Le 14 décembre 2015, un enseignant avait affirmé avoir été attaqué dans son école, à Aubervilliers, par un homme se réclamant de l’EI. il était ensuite revenu sur ses déclarations. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

La relaxe d’un instituteur d’Aubervilliers, qui était poursuivi pour avoir inventé une agression dont il aurait été victime par un homme se réclamant de l’organisation Etat islamique (EI), a été confirmée, vendredi 10 février, par la cour d’appel de Paris. L’enseignant avait été relaxé un première instance il y a tout juste un an, pour vices de procédure, mais le parquet de Bobigny avait fait appel.

L’avocate générale avait requis une peine de quatre mois avec sursis, qu’elle condisérait comme « une peine d’avertissement ». Elle estimait que la mobilisation sans raison des forces de police et de la justice dans ce dossier représentait « une atteinte à l’autorité de l’État ».

Auto-mutilation

Un mois après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, cet instituteur de 45 ans, en poste depuis 22 ans dans la même école maternelle, avait assuré avoir été poignardé au flanc et à la gorge vers 7h, alors qu’il préparait sa classe.

Selon lui, un agresseur, en tenue de peintre, ganté et cagoulé, chaussures de type rangers aux pieds, était arrivé sans arme et s’était saisi d’un cutter qui se trouvait dans la salle de classe. L’homme avait lancé: « C’est Daech [acronyme arabe de l’EI], c’est un avertissement » avant de prendre la fuite, d’après le premier récit de l’enseignant.

La section antiterroriste du parquet de Paris s’était saisie de l’enquête. La ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, s’était notamment rendue sur place en dénonçant un « acte d’une grande gravité ».

A l’hôpital, l’homme avait affirmé s’être auto-mutilé pour dénoncer l’insuffisance des mesures de sécurité à l’école. Puis il était revenu sur cette déclaration, pour assurer qu’il avait bien été victime d’une agression.

Suspendu par l’éducation nationale

Comme en première instance, les juges ont annulé vendredi certains actes de la procédure, comme des procès-verbaux d’auditions recueillies par des policiers alors que l’instituteur se trouvait à l’hôpital sous morphine, sans avocat.

L’avocate du professeur des écoles, Noémie Saidi-Cottier, avait plaidé la relaxe, arguant qu’aucune « preuve formelle » ne permettait d’affirmer que son client avait affabulé et que « le doute » devait lui profiter.

Son client, qui avait été suspendu par l’éducation nationale, « devrait pouvoir reprendre son travail », a-t-elle déclaré à l’issue du délibéré.