Jazz vocal et expériences pop : notre sélection musicale
Jazz vocal et expériences pop : notre sélection musicale
Chaque lundi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » un choix de concerts, de festivals, de clips…
Le groupe Nada Surf sera en tournée en France du 3 au 11 février. / LAURA MUSSELMA / CC BY-SA 3.0
LES CHOIX DE LA MATINALE
Des concerts de jazz à Paris, un festival avant-gardiste à Saint-Ouen et la tournée de Nada Surf en France. Voici nos coups de cœur de la semaine.
DEUX CONCERTS :
- Gil Evans Paris Workshop, au Sunside, à Paris, le 16 janvier
Gil Evans Paris Workshop/Laurent Cugny : Lilia (Milton Nascimento)
Durée : 07:16
Dans notre choix des cinq albums préférés publiés en 2017, c’est un double CD, Spoonful (Jazz & People), du Gil Evans Paris Workshop dirigé par le pianiste Laurent Cugny, qui était en tête. La formation fait vivre de temps à autre son répertoire sur scène, comme cela sera le cas au Sunside, à Paris, mardi 16 janvier – sont aussi annoncés, au même endroit, des concerts les 13 mars et 1er mai.
Un répertoire qui mêle des compositions de Cugny, de membres du big band et de compositeurs de l’histoire du jazz et de musiques proches (la fratrie Gershwin, Django Reinhardt, Milton Nascimento…), de Gil Evans (1912-1988) et des arrangements que le compositeur, chef d’orchestre, arrangeur et pianiste avait écrits sur des thèmes de Jelly Roll Morton, Willie Dixon, Charles Mingus et George Russell notamment. Avec les sections de saxophones et trompettes, deux trombones, un cor anglais, une flûte, de la clarinette et un tuba apportent, dans la manière de Gil Evans, de riches couleurs, des atmosphères soyeuses. Sylvain Siclier
Sunside, 60, rue des Lombards, Paris 1er. Mo Châtelet. Tél. : 01-40-26-46-60. Mardi 16 janvier, à 21 heures. 25 €.
- The Glossy Sisters, Camille Bertault, Sandra Nkaké et Lisa Simone, au Trianon, à Paris, le 20 janvier
Lisa Simone sur l’affiche du festival du mensuel « Jazz Magazine ». / DR
Pour la troisième année consécutive, le mensuel Jazz Magazine, en collaboration avec la structure All That Jazz, organise un festival. Lequel est consacré aux voix féminines le temps d’une soirée. Dans la belle salle du Trianon, à Paris, se succéderont ainsi, samedi 20 janvier, le trio The Glossy Sisters, dans la tradition des formations vocales swing, Camille Bertault, pour laquelle le magazine titrait récemment qu’elle est une « future grande » du jazz, Sandra Nkaké, qui apporte au genre sa connaissance de la soul music, et Lisa Simone, dans l’héritage artistique de sa mère, Nina Simone, tout en développant une identité propre, en particulier par la sûreté de son phrasé. S. Si.
Le Trianon, 80, bd de Rochechouart, Paris 18e. Mo Anvers. Tél. : 01-44-92-78-00. Samedi 20 janvier, à 18 heures. De 60 € à 85 €.
UN FESTIVAL : MOFO, à Mains d’œuvres, à Saint-Ouen, du 18 au 20 janvier
Affiche du festival MOFO, à Mains d’œuvres. / DR
En dépit de menaces pesant, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), sur le laboratoire culturel de Mains d’œuvres, dont le bail pourrait ne pas être renouvelé, le festival MOFO y tiendra, pour la quatorzième fois, ses quartiers, à l’avant-garde des expériences pop. Difficile, en effet, de trouver programmation plus prospective dans l’univers sans compromission de l’autonomie artistique et de l’indépendance discographique.
La soirée d’ouverture, le 18 janvier, sera placée sous le signe d’étranges voyages et rêveries, avec les paysages électro-folk-ambient dessinés par Etienne Jaumet, Emmanuelle Parrenin et Eat Gas, le violon hanté de Tamara Goukassova (ex-Konki Duet), l’orgue du pionnier électro nigérien Mammane Sani ou le jazz minimaliste de Limousine. L’hypnose urbaine dominera le lendemain, avec, par exemple, le krautrock berlinois de Camera, la techno punk des Anglais de Giant Swan ou les élans psyché de Noyades, avant une prime à la délicatesse, le 20 janvier, avec le Mancunien Francis Lung (ex-Wu lyf), la psychotronica de DBFC, les déambulations gainsbouriennes de Cliché ou le crooning enfumé de Lonely Band. Stéphane Davet
Festival MOFO, à Mains d’œuvres, 1 rue Charles-Garnier, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Tél. : 01-40-11-25-25. Du 18 au 20 janvier, à 19 heures. 15 €; forfait 3 jours : 45 €.
UN VIDÉO CLIP : « Everybody’s Coming To My House », de David Byrne
David Byrne - Everybody's Coming To My House
Durée : 03:30
Ce n’est pas vraiment un hasard si le titre du nouvel album solo de David Byrne, American Utopia, résonne avec celui de son plus brillant disciple, LCD Soundsystem, American Dream, paru en septembre. Inutile de rappeler que le contexte politique aux Etats-Unis s’y prête… Et tout comme James Murphy en 2016, l’ex-meneur des Talking Heads, 64 ans, opère aussi cette année son grand retour, quatorze ans précisément après son précédent album solo. « Le titre n’est pas ironique, déclare David Byrne. Je n’ai pas de prescriptions ou de réponses sûres, mais je sens que je ne suis pas le seul à demander, à me demander et à conserver un tout petit peu d’espoir tout en refusant de céder au désespoir et au cynisme. Ce n’est pas facile mais la musique aide. »
L’album, attendu pour le 4 mars sur le label Nonesuch/WEA, a été conçu en partie avec son vieux complice britannique Brian Eno, jadis producteur des Talking Heads, sans omettre leur fameuse collaboration My Life in The Bush of Ghosts (1981). Il y a matière à se réjouir, d’autant que le premier extrait, Everybody’s Coming To My House, distille un groove qui semble toujours avoir un temps d’avance, en nouant audacieusement cuivres, percussions et textures électro urbaines. Le titre s’accompagne d’un clip d’animation en noir et blanc, réalisé par le vidéaste Robert Edridge-Waks à partir de portraits de l’auteur de Once in a Lifetime. Franck Colombani
UNE TOURNÉE : Nada Surf, en France, du 3 au 11 février
DR
L’amour, toujours l’amour… Nada Surf n’a jamais cessé de transmettre l’espoir de ce message universel dans ses chansons à la verve power pop contagieuse. En 2002, le trio américain sortait son troisième album, Let Go, qui lui a permis de rompre avec son étiquette « grunge », grâce à des compositions plus calmes et finement ciselées, dont quelques titres (Inside of Love, Blonde on Blonde, Happy Kid…) devenus sur scène des classiques de leur répertoire.
Quinze ans plus tard, le désormais quatuor emmené par le chanteur francophile Matthew Caws interprétera son album charnière dans son intégralité, lors d’une tournée qui passera en février par la France, avec pas moins de huit dates : le 3 février à Lille (L’Aéronef), le 4 à La Rochelle (La Sirène), le 5 à Paris (Cabaret Sauvage), le 6 à Angers (Le Chabada), le 8 à Strasbourg (La Laiterie), le 9 à Lyon (L’Épicerie Moderne), le 10 à Six-Fours-Les-Plages (Espace Culturel André Malraux) et le 11 à Toulouse (Le Bikini).
Parallèlement, un disque hommage, intitulé Standing At The Gates : The Songs of Nada Surf’s Let Go (Mardev Records), paraîtra le 2 mars, constitué des reprises du fameux album par quelque orfèvres pop tels que Aimee Mann, Ed Harcourt, Rogue Wave… Une forme de consécration amplement méritée. F. C.