L’AMF perquisitionne le siège d’EDF
L’AMF perquisitionne le siège d’EDF
Par Denis Cosnard
Le gendarme des marchés financiers a ouvert une enquête sur la communication financière du groupe depuis 2013.
Immeuble EDF à la Défense, en avril. | GONZALO FUENTES / REUTERS
Visite inhabituelle, ce jeudi 21 juillet en début de matinée, au siège d’EDF, avenue de Wagram à Paris. Plusieurs enquêteurs de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ont demandé à rencontrer le secrétaire général du groupe public, Pierre Todorov, et se sont fait remettre une série de documents, selon trois sources concordantes. « Une vraie perquisition, même si cela n’en porte pas le nom », raconte un témoin, encore surpris.
Cette « descente » inattendue s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte récemment par l’AMF sur l’information financière donnée aux marchés par EDF depuis 2013, selon la lettre de mandat présentée par les enquêteurs. Dans le cadre de ses pouvoirs, le gendarme des marchés financiers cherche à savoir si EDF a informé les investisseurs de façon complète, en temps et en heure, sur les sujets susceptibles d’affecter le cours de son action.
Le dossier Hinkley Point questionné
Deux dossiers semblent particulièrement concernés. D’une part, le programme de rénovation de l’ensemble des centrales nucléaires, le « grand carénage » selon le jargon d’EDF. Un chantier d’abord évalué à 55 milliards d’euros avant d’être revu récemment à la baisse. D’autre part, Hinkley Point, c’est-à-dire le projet de construction, dans le sud-ouest de l’Angleterre, de deux réacteurs de nouvelle génération, des EPR (european pressurized reactor), pour un coût estimé à 18 milliards de livres, soit près de 22 milliards d’euros, dont les deux tiers à la charge d’EDF.
Dans les deux cas, et dans d’autres peut-être, le groupe a-t-il fourni aux investisseurs toutes les informations nécessaires ? C’est, semble-t-il, la question posée, alors que l’action EDF a perdu 45 % de sa valeur en trois ans, et que l’entreprise a été exclue fin 2015 de l’indice CAC 40. L’interrogation porte sur la communication d’EDF tant sous la présidence d’Henri Proglio que sous celle de Jean-Bernard Lévy, son successeur depuis novembre 2014.
Contactée par Le Monde, la direction d’EDF s’est refusée à tout commentaire.