L’embellie de l’emploi se confirme aux Etats-Unis. En juillet, la première économie mondiale a créé 255 000 postes, selon les données préliminaires publiées vendredi 5 août par le département du travail. Ce chiffre est nettement supérieur aux prévisions des économistes, qui misaient en moyenne sur 180 000 créations nettes de postes. Il relance les spéculations sur la date de la prochaine hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), dont le comité de politique monétaire se réunit les 20 et 21 septembre.

C’est le deuxième mois consécutif que la barre des 200 000 emplois est franchie. En juin, le nombre de créations de postes avait atteint 292 000 (le chiffre a été révisé à la hausse après une estimation initiale de 287 000). Ces performances renforcent le sentiment des économistes que le sévère trou d’air traversé en mai (seulement 24 000 emplois supplémentaires) n’était qu’une anomalie.

« Depuis le début de l’année, la croissance du marché de l’emploi est solide, avec 186 000 emplois créés par mois, se félicite Jason Furman, le principal conseiller économique de Barack Obama. Cette moyenne est supérieure à ce qui est nécessaire pour maintenir un faible taux de chômage. » En juillet, celui-ci est resté stable, à 4,9 % de la population active, malgré la légère hausse du taux de participation – la proportion d’Américains qui ont un travail ou qui sont à la recherche active d’un emploi.

La croissance demeure faible

Autre élément positif : le salaire horaire moyen a progressé de 8 cents, portant sa hausse à 2,6 % sur un an. C’est nettement plus que l’inflation, limitée à 1 % sur la même période. En revanche, le nombre de travailleurs qui occupent un poste à temps partiel alors qu’ils souhaiteraient un travail à temps plein est légèrement reparti à la hausse. Tout comme le nombre de demandeurs d’emploi découragés, qui ne sont plus comptabilisés dans les chiffres du chômage.

Les statistiques du département du travail « réduisent le risque de récession au cours des douze prochains mois », estime Jesse Hurwitz, économiste chez Barclays. Si le marché de l’emploi retrouve des couleurs, la croissance demeure en effet encore faible. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) américain n’a progressé que de 1,2 % en rythme annualisé, pénalisé par la chute des dépenses d’investissements. Entre janvier et mars, la hausse avait été plus faible encore : + 0,8 %.

Dans ces conditions, les marchés anticipent un statu quo après le prochain comité de politique monétaire de la Réserve fédérale prévu les 20 et 21 septembre. « La prudence reste de mise concernant une hausse des taux à court terme », expliquait lundi 1er août William Dudley, président de la Fed de New York et proche de Janet Yellen, la présidente de la banque centrale américaine. Mais « il est encore prématuré d’écarter un resserrement de la politique monétaire cette année », nuançait-il.

De fait, une hausse des taux est jugée « probable en décembre, après les résultats des élections américaines » de novembre par les économistes de l’agence de notation Standard & Poor’s. A condition toutefois que l’emploi reste en bonne santé. Déjà évoquée au printemps, cette hypothèse avait été écartée après les mauvais chiffres du mois de mai.