Un tiers des huîtres et la totalité des moules de l’étang de Thau sont mortes cet été
Un tiers des huîtres et la totalité des moules de l’étang de Thau sont mortes cet été
La malaïgue, absence d’oxygène dans le milieu marin favorisée par les fortes chaleurs, a entraîné de très lourdes pertes pour les conchyliculteurs de l’étang.
L’étang de Thau est la plus grosse zone conchylicole de la Méditerranée. / SYLVAIN THOMAS / AFP
Dans l’étang de Thau, près de Sète (Hérault), les chaleurs caniculaires et l’absence de vent ont entraîné la malaïgue (« mauvaise eau », en occitan) et tué la totalité des moules et un tiers des huîtres.
Le comité d’expertise départemental, qui s’est tenu jeudi matin à Montpellier avec des représentants des conchyliculteurs de Thau, a confirmé les chiffres présentés dans le rapport d’une mission de terrain effectuée du 14 au 20 août.
« Concernant les huîtres, on a des taux de mortalité importants avec 52 % dans la zone de Marseillan et 63,5 % dans celle de Mèze, a indiqué Cédric Indjirdjian, directeur départemental adjoint des territoires et de la mer. En volume cela représente 2 703 tonnes d’huîtres, en valeur, 4,7 millions d’euros, soit un tiers de la production annuelle sur le bassin qui a été détruit en quelques jours. Concernant les moules, les pertes sont de 100 %, soit 1 218 tonnes de moules mortes, ce qui représente une valeur de 1,22 million d’euros. »
Ecosystème d’exception
La malaïgue se caractérise par une coloration blanche des eaux, et elle ne s’était pas manifestée sur l’étang depuis 2006. Ce phénomène consiste en une chute de la teneur en oxygène de l’eau qui décime les huîtres. Les moules succombent pour leur part aux fortes températures de l’eau (plus de 29 °C enregistrés durant huit jours cet été dans l’étang selon les scientifiques).
Véritable mer intérieure, la lagune de Thau s’étend à proximité de Sète sur quelque 7 000 hectares. Elle constitue à la fois un écosystème d’exception et la plus grosse zone conchylicole de la Méditerranée (10 % de la production nationale d’huîtres et environ 3 000 emplois).
Le préfet de l’Hérault « va donc saisir, sans délai, la commission nationale de gestion des risques agricoles, en vue de la reconnaissance du sinistre par arrêté ministériel », précise la préfecture dans un communiqué. Le préfet a également transmis au ministère de l’agriculture la demande d’exonération totale des charges sociales ENIM, des redevances domaniales et des taxes sur le foncier non bâti. Les organismes sociaux (MSA et ENIM) « sont mobilisés pour accompagner au mieux les professionnels », assure la préfecture.