Le chanteur portugais Antonio Zambujo était en concert, samedi 3 septembre 2016, au Trianon à Paris. | ISABEL PINTO

Le souffle musical de la lusophonie a marqué l’ouverture, ce week-end, de la 40e édition du Festival d’Ile-de-France (33 concerts, éparpillés en 29 lieux, jusqu’au 9 octobre), grâce au chanteur portugais Antonio Zambujo, qui a rendu hommage, samedi 3 septembre au Trianon à Paris, à Chico Buarque, sommité de la chanson brésilienne. « Toute cette mer n’est pas là pour séparer, mais pour réunir », écrivait Fernando Pessoa (1988-1935). La musique donne raison au poète. Chanteur de fado, né à Beja, dans la région de l’Alentejo, au sud du Portugal, Antonio Zambujo cultive ses affinités avec le Brésil.

Lire la critique de « L’Anthologie de la musique brésilienne » : Un voyage musical à travers le temps et les styles

Il avait 24 ans quand Amalia Rodrigues est morte (1999). C’est elle, dit-il, qui lui a donné le goût du fado. D’autres sources inspirantes l’ont happé. D’autres phares l’ont éclairé. Les figures majuscules de la bossa nova, par exemple – Vinicius de Moraes, Tom Jobim, Joao Gilberto – et puis Chico Buarque. Chanteur, auteur, compositeur, écrivain et poète épris de football, fils de Sergio Buarque de Holanda (1902-1982), l’un des historiens majeurs du Brésil, Chico Buarque, « c’est un des plus grands de la chanson chantée en portugais, dit Antonio Zambujo. C’est une référence, et pas seulement musicale. Sa vision du monde, sa philosophie de la vie me parlent beaucoup aussi ».

Romantique ou torride

Ses chansons l’accompagnent depuis longtemps. Le chanteur a lu deux de ses ouvrages, Budapest et Leite Derramado (traduit en français aux éditions Gallimard sous le titre Quand je sortirai d’ici). Tout le répertoire du concert (hormis deux titres parus sur Guia, le quatrième album de Zambujo), présenté pour la première fois sur scène, provient de Até pensei que fosse minha (« j’ai même pensé que tu étais mienne »), le nouvel album du chanteur portugais, enregistré entre Lisbonne et Rio, en 2015. Il devrait paraître et s’accompagner de nouvelles dates en France, en 2017.

Antonio Zambujo : « Sa vision du monde, sa philosophie de la vie me parlent beaucoup aussi »

« Ce répertoire a été choisi en tenant compte des suggestions de Chico qui intervient sur un titre dans l’album », précise Antonio Zambujo. Entouré de Bernardo Couto (guitare portugaise), Ricardo Cruz (contrebasse), Joao Moreira (trompette), José Conde (clarinettes) et du subtil guitariste brésilien Marcello Gonçalves, le chanteur a eu l’élégance d’éviter les reprises trop attendues et a pioché essentiellement dans le répertoire amoureux. Romantique (O meu amor, en duo avec la lumineuse chanteuse de fado Carminho, invitée sur l’album et au Trianon) ou torride (Valsinha, composé par Chico Buarque, avec Vinicius de Moraes, qui conte la première nuit de deux amoureux).

Bâtir tout un programme sur des réinterprétations de Chico Buarque est un exercice risqué, tant l’écriture de celui-ci est tout en demi-tons, en circonvolutions délicates, qui peuvent être autant d’écueils. Remarquable de finesse, aérien, d’une sensuelle élégance, sachant prendre ses distances avec les versions originales, Antonio Zambujo mène cette affaire avec une grande classe.

www.festival-idf.fr