Mondial 2018 en Russie : des travailleurs « exploités » sur les chantiers
Mondial 2018 en Russie : des travailleurs « exploités » sur les chantiers
Le Monde.fr avec AFP
Selon l’ONG internationale Human Rights Watch, les ouvriers chargés de la construction des stades sont victimes « d’abus et d’exploitation ».
Les ouvriers chargés de la construction des stades du Mondial 2018 en Russie sont victimes « d’abus et d’exploitation », a rapporté, mercredi 14 juin, l’organisation non gouvernementale internationale Human Rights Watch (HRW).
HRW dit avoir visité sept chantiers de stades devant accueillir le Mondial et constaté des irrégularités sur six d’entre eux, notamment des « salaires non payés ou des retards de salaires de plusieurs mois, du travail par des températures descendant à – 25 degrés Celsius sans protections suffisantes ou l’incapacité des employeurs à fournir des contrats de travail légaux » aux ouvriers.
« La FIFA n’a pas encore montré qu’elle peut efficacement surveiller, empêcher et remédier à ces problèmes », dénonce Jane Buchanan, directrice de HRW pour l’Europe et l’Asie centrale, dans le rapport publié mercredi. HRW, qui cite les chiffres de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), précise que 17 ouvriers sont morts sur les chantiers des stades de la Coupe du monde.
« Une atmosphère d’intimidation et de suspicion »
L’ONG dénonce aussi « les rapports crédibles » concernant l’emploi d’ouvriers nord-coréens « travaillant de longues journées avec peu de jours de congé » sur le chantier du stade de Saint-Pétersbourg.
La FIFA avait affirmé que plus aucun ouvrier nord-coréen ne travaillait sur le chantier du Saint-Pétersbourg, mais « n’a rendu publique aucune information sur les mesures prises pour protéger ou aider ces travailleurs », regrette HRW.
« Les travailleurs interrogés par Human Rights Watch ont invariablement dit qu’ils avaient peur de parler de ces abus, craignant des représailles de leurs employeurs », ajoute l’organisation.
Tout en signalant « une atmosphère d’intimidation et de suspicion », l’organisation précise qu’un de ses membres a été interpellé en avril 2017 à Volgograd, dans le sud de la Russie, alors qu’il cherchait à rencontrer des ouvriers travaillant sur le chantier de ce stade. Il a été libéré après plusieurs heures d’interrogatoire, ajoute HRW.
A Kaliningrad (ouest), des ouvriers qui voulaient se plaindre de leurs conditions de travail à une délégation de la FIFA en ont été empêchés par les agents de sécurité, qui ont aussi forcé des travailleurs migrants à rester dans leurs dortoirs durant la visite de la délégation, selon le rapport.
Douze stades dans onze villes différentes accueilleront le Mondial de football en Russie, du 14 juin au 15 juillet 2018.