Réouverture d’un port et d’un aéroport pour l’aide humanitaire au Yémen
Réouverture d’un port et d’un aéroport pour l’aide humanitaire au Yémen
La coalition dirigée par l’Arabie saoudite impose un blocus complet au Yémen depuis le 4 novembre, alors que le pays est menacé par « la plus grande famine » de ces dernières décennies.
Pour l’ONG Save the Chlidren, la coalition doit aussi autoriser les importations commerciales pour enrayer le risque de famine. / ABDO HYDER / AFP
La coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen a annoncé, mercredi 22 novembre, la réouverture du port de Hodeida et de l’aéroport de Sanaa pour l’aide humanitaire, à la suite des appels pressants de l’ONU visant à faciliter la reprise des opérations de secours dans le pays en guerre.
La réouverture du port de Hodeida et de l’aéroport de Sanaa sera effective jeudi à midi, heure locale, a précisé la coalition dans un communiqué publié par l’agence officielle saoudienne SPA.
« Pire crise humanitaire de la planète »
Selon l’ONU, le pays connaît « la pire crise humanitaire de la planète », avec un conflit qui a fait plus de 8 750 morts et 50 600 blessés, dont de nombreux civils, selon l’Organisation mondiale de la santé, depuis l’intervention de la coalition militaire arabe en mars 2015.
La coalition, sous commandement saoudien, était intervenue au Yémen pour stopper la progression des rebelles yéménites Houthis face aux forces gouvernementales. Le 4 novembre 2017, elle a imposé un blocus total au Yémen après le tir d’un missile balistique par les rebelles – qui contrôlent Hodeida et Sanaa – en direction de l’Arabie saoudite. L’engin avait été intercepté au-dessus de l’aéroport international de Ryad.
L’ONU a annoncé mercredi qu’elle avait été informée par les autorités saoudiennes de la réouverture décidée pour jeudi des ports yéménites de Hodeida et de Saleef ainsi que de l’aéroport de Sanaa. La coalition a souligné, dans son communiqué mercredi, sa volonté d’« alléger les souffrances du peuple yéménite ».
Le 9 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU avait réclamé à la coalition sous commandement saoudien la fin du blocus imposé au Yémen, menacé par « la plus grande famine » de ces dernières décennies.
Les 15 pays membres du Conseil avaient exprimé leur inquiétude devant la « situation humanitaire catastrophique » et avaient souligné l’« importance de garder tous les ports et aéroports du Yémen en état de fonctionnement ».
« Insuffisant pour éviter la famine »
« Nous suivons ces développements sur le terrain pour vérifier si cela se fera », a ajouté le porte-parole Farhan Haq au siège de l’ONU à New York. « Bien sûr, si c’est bien le cas, ce serait un développement très bienvenu et d’une importance capitale », a-t-il souligné.
L’ONG Save the Children a salué de son côté « les informations faisant état d’une réouverture à partir de demain du port de Hodeida et de l’aéroport de Sanaa à l’accès humanitaire ». Elle a cependant jugé que cette mesure « n’était désormais plus suffisante pour empêcher une famine potentielle au Yémen ».
« Des aides cruciales en nourriture, carburant et médicaments ont été refoulées depuis plus de deux semaines, enfonçant encore plus le pays dans la crise », souligne Save the Children. L’ONG souligne également que « l’aide humanitaire ne constituait qu’une petite partie des produits de première nécessité pour le Yémen », et réclame l’ouverture du port de Hodeida aux importations commerciales « cruciales pour nourrir la population et pour le maintien des services de base ».
« Si le port de Hodeida, qui d’ordinaire traite 80 % des importations du Yémen, n’est pas ouvert aux importations, cela entraînera probablement famine et arrêt des services de base, d’eau et d’assainissement », prévient Save the Children.
La coalition a appelé mercredi l’ONU à envoyer des équipes pour renforcer le mécanisme de vérification des cargaisons qui transitent par le grand port de Hodeida, sur la mer Rouge, afin d’empêcher l’introduction clandestine d’armes en faveur des rebelles yéménites, accusés de liens avec l’Iran.