Robert Ménard veut organiser un référendum sur les réfugiés à Béziers
Robert Ménard veut organiser un référendum sur les réfugiés à Béziers
Par Olivier Faye, Raphaëlle Besse Desmoulières
Le maire de Béziers veut consulter les habitants de sa ville, le 8 janvier 2017, sur l’agrandissement prévu par l’Etat d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile
Robert Ménard, le 19 janvier à Béziers. | PASCAL GUYOT / AFP
Après les affiches anti-migrants, le référendum. Le maire de Béziers (Hérault) Robert Ménard, élu avec le soutien du Front national, a l’intention d’organiser un référendum sur l’accueil des réfugiés dans sa commune, le 8 janvier 2017. L’initiative doit être soumise au conseil municipal prévu pour le 18 octobre.
Dans un document municipal que Le Monde s’est procuré, le maire explique avoir récemment « appris que le centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) géré par la Cimade allait être agrandi de 40 places ».
« La préfecture de l’Hérault n’a pas jugé utile d’informer le maire de cette augmentation, s’offusque-t-il. Cette absence de concertation est d’autant plus inquiétante que la volonté du gouvernement est d’évacuer tous les migrants de la jungle de Calais dans des CAO (centre d’accueil et d’orientation), dont les emplacements exacts restent à déterminer ».
Des « méthodes » selon lui « dénoncées par de nombreuses personnalités politiques, notamment le président par intérim des Républicains [Laurent Wauquiez] qui condamne une atteinte à l’hygiène, la scolarité et la sécurité dans les communes ».
En conséquence, l’élu veut poser la question suivante à ses administrés :
« Approuvez-vous l’installation de nouveaux migrants, imposée par l’Etat, sans consultation du conseil municipal ? »
Opération compliquée
La ville de Béziers accueille deux centres pour les réfugiés : l’un de 80 places, qui est administré par la municipalité ; l’autre de 50 places, géré par la Cimade. C’est ce dernier qui doit être agrandi.
Joint par Le Monde, M. Ménard confirme son souhait d’organiser un référendum. « Il me semble anormal qu’on prenne une décision pareille sans en informer le maire et le conseil municipal. Je veux demander aux habitants ce qu’ils en pensent », explique-t-il. Et de préciser : « Il faut que le préfet ne s’y oppose pas. »
L’opération risque, en effet, de s’avérer compliquée. Le 30 septembre, la justice a invalidé l’organisation d’un référendum de ce type dans la petite commune d’Allex, dans la Drôme. Le conseil municipal de la ville voulait consulter les habitants sur l’ouverture prochaine d’un CAO devant accueillir 50 migrants. Le tribunal administratif de Grenoble, saisi par la préfecture de la Drôme, a jugé ce projet de référendum illégal dans la mesure où l’hébergement d’urgence ne relève pas de la compétence de la commune mais de l’État.
Robert Ménard n’en a cure. Même s’il s’en défend, l’élu joue sur la confusion qui peut s’installer dans les esprits par rapport au plan de répartition des migrants de Calais prévu par l’Etat. La sous-préfecture de l’Hérault n’est pas concernée par ce projet. Selon le maire, les places créées dans un CADA seraient de toute façon plus problématiques puisqu’elles auraient selon lui « vocation à être pérennes ».
Des affiches « incitant à la haine »
« Robert Ménard fait son fonds de commerce du soi-disant envahissement de Béziers, mais ce n’est pas la réalité, déplore Aimé Couquet, conseiller municipal d’opposition (Front de gauche). C’est nécessaire d’accueillir des demandeurs d’asile, on peut bien en avoir 40 de plus dans une ville de 75 000 habitants... »
Plus tôt dans la journée, mardi, l’ancien patron de Reporters sans frontières avait déjà fait parler de lui en lançant une campagne d’affichage dans les rues de la ville à propos de l’agrandissement du CADA.
Voilà ma ville #Béziers https://t.co/2SFeMLRaih
— ElDaaark (@Julien B)
Sur ces affiches, on peut voir des individus, de dos, affluer au pied de la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, avec des phrases-chocs écrites en sous-titre : « L’Etat nous les impose », « ça y est, ils arrivent... », « Les migrants dans notre centre-ville ! ». Une affiche « incitant à la haine » selon l’association SOS-Racisme, qui va la signaler au parquet et compte saisir le préfet de l’Hérault à ce sujet.