L’organisation non-gouvernementale Amnesty International a appelé mardi 6 décembre le gouvernement turc à permettre le retour chez elles des dizaines de milliers de personnes déplacées d’un district de Diyarbakir, « capitale » du sud-est majoritairement kurde du pays, des suites des combats entre l’armée et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les autorités ont imposé un strict couvre-feu en décembre 2015 de la zone de Sur dans le cadre de leur lutte contre le PKK, organisation séparatiste classée « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux. Les quelque 24 000 habitants des six quartiers qui la composent ont tous quitté leur domicile, affirme Amnesty dans un rapport. L’ONG enjoint aux autorités de « lever sans délai le couvre-feu » et prendre des mesures pour permettre aux déplacés de rentrer chez eux.

Centres urbains devenus zones de guerre

Selon Amnesty, environ 500 000 personnes ont été forcées de quitter leur domicile depuis la reprise des combats dans le sud-est de la Turquie à l’été 2015 qui a torpillé le processus de paix visant à mettre un terme au conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. « Il n’y a pas de plan concret, détaillé et crédible pour savoir comment ces familles pourront retourner chez elles », a expliqué Andrew Gardner, chercheur spécialisé sur la Turquie au sein de l’organisation humanitaire.

Autrefois cantonnés aux espaces ruraux, les affrontements ont été particulièrement violents dans les villes, transformant les centres urbains en zones de guerre. Nombre de vieilles maisons qui longeaient les ruelles de Sur ont été rasées, a constaté le mois dernier un journaliste de l’Agence France-Presse dans des quartiers où le couvre-feu a été levé. Selon les autorités turques, les destructions sont le fait du PKK et tout est mis en œuvre pour reconstruire le district au plus vite.