« Victoire », « leçon », « choc » : les politiques français réagissent au « Brexit »
« Victoire », « leçon », « choc » : les politiques français réagissent au « Brexit »
Si les réactions diffèrent, le « Brexit » met tout le monde d’accord en France sur la nécessité d’une « refondation » de l’Union européenne.
« Brexit » : le zapping des réactions des politiques français
Durée : 02:21
Sans surprise, le Front national (FN) s’est réjoui du vote des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne (UE). « Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE », a écrit la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, dans un message posté sur Twitter. La formation lepéniste propose depuis 2013 l’organisation d’un référendum sur l’appartenance de la France à l’UE ou son maintien dans la zone euro.
Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l'UE MLP
— MLP_officiel (@Marine Le Pen)
Avant même l’élection présidentielle de 2017, le vice-président du FN, Florian Philippot, a estimé que ce référendum devait avoir lieu « le plus vite possible ». « François Hollande doit annoncer un référendum en France sur notre appartenance à l’Union européenne », a réclamé le député européen.
Nicolas Dupont-Aignan, de son côté, s’est félicité de cette « excellente nouvelle pour tous les peuples européens ». « Comme en 1940, l’Angleterre aura une nouvelle fois démontré sa capacité à forcer le destin pour s’opposer à un régime totalitaire », a estimé le député de l’Essonne, qui plaide pour un « traité alternatif » à l’UE actuelle.
La droite divisée
A droite, les principaux dirigeants de l’opposition déplorent le « Brexit », mais y voient l’occasion de refonder l’Europe et de mettre la pression sur le président François Hollande. « C’est un choc historique pour la Grande-Bretagne, d’abord, son peuple est souverain, il a fait son choix, à lui de gérer les défis qu’il va avoir à relever », a expliqué Alain Juppé sur Europe 1, avant de plaider pour un arrêt de l’élargissement. « Faire entrer aujourd’hui la Turquie dans l’Europe, c’est la disloquer définitivement. (…) La plus grosse erreur que nous pourrions faire, ce serait de laisser entendre qu’à vingt-sept, on peut continuer comme avant. »
Comme la plupart des candidats à la primaire de la droite, le maire de Bordeaux veut une plus grande convergence entre les pays de la zone euro, mais il s’oppose à l’idée d’un référendum en France sur un nouveau traité, contrairement à Bruno Le Maire. Sur France Info, le député Les républicains (LR) de l’Eure a réaffirmé sa volonté de renégocier un traité avant de le soumettre au vote des Français : « Il ne s’agit pas de demander aux Français s’ils veulent sortir ou rester dans l’Union européenne. Mais de dire, voilà le nouveau projet sur lequel nous avons travaillé avec l’Allemagne et les six pays fondateurs. C’est une Europe avec des frontières claires, déterminées, stables, qui n’inclut pas la Turquie. »
En attendant la réaction de Nicolas Sarkozy, qui devrait avoir lieu vendredi en début d’après-midi, Christian Estrosi, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dénonce la responsabilité de François Hollande. « Le Brexit, c’est le triste résultat d’une Europe faible, d’une France en manque de leadership et d’un couple franco-allemand qui souffre », a-t-il écrit sur son compte Twitter. Alors que M. Sarkozy veut refonder Schengen et mettre en place un gouvernement de la zone euro grâce à un nouveau traité, Xavier Bertrand, président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, a demandé vendredi une autre renégociation, celle des accords du Touquet, qui fixent la frontière franco-britannique à Calais.
Le président du MoDem, François Bayrou, s’est alarmé de son côté : « C’est une onde de choc terrible qui va naturellement se propager en Europe », a déclaré le maire de Pau sur BFM-TV, qui a estimé que « la question de l’Europe et d’un référendum sera centrale dans la campagne de 2017 ». Son homologue centriste Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, a lui préféré voir une opportunité dans ce vote : « La première réaction de l’UE doit être de maintenir la porte ouverte à l’Ecosse et à l’Irlande du Nord. (…) Ce vote offre à l’UE l’occasion de redéfinir ses missions. Accepter deux Europe – économique et politique – recentrées sur l’essentiel. »
La gauche partagée
Partagée, la gauche s’accorde sur la nécessité d’une « refondation » de l’Union européenne. Les réactions étaient peu nombreuses, vendredi matin, côté socialiste, où l’on attendait que François Hollande s’exprime sur le sujet. « Le Royaume-Uni va redevenir une île », a déploré la délégation socialiste au Parlement européen dans un communiqué. « C’est l’échec d’une Europe exclusivement dédiée au marché intérieur. L’heure doit être à la refondation pour renouer avec la vocation d’origine de l’Union, assurer la démocratie et le respect de valeurs, la prospérité, la liberté et la paix par la solidarité. » Une vision partagée par le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Harlem Désir. « Triste pour le Royaume-Uni. L’Europe doit se ressaisir et avancer. L’urgence c’est de rebâtir un projet européen ambitieux, avec les citoyens », a estimé ce dernier sur Twitter.
La gauche radicale, elle, ne s’est pas fait prier pour s’engouffrer dans la porte ouverte par le « Brexit ». « La leçon est que l’Union européenne, on la change ou on la quitte (…). L’heure du plan B va sonner. Ma candidature pour l’élection présidentielle est celle de la sortie des traités européens », a assuré Jean-Luc Mélenchon, candidat pour le Parti de gauche. De son côté, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, s’est montré plus mesuré : « Le temps est venu de refonder l’UE, de construire une union de peuples et de nations libres, souverains et associés, tournée vers le progrès humain et la justice sociale. Cette nouvelle union et les nouveaux traités qu’elle appelle doivent se construire sous le contrôle des peuples européens. »
Depuis 2005 en France, puis en Grèce, chaque fois le peuple dit « non » à ce qui est proposé par l’UE#Brexit
— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)
« Voilà ce qui se passe quand l’Europe est confisquée par les technocrates et les libéraux », a estimé quant à elle l’écologiste Cécile Duflot sur Twitter.