Chasse au trésor nocturne au musée du Louvre
Chasse au trésor nocturne au musée du Louvre
Par Alexis Perché
Un rallye mettant en concurrence dix équipes de joueurs est organisée chaque mercredi soir dans l’établissement parisien.
Cryptex de Léonard e Vinci lors d’une chasse au trésor au Louvre en mars 2017.
« Mona Lisa a égaré un objet précieux, enfermé dans un cryptex que personne n’est parvenu à ouvrir depuis plus de cinq siècles… Y arriverez-vous ? », dit un comédien d’une voix grave. Tous les mercredis soirs à 19 heures, jusqu’à la fin du mois de mai, le Louvre devient la scène d’une chasse au trésor, organisée par l’agence d’animations ludiques Anima. Dix équipes portant le nom d’autant de pierres précieuses arpentent les couloirs du musée en suivant trois parcours. Une série d’énigmes emmène successivement les joueurs dans le département des antiquités égyptiennes, à l’ombre des statues grecques et romaines, sous le regard des personnages immortels des toiles italiennes et françaises... Une manière originale et non académique de visiter ce lieu de culture et de prêter attention aux œuvres.
L’équipe qui déchiffre le code de Léonard de Vinci et ouvre le rouleau le plus rapidement découvre le secret de la Joconde et décroche une récompense mystère... Mercredi 8 mars, ce sont les « Opales » qui ont gagné le prix en effectuant le parcours en un temps record de 1 h 16. « On est les meilleurs ! », s’extasiaient-ils sous la grande pyramide de verre.
« Des marathoniens »
« Ils sont arrivés premiers, mais nous, on est l’équipe de l’ambiance ! », clame Aude Amblard, 22 ans, étudiante à l’Institut d’administration des entreprises Gustave Eiffel. Les membres de l’équipe « Agathe » se sont fait arrêter pas les vigiles plusieurs fois car, dans leur quête de victoire, ils couraient à travers les salles bondées . « On n’avait pas l’impression d’être des touristes, plutôt des marathoniens ! », s’amuse Fabien Cabal, étudiant en ressources humaines de 24 ans.
Une course contre la montre qui rappelle la scène mythique du film Bande à part de Jean-Luc Godard (1964). Les trois protagonistes avaient alors battu le record de la visite du Louvre la plus rapide en 9 minutes et 43 secondes, détenu jusque-là par un Américain.
Isabelle Terrissol a créé l’agence Anima il y a sept ans. Elle organise dans des musées, des cafés, au Jardin des plantes ou au château de Chambord, des quiz, rallyes et jeux de pistes pour des entreprises ou des particuliers. Ancienne assistante réalisateur, elle a tout lâché au bout de dix-huit ans pour lancer cette agence. Chignon relâché, sourire avenant, regard pétillant, elle sort de son petit sac rouge les fiches de jeux et garde jalousement le cryptex à l’abri. « La chasse au trésor part du réel pour aller vers la fiction à travers un aspect culturel. C’est toujours de la mise en scène, comme au cinéma», illustre l’auto entrepreneure de 46 ans.
Redynamiser la fréquentation
Mais la volonté d’être les plus rapides à résoudre les énigmes ne contrarie-t-elle pas l’objet du jeu, qui est de porter un autre regard sur les salles et les œuvres? Charles Carmignac, pionnier de l’organisation de chasses au trésor à Paris et créateur de l’agence Ma Langue Au Chat, estime que « toute l’élégance d’une belle énigme réside dans sa narration, dans l’art de créer une résonance entre les galeries, les œuvres, comme si des artistes d’époques et de pays différents étaient liés pour écrire une histoire commune. Une énigme est une histoire qui en cache une autre. Plus la narration a un corps solide, plus l’immersion est forte, c’est ça qui donne le vertige. »
Il faut s’acquitter de 16 euros, en plus du prix d’entrée au musée (gratuite pour les moins de 25 ans), pour participer à la course. Cette initiative pourrait contibuer à redynamiser la fréquentation du Louvre. En 2016, le musée a perdu 2 millions de visiteurs, conséquence des attentats de Paris et de Nice. Il espère remonter la pente avec des expositions-événements comme celle consacrée à Vermeer, ouverte au public le 22 février, et qui rencontre un tel succès qu’il a fallu amnénager les horaires pour accueillir un plus grand nombre de visiteurs.
Au printemps, ce sont les secrets de Napoléon 1er que les joueurs auront à décrypter au musée des Invalides. En écoutant le bourdonnement de l’abeille, en observant le vol de l’aigle, vous trouverez peut être le trésor que l’empereur a caché.