Sous la pression des manifestants, le ministre pakistanais de la justice démissionne
Sous la pression des manifestants, le ministre pakistanais de la justice démissionne
Le Monde.fr avec AFP
Des milliers de manifestants, appartenant au groupe religieux TLYRAP, bloquent depuis le 6 novembre un axe stratégique menant à Islamabad.
Le ministre pakistanais de la justice Zahid Hamid a présenté sa démission, se pliant à l’une des revendications des manifestants islamistes qui bloquent la principale autoroute d’accès à Islamabad depuis trois semaines, ont rapporté, lundi 27 novembre, des médias d’Etat.
« [Il] a présenté sa démission au premier ministre, Shahid Khaqan Abbasi, pour conduire le pays hors de la crise », affirme l’agence de presse APP, citant des sources officielles. Une information également rapportée par la télévision d’Etat PTV. APP précise que le ministre a pris cette décision « volontairement pour mettre un terme à la situation de crise dans le pays » et se prépare à faire une déclaration détaillée ultérieurement.
Entre 2 000 et 3 000 manifestants, qui appartiennent à un groupe religieux peu connu, le Tehreek-i-Labaik Yah Rasool Allah Pakistan (TLYRAP), campent depuis le 6 novembre sur le pont autoroutier conduisant à la capitale. Après des semaines de négociations infructueuses, une tentative des forces de l’ordre de les déloger à coups de gaz lacrymogène, samedi, avait échoué, faisant sept morts et plus de 200 blessés, ce qui avait provoqué l’extension de la contestation dans plusieurs autres villes du pays.
La formulation d’un serment en cause
Les manifestants exigeaient la démission du ministre après une polémique au sujet d’un amendement qu’ils lient à la très controversée loi sur le blasphème.
L’amendement en cause ne visait pas à modifier sur le fond cette loi, mais comprenait une légère modification d’une formulation du serment prononcé par les candidats à des élections, dans lequel ils reconnaissent que Mahomet est le dernier prophète. Une modification advenue par inadvertance, selon le gouvernement, qui l’a rapidement annulée au moyen d’un nouvel amendement.
Mais les fondamentalistes du mouvement y ont vu une tentative d’infléchir la loi pour permettre aux Ahmadis, une secte persécutée de longue date, de prêter serment. Les Ahmadis, une branche de l’Islam non reconnue officiellement, croient que Mahomet n’est pas le dernier des prophètes. Trois d’entre eux ont été condamnés à mort mi-octobre pour blasphème.