Un fabriquant de sextoys connectés va indemniser les utilisateurs qu’il a espionnés
Un fabriquant de sextoys connectés va indemniser les utilisateurs qu’il a espionnés
Par Perrine Signoret
Des données intimes avaient été collectées, sans que les détenteurs des vibromasseurs concernés en aient été avertis.
Quatre millions de dollars canadiens (2,8 millions d’euros). C’est la somme qu’a accepté de verser mardi 14 mars à ses clients l’entreprise We-Vibe, spécialisée dans la fabrication de sextoys, dans un accord à l’amiable faisant suite à une plainte groupée. En cause, l’un de ses jouets, un modèle proposé à 90 dollars qui a pour particularité de pouvoir se connecter, via une technologie Bluetooth, à une application. Cette dernière présenterait, d’après le jugement rendu par la cour fédérale de l’Illinois, un premier problème. Insufisamment sécurisée, elle permettrait, en effet, à qui se trouverait à faible portée du vibromasseur, d’en prendre le contrôle.
Des données sur la vie sexuelle des clients
Mais ce n’est pas tout. We-Vibe a également été condamné pour avoir collecté des données en disant long sur la vie sexuelle de ses clients, telles les températures captées par le jouet, ou son intensité de vibration. Une intrusion dans la vie (très) privée, dont les utisateurs n’auraient été, à aucun moment, informés. Elle n’avait été révélée qu’à l’occasion d’une conférence à la convention Def Con, en 2016…
Frank Ferrari, à la tête de la firme, avait alors expliqué au Guardian que tout cela ne servait qu’à améliorer le fonctionnement de l’appareil. Pas de quoi convaincre Follower et Goldfisk, deux hackeurs qui avaient lancé une iniative, baptisée « Private Play Accord ». Ils y demandaient à ce que les entreprises commercialisant des objets aussi intimes que des sextoys s’engagent à respecter une charte de standards concernant la vie privée, la transparence et la sécurité.
Une indemnisation variable
A la suite de la plainte collective déposée dans l’Illinois, les détenteurs du « modèle 4 » mis en cause pourront prétendre chacun à une indemnisation. Elle sera de 199 dollars pour ceux qui s’étaient contentés d’acheter l’objet. Ceux qui l’avaient connecté à l’application associée se partageront, eux, en fonction du nombre de requérants, les 4 millions d’amende versés.
Dans un communiqué transmis à la presse, Standard Innovation, la maison mère de We-Vibe a expliqué prendre le problème « au sérieux », et avoir d’ores et déjà amélioré ses produits. En donnant, par exemple, aux clients « la possibilité de choisir les données qu’ils partagent »...