Projet de loi travail : nouvelle journée de mobilisation dans un contexte tendu
Projet de loi travail : nouvelle journée de mobilisation dans un contexte tendu
Une manifestation démarre à 14 heures à Paris, au lendemain de l’incendie d’une voiture de police.
Nouvelle journée de grèves et de manifestations jeudi 19 mai dans toute la France. Au lendemain de l’agression de policiers, dont le véhicule a été incendié à Paris, l’exécutif affiche sa détermination face aux casseurs et aux blocages et affirme sa volonté de faire passer la loi travail.
- Manifestations contre le projet de loi travail
Manifestation contre le projet de loi travail à Paris, le 17 mai. | GONZALO FUENTES / REUTERS
Pour la deuxième fois de la semaine, les opposants à la loi travail vont défiler, à l’appel de sept syndicats et organisations de jeunesse. Ces dernières continuent d’exiger le retrait du texte gouvernemental, qu’elles jugent trop favorables aux entreprises et pas assez protecteur pour les salariés.
Mais l’exécutif ne dévie pas de sa ligne. Mardi, François Hollande a prévenu qu’il ne « céderai[t] pas » sur la loi qui « va passer, parce qu’elle a été discutée, a été concertée, a été corrigée, a été amendée ».
A Paris, une manifestation partira à 14 heures de la place de la Nation, en direction de la place d’Italie. Elle se déroulera dans un contexte tendu, chaque cortège étant désormais le théâtre de débordements, à Paris et en région.
Au micro RTL, jeudi matin, Manuel Valls a appelé les syndicats à « prendre leurs responsabilités » :
« Si, à chaque manifestation, il y a aujourd’hui des casseurs, on doit s’interroger sur la pertinence d’un certain nombre de ces manifestations. Et, en tout cas, les services d’ordre [syndicaux], avec le soutien bien sûr de la police, doivent prendre toutes les mesures pour empêcher les casseurs à se mêler à la foule des manifestations. »
- Voiture de police incendiée : Manuel Valls promet des sanctions « implacables »
Une voiture de police a été incendiée le 18 mai à Paris, en marge d’un rassemblement organisé par les polciiers contre la « haine anti-flic ». | CHARLES PLATIAU / REUTERS
Le premier ministre a affiché sa fermeté après l’incendie, mercredi, d’une voiture de police à Paris. Sur RTL jeudi matin, il a dit souhaiter des sanctions « implacables » contre ceux qui « veulent se payer un flic ».
« Il n’y a aucune consigne de retenue, aucune consigne de ne pas interpeller, aucune consigne de ne pas aller jusqu’au bout pour ne pas appréhender les casseurs », a martelé le chef du gouvernement face aux accusations de laxisme émises par la droite et l’extrême droite.
Une enquête pour tentative d’homicide volontaire a été ouverte mardi, et quatre personnes ont été interpellées. Selon le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, trois d’entre elles avaient fait l’objet d’une interdiction de manifester, mesure annulée mardi par le tribunal administratif.
- Des blocages dans les ports, raffineries et aéroports
Des routiers bloquent la route près de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, le 17 mai. | Claude Paris / AP
Les routiers continuent jeudi à bloquer l’accès à des raffineries, ports et aéroports.
- Dans la région de Marseille, les routiers mènent une opération de blocage près de la zone industrielle de Fos-sur-Mer.
- Dans l’Ouest, plusieurs barrages filtrants ont été mis en place à Rennes, dont un au niveau d’un axe d’accès à un dépôt pétrolier, un autre à Nantes. Dans la région du Havre, la mobilisation a pris de l’ampleur : deux raffineries sont bloquées dans la matinée et la pénurie de carburants gagne. Dans le centre-ville, des pneus brûlent. A Cherbourg, de premiers barrages ont été mis en place.
- Dans le Sud-Ouest, des manifestants bloquent aussi les entrées du centre de fret de Mouguerre (Pyrénées-Atlantiques), et l’accès à l’aéroport de Blagnac à Toulouse a été fermé.
Dans les raffineries du groupe Total, le mouvement de grève à l’appel de la CGT et de FO a conduit à mettre les installations en « débit mini », selon Eric Sellini (CGT). Ajoutées aux blocus, ces mesures font qu’aucun produit ne sort plus des raffineries de Grandpuits (Seine-et-Marne) et de Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime), selon M. Sellini.
A Donges (Loire-Atlantique), la grève, stoppée mardi soir, devrait reprendre jeudi. Autour de l’étang de Berre, près de Marseille, les raffineries sont en grève tournante.
Par ailleurs, un appel à la grève des contrôleurs aériens devait légèrement affecter le trafic, notamment à Paris-Orly où 15 % d’annulations préventives sont prévues.
Jeudi, Manuel Valls a voulu « rassurer » les chauffeurs routiers et affirmé que le projet de loi travail n’avait pas de « conséquences » sur leur rémunération ni le paiement de leurs heures supplémentaires.
Le premier ministre s’est toutefois dit prêt à faire lever les barrages par les forces de l’ordre, et a appelé la CGT à faire preuve de « responsabilité » sur ce dossier.
Police et citoyens sont-ils irréconciliables ?
Durée : 06:16
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Images : Pierre Trouvé