La crise catalane pourrait coûter à l’Espagne son statut de « démocratie pleine »
La crise catalane pourrait coûter à l’Espagne son statut de « démocratie pleine »
Le Monde.fr avec AFP
Le pays a chuté dans le rapport annuel d’un influent centre de réflexion britannique et pourrait être rétrogradé au rang de « démocratie imparfaite ».
Des manifestants appelant au respevt de la démoctatie aux abords du Parlement catalan, à Barcelone, le 30 janvier. / JOSEP LAGO / AFP
L’Espagne pourrait être rétrogradée au rang de « démocratie imparfaite » en raison de sa gestion de la crise catalane, selon le rapport annuel d’un influent centre de réflexion britannique.
La note du pays au classement « The Economist Intelligence Unit » (EIU), cité en exemple devant le Forum de Davos par le roi Felipe VI pour défendre la solidité de la démocratie espagnole, est passée de 8,30 à 8,08.
Pour l’EIU, ce recul est dû à la tentative du gouvernement de Madrid « d’empêcher par la force le référendum illégal sur l’indépendance de la Catalogne le 1er octobre et son traitement répressif des personnalités politiques indépendantistes ».
L’Espagne reste de justesse dans la catégorie des « démocraties pleines », comprenant les pays obtenant une note supérieure à huit, mais elle pourrait en rejoindre en 2018 les rangs des « démocraties imparfaites » (note entre 6 et 8).
Des chefs d’accusations « archaïques »
Le pays a vécu à l’automne le paroxysme de sa pire crise politique en 40 ans de démocratie, quand les indépendantistes catalans ont organisé un référendum d’autodétermination qui a été interdit par la justice et émaillé de violences policières dont les images ont fait le tour du monde. Le gouvernement central dirigé par le conservateur Mariano Rajoy a toujours assuré agir simplement pour faire respecter la loi et la Constitution.
Ce « légalisme exacerbé pour répondre à ce qui est essentiellement une question démocratique ou pour refuser un vote démocratique » n’est « pas vraiment la marque d’un gouvernement qui chérit pour de bon la démocratie et veut l’étendre », fait valoir Joan Hoey la responsable de la branche européenne du EIU.
Le rapport dénonce également les poursuites pour « rébellion » et « sédition », engagées contre des dirigeants séparatistes dont quatre sont toujours en détention provisoire.
« A notre époque, dans une démocratie moderne, voir des élus être poursuivis pour des chefs d’accusation qui semblent pour le moins archaïques (…) ne semble pas aller dans le sens de classer l’Espagne comme démocratie pleine. »
L’indice de l’EIU est fondé sur cinq thématiques : processus électoraux et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement de l’Etat, participation politique, et culture politique. En fonction de leur note, les pays sont catégorisés comme « démocratie pleine », « démocratie imparfaite », « régime hybride » ou « régime autoritaire ». La Norvège est la mieux classée tandis que la Corée du Nord est tout en bas du classement.