F1 : premier Grand Prix pour Valtteri Bottas à Sotchi
F1 : premier Grand Prix pour Valtteri Bottas à Sotchi
Par Catherine Pacary
Le pilote finlandais de Mercedes remporte son premier Grand Prix sur son circuit préféré, au terme d’une course tactique, où le rôle des pneumatiques a été omniprésent.
Sotchi est son circuit favori, Valtteri Bottas l’a toujours dit. C’est ici, sur ce tracé qui entoure le stade olympique avant de se poursuivre en circuit urbain sur fond de sommets enneigés, que le pilote finlandais de Mercedes remporte, dimanche 30 avril, son premier Grand Prix, le 81e de sa carrière, mais seulement le 4e depuis qu’il a rejoint l’écurie dirigée par Toto Wolff.
Tout s’est joué dans l’immense ligne droite qui caractérise le départ de la course russe. Peut-être est-ce ce tronçon que Valtteri apprécie particulièrement ? C’est en tout cas sur cette portion de piste d’un peu plus d’un kilomètre qu’il a fait la différence.
Par surprise. On l’attendait il y a quinze jours, quand il a décroché sa première pole position, mais pas ce dimanche, alors que, pour la première fois depuis 2008, les Flèches d’argent étaient reléguées en deuxième ligne, derrière les Ferrari respectives de Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen. Le Grand Prix s’est joué dans ces 1 000 mètres, qui ont vu le Finlandais et son coéquipier Lewis Hamilton doubler les voitures rouges avant que le Britannique ne cède deux places ; Bottas appuyait sur les freins et virait en tête au premier virage, position qu’il n’allait plus quitter – à l’exception de quelques tours juste après son entrée aux stands – devant Vettel et Räikkönen. Le podium d’arrivée est là.
Abandon d’Alonso avant le départ
Mais bien malin celui qui s’en doute à ce moment, tant les événements s’enchaînent rapidement. C’est tout d’abord l’abandon de Fernando Alonso lors des tours de chauffe, le volant de sa McLaren ne parvenant pas à fonctionner. L’Espagnol le jette de rage dans son cockpit avant de rejoindre les paddocks à pied. Ce qui fait dire aux mauvaises langues qu’il pourra ainsi rejoindre plus tôt Indianapolis, où il doit courir, le 28 mai, les 500 Miles. Côté motoriste, ce quatrième abandon en quatre courses n’a pas empêché Sauber de confirmer dans la matinée que Honda équipera ses monoplaces dès 2018.
Double départ donc à Sotchi et premier accrochage au virage 3 entre la Renault de Jolyon Palmer, à l’extérieur, et la Haas de Romain Grosjean à l’intérieur, chacun estimant que c’était à l’autre de se pousser – les commissaires jugeront. Puis, c’est au tour du jeune Lance Stroll (Williams) de partir semble-t-il tout seul en tête-à-queue. Une demande d’informations est déposée.
Au 3e virage du premier tour, la Haas de Romain Grosjean file dans le mur. Marcus Ericsson (Sauber) l’évite. | Sergei Grits / AP
Le 5e tour enfin enregistre l’ultime et quatrième abandon de la course, avec l’arrêt aux stands de Daniel Ricciardo (Red Bull). Il avait réclamé, en vain, plus de freins, qui rappelons-le sont totalement contrôlés par l’informatique. Les cages de protection semblent avoir pris feu… Deuxième abandon donc pour l’Australien en quatre courses, contre aucun l’an dernier, ce qui souligne la faiblesse des Red Bull cette saison. « Nous régressons par rapport à 2016 », avait-il déclaré la veille à l’issue des qualifications.
Seuls au monde
Entre les cinq premiers tours, décisifs, et le suspens haletant des cinq derniers, un entre-deux tactique va s’installer sur l’autodrome de Sotchi pendant plus d’une heure. Dans les stands Mercedes, Toto Wolff reste concentré. Certes, c’est une de « ses » voitures qui mène, mais Lewis Hamilton perd de l’énergie, dénonce des problèmes de surchauffe.
Fait étrange, en piste, les caméras embarquées montrent que chacun des quatre pilotes de tête court en solitaire, comme seul au monde, sans visibilité sur le pilote qui le précède. La faute en partie aux pneumatiques, dont l’usure rapide contraint les pilotes à rouler à l’économie, comme à Bahreïn, mais surtout comme les trois dernières saisons.
Lewis Hamilton (Mercedes) passe devant les tribunes bondées, dans un pays, la Russie, où la formule 1 est très populaire. | Sergei Grits / AP
Trente tours à tirer des plans sur la comète sur le changement des pneus ultra ou super tendres Pirelli, sur leur usure prématurée, visible aux traces de « blistering », ces bandes de cloques en formation qui provoquent un sous-virage. A mi-course, le dépassement des premiers retardataires et la stratégie d’entrée aux stands accentuent le côté tactique de la course : les voies d’accès aux stands sont particulièrement longues à Sotchi.
Puissance maximum
Stratégie ultime ? Autour du 45e tour, Mercedes autorise Valtteri Bottas à utiliser sa puissance maximum – une configuration à haut risque – alors que Lewis Hamilton ne court plus pour la victoire. Une ruse payante qui permet au Finlandais de résister aux assauts de la Ferrari de Sebastian Vettel. Ce dernier met une pression inédite sur le Finlandais, battant le record du tour en course, et offre un réel suspens aux spectateurs venus en masse dans les tribunes.
« C’était son jour », a simplement commenté ce dernier à propos de Valtteri Bottas, souriant à l’arrivée malgré sa 2e place. A 27 ans, Bottas rejoint Keke Rosberg et Mika Häkkinen au panthéon des pilotes finlandais vainqueurs d’un Grand Prix. Peu osaient y croire à l’intersaison, alors que Lewis Hamilton apparaissait inaccessible à beaucoup. Un Bottas qui a eu peu de temps pour s’adapter à l’écurie allemande, remplaçant Nico Rosberg, parti précipitamment en retraite mi-décembre. « Je peux battre Lewis Hamilton », déclarait alors le Finlandais. Il l’a fait. Lewis reste, lui, pour la première fois en neuf Grand Prix au pied du podium.
Classement
Classement général officieux du Grand Prix de Russie, quatrième manche du championnat du monde de formule 1, du dimanche 30 avril.
1. Valtteri Bottas (FIN/Mercedes) les 304,000 km en 1 h 28 min 8 s 743’.
2. Sebastian Vettel (GER/Ferrari) à 0 s 617’.
3. Kimi Räikkönen (FIN/Ferrari) à 11 s 000’.
4. Lewis Hamilton (GBR/Mercedes) à 36 s 320’.
5. Max Verstappen (NED/Red Bull-TAG Heuer) à 1 min 00 s 416’.
6. Sergio Pérez (MEX/Force India-Mercedes) à 1 min 26 s 788’.
7. Esteban Ocon (FRA/Force India-Mercedes) à 1 min 35 s 004’.
8. Nico Hülkenberg (GER/Renault) à 1 min 36 s 188’.
9. Felipe Massa (BRA/Williams-Mercedes) à 1 tour.
10. Carlos Sainz Jr (ESP/Toro Rosso-Renault) à 1 tour.
11. Lance Stroll (CAN/Williams-Mercedes) à 1 tour.
12. Daniil Kvyat (RUS/Toro Rosso-Renault) à 1 tour.
13. Kevin Magnussen (DEN/Haas-Ferrari) à 1 tour.
14. Stoffel Vandoorne (BEL/McLaren-Honda) à 1 tour.
15. Marcus Ericsson (SWE/Sauber-Ferrari) à 1 tour.
16. Pascal Wehrlein (GER/Sauber-Ferrari) à 2 tours.