Boom présente son premier prototype d’avion supersonique
Boom présente son premier prototype d’avion supersonique
LE MONDE ECONOMIE
La start-up américaine espère lancer d’ici le début des années 2020 des vols commerciaux à bord de cet appareil 2,5 fois plus rapide que les avions de ligne actuels.
Image de synthèse du prototype d’avion supersonique Boom. | DR
Relier Paris à New York en moins de trois heures et demie. Treize ans après le dernier atterrissage du Concorde, Boom ambitionne de ressusciter les vols commerciaux supersoniques. Mardi 15 novembre à Denver (Colorado), la start-up américaine a franchi une étape supplémentaire. Elle a présenté son premier prototype, qui doit prendre son envol d’ici à la fin 2017 pour une première phase d’essais. Les vols commerciaux sont espérés pour le début des années 2020.
« Le Concorde était une merveille technologique mais ses coûts d’opération étaient très importants, notamment en raison de sa consommation de carburant », souligne Blake Scholl, le fondateur et patron de Boom. Son avion, promet-il, profitera des dernières avancées technologiques : il sera plus léger, plus aérodynamique, plus économe en carburant. Si bien qu’un vol transatlantique ne coûtera que 5 000 dollars, près de moitié moins que les derniers vols sur le Concorde.
2 300 kilomètres par heure
Sur le papier, l’avion supersonique de Boom, qui n’a pas encore de nom officiel, pourra atteindre une vitesse de croisière de Mach 2,2 (2,2 fois la vitesse du son), soit près de 2 300 kilomètres par heure. C’est légèrement plus que son ancêtre européen. Et environ 2,5 fois plus rapide que les avions de ligne actuels. Les temps de vol seraient ainsi divisés par plus de deux : quatre heures et demie entre San Francisco et Tokyo, six heures entre Los Angeles et Sydney.
A son bord, l’appareil pourra transporter 45 passagers, contre une centaine pour le Concorde. « C’est similaire au nombre de sièges en classe affaires et en première classe sur les long-courriers », justifie M. Scholl. Le responsable estime ainsi que les compagnies aériennes pourront facilement afficher complet, quand Air France et British Airways enregistraient de faibles taux de remplissage. « Pour le même prix, vous pourrez voyager deux fois plus vite », poursuit-il.
« Les compagnies aériennes sont extrêmement intéressées par notre projet », assure l’entrepreneur. En mars, la jeune entreprise a signé un important partenariat avec Virgin. La société du milliardaire britannique Richard Branson, qui possède la compagnie Virgin Atlantic, a posé une option pour acheter les dix premiers appareils produits par Boom. Une autre compagnie européenne, dont l’identité n’a pas été révélée, souhaite acquérir les quinze suivants.
Des anciens de la Nasa, Boeing, SpaceX
Le chemin reste encore long. L’appareil dévoilé mardi n’est qu’une version à l’échelle ⅓ du produit final. Il ressemble davantage à un avion de chasse qu’à un avion de ligne. « L’objectif est de prouver la faisabilité du projet », indique le fondateur de Boom. « Plusieurs années seront encore nécessaires pour effectuer tous les tests et pour obtenir le feu vert des autorités », poursuit-il. M. Scholl espère notamment obtenir l’autorisation de voler au-dessus des Etats-Unis, que l’administration fédérale de l’aviation (FAA), le gendarme américain des airs, avait refusée au Concorde.
Créé en septembre 2014, Boom ne compte pour le moment qu’une trentaine d’employés, principalement des ingénieurs. Des anciens de la Nasa, Boeing, Lockheed Martin ou encore SpaceX, la société spatiale d’Elon Musk qui fait office d’exemple à suivre. « Ils ont prouvé qu’un nouveau venu pouvait accomplir des choses incroyables », s’enthousiasme le fondateur de Boom. La start-up va par ailleurs être aidée par les équipes de Virgin Galactic, la société de M. Branson qui souhaite envoyer des touristes dans l’espace.
M. Scholl ne manque pas d’ambitions. L’entrepreneur imagine déjà son avion effectuer plus de 500 liaisons dans le monde. Il chiffre la demande à 1 300 appareils au cours des dix premières années. Avec un prix catalogue de 200 millions de dollars, « cela représente un potentiel de 260 milliards de dollars », se réjouit-il. Et il voit encore plus loin : « A long terme, l’objectif est de relier n’importe quelle ville dans le monde en moins de cinq heures et pour seulement 100 dollars. »