Des associations se sont plaintes, jeudi 1er juin, des « entraves répétées » et de la violence des forces de l’ordre à l’encontre des migrants dans le Calaisis, ce qu’a pu constater un journaliste de l’AFP lors d’une distribution alimentaire empêchée. « Nous constatons et dénonçons une chasse à l’homme, des violences policières illégitimes, du harcèlement des réfugiés ainsi que des entraves aux distributions alimentaires », a affirmé François Guennoc, porte-parole de L’Auberge des migrants, lors d’une conférence de presse à Calais.

L’association, qui a écrit au président Macron pour « faire cesser » ces violences concernant aussi des mineurs, dénonce le fait que régulièrement « des duvets sont gazés ou confisqués et des coups de matraque donnés à des réfugiés pour leur faire comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus dans la région ». La préfecture du Pas-de-Calais souligne, quant à elle, qu’« aucune plainte pour violences policières à l’encontre de migrants n’a été déposée » et que « l’action de la police s’effectue bien entendu dans le respect du droit ».

« Tous les matins, on voit leurs brûlures au visage ou leurs contusions sur le corps, elles ne viennent pas de nulle part », détaille Yann Manzi, de Utopia56. S’appuyant sur plusieurs témoignages, les associatifs ont également expliqué qu’il était difficile pour ces réfugiés de porter plainte : « Ces jeunes ont peur de la police, de témoigner et de laisser leur identité, comme dans leur pays », affirme M. Guennoc.

Les associations estiment entre 400 et 450 le nombre de migrants présents dans le Calaisis, « obligés de se cacher le jour en restant sans cesse mobiles ». Les humanitaires gardent cependant espoir que la situation change avec la nouvelle majorité. « M. Macron avait donné des signes positifs » pendant la campagne présidentielle « mais on aimerait bien en voir la couleur », a ajouté M. Manzi.

« Pressions indignes »

Les bénévoles ont également dénoncé les entraves et « pressions indignes » à leur égard. « En limitant dans le temps ou en interdisant arbitrairement les distributions, en exerçant des contrôles d’identité inutiles et en verbalisant les véhicules, on nous empêche de faire notre travail d’humanitaire pour aider des gens en détresse », selon M. Guennoc.

Les distributions de repas, organisées dans des points précis deux fois par jour, sont constamment encadrées par les forces de l’ordre mais désormais en sursis : depuis mercredi, les CRS empêchent celles du midi. A quelques centaines de mètres de l’ancienne « jungle », dans une zone industrielle presque déserte, un cordon de CRS empêchait jeudi une cinquantaine de migrants d’accéder aux deux camions des bénévoles, désemparés, a constaté le journaliste de l’AFP.

« Le soleil tape fort, il fait près de 30 degrés et on nous interdit ne serait-ce que de leur distribuer une bouteille d’eau. C’est inhumain », s’exclame Mireille de Salam. La justice avait pourtant annulé le 22 mars les arrêtés municipaux tentant d’interdire ces distributions. « Il y a une entrave à la circulation, voyez avec l’autorité préfectorale », répond un CRS à un bénévole.

Le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry rappelle à l’AFP que « depuis le démantèlement du camp de la Lande de Calais, l’objectif des pouvoirs publics est d’éviter la formation de nouveaux camps permanents sur Calais, afin de préserver l’ordre public et assurer la sécurité, tant de la population calaisienne que des migrants eux-mêmes ». De même, « les distributions de repas ne doivent pas conduire à la reconstitution de points de fixation » et sont donc « limitées dans l’espace et dans le temps », ajoute le préfet Sudry.

Une vingtaine de migrants ont érigé un barrage enflammé constitué de branchages sur l’A16 non loin de Calais dans la nuit de mercredi à jeudi, le premier de ce type depuis le démantèlement de la « jungle » en octobre, a-t-on appris auprès de la préfecture jeudi.