Dans les Antilles françaises, la population fébrile à l’approche d’Irma
Dans les Antilles françaises, la population fébrile à l’approche d’Irma
La Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont été placées en alerte rouge alors que l’ouragan, déjà en catégorie 5, s’amplifie encore.
Le 5 septembre à Grand-Case, sur l’île de Saint-Martin. / LIONEL CHAMOISEAU / AFP
L’alerte rouge est déclenchée depuis la mi-journée de ce mardi 5 septembre par la préfecture de Guadeloupe. Sont concernés l’archipel guadeloupéen, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Les salariés sont priés de renter chez eux. Toutes les entreprises ferment. Seuls les services de secours et d’intervention restent sur le qui-vive. Quelques conducteurs s’impatientent dans les stations-service encore ouvertes pour faire le plein.
L’aéroport international Pôle caraïbes a prévu de fermer en fin de journée. Les derniers vols sont partis en fin de matinée, les autres ont été annulés. Les compagnies ont rivalisé de communiqués de presse pour sensibiliser les passagers. Les navettes maritimes ont aussi annulé toutes leurs rotations entre les îles de l’archipel et avec la Martinique.
Les messages de sensibilisation tournent sur les radios et les télévisions. Les vents violents sont attendus à Marigot (Saint-Martin) et Gustavia (Saint-Barthélemy). Des vents qui pourraient aller, en rafales, jusqu’à 250 kilomètres heures. La Guadeloupe, elle, sera plus concernée par les houles. Elles sont prévues entre 8 et 10 mètres de haut. Ces énormes vagues qui peuvent vous écraser ou vous emporter en quelques secondes. Des lames qui creusent le sol et cassent le béton comme des brindilles. Sans compter les fortes pluies qui peuvent provoquer d’importantes inondations.
Evacuations ordonnées
Un peu plus tôt dans la journée de mardi, les communes ont appliqué les consignes de sécurité édictées par les services de l’Etat. La tempête va toucher de plein fouet Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Irma c’est un monstre : l’ouragan, qui a déjà atteint la catégorie maximale (5) sur l’échelle Saffir-Simpson, s’amplifie encore. Des évacuations ont été ordonnées surtout concernant les habitations sur le littoral.
Haut-parleurs sur le toit de la voiture de la police municipale, Nita Cérol, l’adjointe au maire chargée de la sécurité à Capesterre-Belle-Eau lance les messages d’évacuation. Avec ses alertes, elle sillonne les sites dangereux. Capesterre-Belle-Eau, commune de la côte au vent de la Basse-Terre, est particulièrement exposée à la houle cyclonique.
Mais il est difficile parfois de convaincre les résidents d’abandonner sa maison. En Grande-Terre, la houle est aussi redoutée. Laurent Bernier, le maire de Saint-François a fermé la route de la pointe des Châteaux, qui mène aux plages, très prisée par les touristes.
Le 5 septembre, à Orient Bay, sur l’île de Saint-Martin. / LIONEL CHAMOISEAU / AFP
Fébrilité et inquiétude règnent au sein de la population. Depuis l’annonce du passage de ce phénomène hors normes, les Guadeloupéens se préparent. Les quincailleries et autre grandes surfaces de bricolages ont été prises d’assaut. Se calfeutrer, éviter que les vents n’emportent les toits. Se faire des réserves en eau et en vivres. S’approvisionner en piles électriques pour alimenter les lampes-torches et les transistors. Les coupures d’électricités sont probables.
Œil du cyclone
Irma est, selon les services de Météo France, un phénomène inédit dans l’histoire des petites Antilles : c’est la première fois qu’un cyclone de catégorie 5 va aborder les côtes. Le dernier ouragan majeur en date remonte au 17 septembre 1989 : Hugo était alors classé en catégorie 4 lorsqu’il avait abordé les côtes de la Guadeloupe, occasionnant plusieurs millions d’euros de dégâts. Hugo a aussi laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective laissant sur son passage de nombreux sinistrés.
Si les Guadeloupéens sont prêts à affronter les rafales d’Irma, l’œil du cyclone devrait passer directement sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy, selon les prévisionnistes. Et la situation dans ces deux îles s’annonce plus compliquée. D’ailleurs le gouvernement a déjà missionné un détachement de la sécurité civile depuis Paris : une soixantaine d’hommes rompus aux situations extrêmes. Ils sont équipés pour intervenir dans les premières heures après le passage de l’ouragan. Le COD, le centre opérationnel départemental est activé en préfecture à Basse-Terre. Le nouveau préfet, Eric Maire, gère la situation. Il a pris ses fonctions lundi.