Cannes 2018 : « Mandy », Nicolas Cage, jusqu’à l’outrance
Cannes 2018 : « Mandy », Nicolas Cage, jusqu’à l’outrance
Par Mathieu Macheret
Dans le film de Panos Cosmatos, l’acteur incarne un bûcheron fou de vengeance après le meurtre de sa compagne. Une série B complaisante et grand-guignol.
Au thriller horrifique Mandy, du jeune Canadien Panos Cosmatos (fils du réalisateur de Rambo 2), est revenue la délicate mission d’électriser la Quinzaine à mi-festival, grâce à son imparable atout de « film de genre ». Le bûcheron Red Miller (Nicolas Cage) file un amour cosmique avec sa petite amie Mandy Bloom (Andrea Riseborough), dans leur grande maison isolée en pleines montagnes. Jusqu’à ce qu’une secte d’évangélistes dégénérés brûle la jeune femme, déclenchant la riposte vengeresse de son compagnon endeuillé.
Une outrance « arty »
De cette trame rebattue ayant tout au plus l’étoffe d’une série B, Cosmatos tire une œuvre ultra-maniériste, baignée d’un ésotérisme néogothique tirant allégrement sur le kitsch. Les scènes s’étirant dans une suspension onirique, les éclairages surnaturels en bleu et rouge pétants, les nappes emphatiques inondant la bande-son, puis le déferlement de gore grand-guignolesque, visent à saturer l’expérience sensorielle.
Problème de taille : l’onirisme perd de son étrangeté quand il n’est pas confronté à une forme de réalité ordinaire. Se livrant à un fétichisme complaisant pour sa propre fantasmagorie, Mandy sombre dans une outrance « arty » (à laquelle la folie de l’acteur Nicolas Cage n’est pas étrangère), trop consciente d’elle-même pour réellement impressionner.
Film américain de Panos Cosmatos. Avec Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache, Bill Duke, Richard Brake (2 h 01). Sortie en salle prochainement. Sur le Web : www.quinzaine-realisateurs.com/film/mandy