La Colombie met en œuvre un plan de substitution des cultures illicites
La Colombie met en œuvre un plan de substitution des cultures illicites
Le Monde.fr avec AFP
Estimé à 340 millions de dollars, ce plan sera appliqué en 2017 dans 40 municipalités qui produisent actuellement plus de 50 % de la cocaïne de Colombie.
Diositeo Matitui, un cultivateur de coca, dans son champs à Policarpa, en Colombie, le 15 janvier. | LUIS ROBAYO / AFP
Le gouvernement colombien et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont présenté vendredi 27 janvier un plan de substitution des cultures illicites pour éradiquer 50 000 hectares en 2017 dans tout le pays, premier producteur mondial de cocaïne.
Le gouvernement et les Farc ont précisé, dans un communiqué conjoint, que ce Programme national intégral de substitution des cultures d’usage illicite (PNIS) correspond au point n°4 de l’accord de paix signé fin novembre pour mettre fin à plus de 52 ans de conflit.
Il sera appliqué en 2017 dans 40 municipalités qui produisent actuellement plus de 50 % de la cocaïne de Colombie, et a déjà été lancé cette semaine dans les départements de Vichada et Caqueta, selon Rafael Pardo, haut conseiller pour le post-conflit, les droits humains et la sécurité, lors d’une conférence de presse à Bogota.
« Cela va coûter plus d’un milliard de pesos (environ 340 millions de dollars) cette année », a-t-il ajouté, précisant que le financement était assuré par l’Etat, mais qu’une aide internationale est espérée.
« Substituer est plus rentable qu’éradiquer »
De son côté, le commandant guérillero Pastor Alape a déclaré que les Farc « auront la responsabilité » d’accompagner et de promouvoir ce plan, « de manière directe » et sans arme, dans les régions les plus affectées par la guerre.
« Dans tout ce qui concerne la substitution, les paysans participeront pour définir les cultures qu’ils vont développer, en fonction des sols et du climat », a-t-il assuré.
M. Pardo a souligné que le gouvernement maintiendrait les opérations d’éradication forcée, mais espère que l’« alternative » de substitution volontaire soit « l’instrument prédominant de réduction » de ces cultures illicites de coca, mais aussi de marijuana et de pavot.
« Substituer est plus rentable qu’éradiquer », a-t-il ajouté, précisant que la fumigation aérienne d’herbicides coûte 20 millions de pesos (environ 6 800 dollars) par hectare pour supprimer une des quatre à cinq récoltes annuelles de coca. La Colombie, qui a suspendu depuis 2015 les fumigations aériennes de glyphosate en raison de problèmes environnementaux et sanitaires, espère éradiquer et substituer un total de 100 000 hectares en 2017.
Le programme ne pourra bénéficier aux cultivateurs ayant planté des cultures illicites depuis le 10 juillet 2016, date à laquelle le gouvernement et les Farc ont lancé la première opération de substitution volontaire dans la municipalité de Briceño.
Une aide mensuelle de 340 dollars
Le gouvernement du président Juan Manuel Santos a conditionné son aide à l’abandon immédiat par les paysans des cultures illicites et de toute activité dérivée.
Elle consiste notamment, la première année, en un versement mensuel d’un million de pesos (environ 340 dollars) pour substituer les cultures, préparer la terre pour des plantations légales ou travailler à des œuvres d’intérêt communautaire. Les agriculteurs pourront aussi percevoir une prime unique de 800 000 à neuf millions de pesos (entre 272 et 3 000 dollars) pour financer des projets autonomes de sécurité alimentaire.
Les Farc ont admis s’être financées grâce aux activités liées au trafic de drogue, comme l’extorsion des cultivateurs de coca, plante sacrée des indigènes et composant de base de la cocaïne. Mais, avec l’accord de paix, elles ont accepté de se dissocier du narcotrafic, devenu depuis les années 80 le carburant de la guerre.
La Colombie est le premier cultivateur mondial de coca avec 96 000 hectares, et principal producteur de cocaïne avec 646 tonnes en 2015, selon l’ONU.