TV : « Casual », une famille très sexuelle
TV : « Casual », une famille très sexuelle
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Les neuf premiers épisodes de la saison 3 de la série créée par Zander Lehmann montrent que cette dernière est meilleure que la précédente (sur Canal+ Séries à 23 h 20).
Casual Season 3 Official Trailer (VO)
Les deux séries familiales nord-américaines « feel good » du moment sont This Is Us, créée par Dan Fogelman, et Casual, de Zander Lehmann. Après une deuxième diffusion par le Groupe Canal+ (Canal+ après Canal+ Séries), la première saison de This Is Us confirme qu’elle est un mélodrame larmoyant qui plaît d’autant plus à un large public que les identifications qu’elle propose au téléspectateur sont multiples et d’une bien-pensance à l’irritante facilité.
En revanche, le trio composé, dans les trois saisons de Casual, par Alex (Tommy Dewey), sa sœur Valerie (Michaela Watkins) et Laura, la fille (Tara Lynne Barr) de cette dernière, est infiniment plus riche, plus subtil et, surtout, beaucoup plus dérangeant dans ses comportements libertaires : à part le frère (qui jusqu’à maintenant reste inflexiblement hétérosexuel et n’a tenté qu’un « plan à trois », mais non triangulaire), les deux femmes sont tentées par la relation avec une personne de même sexe.
Les allers-retours temporels de This Is Us finissaient par agacer et semblaient une manière de délayer le récit, dès lors que l’immense succès de sa première saison a conduit la chaîne NBC à en commander immédiatement deux autres ; le récit de Casual, qui continue calmement et linéairement sa progression, ne pratique pas les coups de théâtre et les ficelles trop attendus mais parvient, grâce au développement par petites touches de son propos, lui aussi, mais de manière autrement convaincante, à offrir des points d’identification multiples.
CASUAL -- "Rat King" Episode 307 -- Rae’s discovery of a rat in the bathroom sparks a hunt through Alex’s house. Leon and Leia’s relationship escalates. From left, Alex (Tommy Dewey), Rae (Maya Erskine) and Valerie (Michaela Watkins), shown. (Photo by: Greg Lewis/Hulu) | Lionsgate / Hulu
L’agaçant rôle d’homme-enfant trentenaire incarné par Tommy Dewey trouve un renouvellement bienvenu en ce qu’il est mis à l’épreuve dans sa vie professionnelle et… sexuelle : Alex en pince pour une collègue de travail (qui se trouve être aussi la directrice des relations humaines de la start-up où ce trentenaire fait presque office de vieux…). Mais, une fois au lit, l’expression de sa libido est en panne…
Valerie, psychanalyste de métier mais toujours psychologiquement aux abois à la suite de son divorce, continue ses galipettes d’un soir où il lui arrive de se comporter comme le font beaucoup d’hommes amateurs de rencontres « Kleenex » – plus élégamment dites « sans lendemain » (casual sex, « sexualité libre », en anglais – d’où le titre).
Mais elle retrouve Jack (Kyle Bornheimer), un amant croisé au cours de la précédente saison, avec lequel elle semble pouvoir faire la paire et découvre des secrets familiaux assez bouleversants. Laura, sa fille, qui, encore mineure, avait déjà en elle une sorte de cynisme badin qui la protégeait de sa sexualité précoce et incertaine, tombe amoureuse (d’une femme).
Casual Series Trailer
On ne dira pas que la saison 3 de Casual est ce qu’on a vu de plus accompli ces derniers mois dans le domaine de la série, loin de là. Mais si certaines scènes, voire certains épisodes dans leur entier, peuvent ennuyer, son tempo réussit, avec de petits riens finement ressentis et des dialogues joliment écrits, à soutenir l’intérêt.
Les dix premiers épisodes des treize que compte cette saison 3 de Casual, diffusée par Canal+ Séries depuis le 24 mai (24 heures après la diffusion aux Etats-Unis), assurent en tout cas qu’elle est meilleure que la précédente. Une quatrième saison n’a à ce jour pas été confirmée par le site de visionnage à la demande Hulu. On dira cependant qu’elle ne nous paraît pas indispensable.
« Casual », saison 3, série créée par Zander Lehmann. Avec Michaela Watkins, Tommy Dewey, Tara Lynne Barr, Nyasha Hatendi… (EU, 2016, 13 × 26 min).