Mike Colter : « Luke Cage est un personnage qui rebat les cartes »
Mike Colter : « Luke Cage est un personnage qui rebat les cartes »
Propos recueillis par Pauline Croquet, Pierre Lecornu
L’acteur interprète Luke Cage dans la série éponyme. De passage au Comic-Con de Paris, il répondait aux questions de Pixels.
Mike Colter lors d’une conférence au Comic-Con de Paris. | FAUST FAVART
Luke Cage est le premier superhéros afro-américain apparu dans les années 1970 dans le catalogue Marvel. Résistant aux balles et d’une force surhumaine à la suite d’une expérience scientifique, celui que l’on appelle aussi Power Man a désormais sa propre série sur Netflix. Son interprète, l’acteur Mike Colter, était l’invité de la deuxième édition du Comic-Con de Paris qui se tenait dans la grande halle de la Villette, du 21 au 23 octobre.
Qu’est-ce qui vous a plu chez Luke Cage, qui vous a encouragé à accepter le rôle ?
Ce que j’aime chez lui, c’est son humilité et sa bonté profonde. J’ai joué des personnages qui étaient vicieux et sombres et que, au final, les gens considèrent comme des méchants. J’ai adoré jouer ces personnages, mais avec celui-ci on doit vraiment faire quelque chose de positif, surtout parce que cela concerne un personnage noir à la télévision. Je considère Luke Cage comme quelqu’un qui rebat les cartes et dont je peux être fier.
Marvel's Luke Cage - Nouvelle bande-annonce (VF) | Exclusivement sur Netflix !
Durée : 02:35
Aimez-vous les histoires de super-héros ? Quel est votre personnage favori ?
J’aime ces récits. Celui qui m’a le plus touché est Spiderman, parce que son histoire est la parfaite combinaison entre l’expérimentation de superpouvoirs reçus, sa force arachnoïde, et son aspect touche-à-tout de scientifique qui fait des tests et crée des gadgets. Le fait que son parcours initiatique, ses découvertes se déroulent alors qu’il est adolescent fait que c’est pour moi une grande histoire.
Luke Cage est né dans les années 1970. Avez-vous pris des libertés par rapport au personnage initial ?
On a essayé de moderniser cette série, de la renouveler, de faire quelque chose auquel les gens peuvent s’identifier aujourd’hui. Du coup, on n’est pas resté très attachés aux choses établies par le comic book. On a pris des éléments çà et là… Avec les personnages, les méchants, les noms sont les mêmes mais l’histoire qu’on raconte est complètement différente.
Une couverture de Luke Cage « héros à louer » , avec son look d’autrefois. | Marvel
Luke Cage est un symbole de diversité. Pensez-vous que les scénaristes font suffisamment d’efforts pour ouvrir leurs histoires aux minorités ?
C’est compliqué parce que la majorité des scénaristes à la télévision ou à Hollywood sont blancs. Certains sont des femmes, certains sont des hommes… Mais en tout cas, ils sont majoritairement blancs. Donc si vous leur demandez d’écrire pour des minorités, ce n’est pas forcément naturel pour eux. Je ne sais pas trop ce qu’ils en pensent… Le problème avec les films américains, c’est qu’ils voyagent partout dans le monde. L’image que vous y donnez véhicule une représentation, une information qui affecte les gens. Si vous ne connaissez pas personnellement ces minorités, vous vous faites une idée à partir de la télévision et des films. Et je voudrais que ces images ne soient pas négatives. C’est notre responsabilité.
La série trouve un écho dans l’actualité : des Noirs sont tués par la police aux Etats-Unis. Pensez-vous que Luke Cage soit une série réaliste sur ce point ?
Ce qui se passe en ce moment aux Etats-Unis avec la police et les violences, c’est tellement complexe et profondément ancré qu’on ne peut pas trouver la solution dans la série ni l’aborder comme il le faudrait. Il y a tellement à dire sur ce sujet, et j’espère que, peut-être, on pourra en faire plus sur la prochaine saison. Mais c’est un vrai problème… Ça part des communautés, ça commence par la relation entre les policiers et les citoyens. Il n’y a pas assez de communication entre les deux. Il faut que ça change, parce que les populations avec qui la police devrait communiquer sont celles qui ont des problèmes, pas celles qui n'en ont pas.
Si vous aviez les pouvoirs de Luke Cage dans la vraie vie, que feriez-vous ?
Je les cacherais. [Rires.] Je les utiliserais uniquement si c’était nécessaire. Je pense que j’ouvrirais une entreprise de déménagement… Vous vous voulez déménager ? Je vous sors tous vos meubles tout seul !
Comment voyez-vous l’avenir de Luke Cage ? Que voudriez-vous explorer notamment dans la prochaine série The Defenders qui va regrouper plusieurs héros ?
Nous devons encore explorer les zones grises de Luke Cage. C’est un « gentil », mais il reste une partie de lui que l’on explorera peut-être dans l’aspect « héros à louer », c’est-à-dire quand il commence à travailler avec ses superpouvoirs pour gagner de l’argent. J’ai envie de voir où ça le mène, quel type de personnes il va aider, le genre d’affaires sur lequel il choisira de travailler. Il y a aussi des histoires non résolues avec Jessica Jones, il y a encore des choses à explorer avec le personnage de Claire Temple. Il y a aussi l’amitié, la « bromance » avec Iron Fist, qu’on n’a pas encore commencée.
Luke Cage est un symbole de la pop culture afro-américaine aux Etats-Unis, et le public va vous reconnaître en lui. Par ailleurs, certains acteurs regrettent d’être enfermés dans un rôle de super-héros. Est-ce quelque chose que vous redoutez ?
Quand je représente Luke Cage auprès du public, je suis conscient de l’importance que ça a pour les fans, et j’ai envie qu’ils aient la possibilité de l’exprimer. Mais dans la vie, je suis Mike Colter, et je veux juste m’occuper de mes affaires. Les deux mondes sont séparés, donc je n’y pense pas trop.
En ce qui concerne ma carrière, bien sûr, j’ai conscience de ce fait, et je suis plus hésitant. Vous ne savez jamais ce qu’elle aurait été sans ce rôle… Ça peut vous limiter, mais aussi vous donner d’autres occasions. Je n’ai pas fait le métier d’acteur pour jouer nécessairement les super-héros ; je peux jouer beaucoup de personnages différents. Mais si les gens m’identifient à Luke Cage parce que c’est le personnage dont ils se souviennent, ça me convient.