Au festival Rock en Seine, groupe à guitares, pop chercheuse et rap punk
Au festival Rock en Seine, groupe à guitares, pop chercheuse et rap punk
Par Sylvain Siclier
Malgré une première journée aux accents rap, les amateurs de rock avaient de quoi écouter au domaine national de Saint-Cloud.
Mike Shinoda sur la scène de Rock en Seine, vendredi 24 août. / Olivier Hoffschir
Sans préjuger du bilan final de la fréquentation, la première journée, vendredi 24 août, du festival Rock en Seine, détenu par Matthieu Pigasse [actionnaire du Monde à titre personnel] au travers de sa structure Les Nouvelles Editions indépendantes et par l’entreprise américaine AEG, aura été clairement en deçà des capacités d’accueil de son site. Signes évidents, la fluidité des déplacements d’une scène à l’autre dans les larges allées du domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où a lieu, jusqu’au dimanche 26 août, le festival, et le peu d’attente aux espaces de restauration ou aux toilettes.
En programmant en vedettes de ce vendredi soir sur la Grande Scène des formations plutôt étiquetées rap – Mike Shinoda, Die Antwoord ou PNL –, les organisateurs entendaient montrer une attention au genre plus marquée cette année. Les amateurs se sont peu déplacés et le public rock et pop – tendances fondatrices du festival depuis sa création, en 2003 – ne s’y est peut-être pas retrouvé. Il y avait pourtant de quoi écouter en la matière, mais il n’y avait pas de têtes d’affiche fédératrices.
West Thebarton 'Stuck On You' (live on triple j)
Durée : 03:47
Après une ouverture avec les Argentins d’Attaque 77, dans l’évidence du rock punk, c’est vers la nouvelle petite scène Firestone qu’il fallait se rendre. West TheBarton, groupe australien, y a célébré la forme du rock à guitares… avec quatre guitaristes et une base rythmique basse et batterie emmenée par le chanteur Ray Dalfsen, dit « Reverend Ray ». Sans développer l’interaction entre les quatre guitares, mais en pariant sur l’efficacité de superpositions d’une même attaque rythmique ou d’une phrase mélodique.
Soubresauts, brisures et croisements stylistiques
Juste après, c’est Dirty Projectors, formation new-yorkaise, actuellement composée de trois filles et trois garçons, à la Cascade, l’autre grande scène du festival. Un univers de chansons pop, tout en soubresauts, brisures, croisements stylistiques, mêlant dans un même thème rock, citations reggae ou funk, avec de sophistiqués décalages vocaux et instrumentaux. On ne sait pas trop d’où ça part ni où cela veut arriver, mais le propos est assez réjouissant. A Firestone, peu après, voici The Orielles, trio de jeunes pousses britannique, encore bien appliqué, mais qui trouve un rien d’originalité entre le jeu complet, technique, du guitariste Henry Carlyle Wade et la manière pop de la chanteuse et bassiste Esme Dee Hand-Halford.
The Orielles "Let Your Dogtooth Grow'
Durée : 04:01
Et puis, à la nuit tombée, le spectacle toujours impressionnant de Die Antwoord, formé en 2008 au Cap (Afrique du Sud), pouvait convaincre l’amateur de rock. En 2014, ils avaient déjà emporté ici la frénésie rythmique de leur musique et le flot rap des voix conjuguées de Ninja, grondeur, rageur et de Yo-Landi Vi$$er, enfantine, aiguë. En 2018, la déferlante Die Antwoord est toujours de premier ordre.