L’affaire est-elle dans le sac ? « La valeur moyenne du Kelly a été multipliée par six en 10 ans, celle du Constance par neuf », affirme posément Jérôme Lalande. L’expert du site Collector Square parle de sacs à main vintage de marque Hermès. Et il ne s’arrête pas là : « le 2.55 Chanel a pris 70 % en six ans. » L’investissement semble donc judicieux…

Kelly, Birkin ou Constance, autant de modèles dont la cote dépasse fréquemment 10 000 euros

Le marché n’est pas nouveau. Depuis une quinzaine d’années, les maisons de ventes aux enchères (Artcurial, Héritage, Christie’s) proposent une ou deux fois par an des vacations entièrement consacrées aux accessoires de luxe. Elles sont souvent orientées autour de la seule maison Hermès, navire amiral de ce domaine grâce notamment aux sacs Kelly, Birkin ou Constance, autant de modèles dont la cote dépasse fréquemment 10 000 euros. C’est, avec Chanel, la seule marque pour laquelle les pièces d’occasion peuvent valoir plus cher qu’en neuf. La raison ? Une rareté organisée.

« Hermès propose une couleur pendant un ou deux ans, puis s’arrête, ou commercialise des séries limitées comme le Birkin So Black. Même chose pour Chanel avec le 2.55 revisité par Karl Lagerfeld, signé sur le rabat. Ces collections capsules sont très recherchées sur le marché de l’occasion », ajoute Jérôme Lalande.

Acquérir une pièce moins chère qu’en boutique

Les autres marques, Vuitton, Gucci, Yves Saint Laurent… ne bénéficient pas des mêmes avantages, et les acheteuses cherchent avant tout à acquérir une pièce moins chère qu’en boutique : entre 30 % et 70 % de décote selon les griffes et les modèles. Parmi les modèles recherchés actuellement, le Dionysos de Gucci, qui dépasse parfois les 1 000 euros, le Jackie de la même marque à 300 ou 400 euros, ou encore les Speedy ou Alma par Vuitton qui se trouvent à partir de 500 euros.

Dans cet univers, deux facteurs restent essentiels : la garantie d’authenticité, et l’état physique du sac, notion essentielle de sa valeur. Tous les opérateurs de vente n’ont pas la même approche sur ces deux questions. Stefani Markovic, pour Catawiki (site d’enchères en ligne), expertise les sacs sur photos : « c’est un travail de détective, il faut pouvoir lire le numéro de série, le logo, mais aussi le détail des coins et des anses… Cela permet d’authentifier le sac, et de donner une appréciation quant à son état, comme neuf, excellent, vintage, etc. »

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Collector Square, qui propose l’achat immédiat, a fait le choix de l’expertise sur place : les sacs acceptés à la vente (200 sont proposés chaque jour, dont la moitié seulement est retenue) sont auscultés avant d’être livrés aux clients. Un service qui se paie puisque la commission est de 35 % du prix de vente, contre 15,1 % chez Catawiki.

Sur les sites de type plates-formes communautaires d’échanges entre particuliers (Vestiairecollective, Vinted, Etsy), les comportements varient. Pour exemple, vestiairecollective propose un contrôle qualité par ses experts une fois la vente conclue (et entre 25 % et 30 % de frais de vente), mais les articles ne peuvent être retournés ; d’autres tels que Vinted parient sur le retour possible des articles ne correspondant pas au descriptif, et une commission réduite.