conseiller informel », dit-il.
Matthew Metcalfe raconte le choc que fut le livre de Piketty : « Cet ouvrage est rempli de références littéraires, cinématographiques. Il est vivant, et nous met en mouvement. Piketty rend accessible la compréhension des mécanismes économiques que l’on disait réservée aux experts. Je me suis dit, c’est un film ! » Le Capital au XXIe siècle pourrait se situer, dit-il, dans l’esprit du documentaire sur le réchauffement climatique, An Inconvenient Truth (« Une vérité qui dérange »), de Davis Guggenheim – présenté au Festival de Sundance, puis à Cannes en 2006. Justin Temperton résume d’une phrase : « Avec ce film, on veut faire réfléchir les gens. » Il n’y a plus qu’à.