Sélection galeries : Brigitte Aubignac chez Pierre-Alain Challier et Kudo/Plny chez Christophe Gaillard
Sélection galeries : Brigitte Aubignac chez Pierre-Alain Challier et Kudo/Plny chez Christophe Gaillard
Par Philippe Dagen
La première ressuscite les faunes par une peinture fluide et sobre, légèrement vibrante et les œuvres des seconds traitent de sujets aussi angoissants les uns que les autres.
- Brigitte Aubignac
Galerie Pierre-Alain Challier
« Le Dimanche des faunes », de Brigitte Aubignac. / MICHEL LOISEAU / COURTESY OF GALERIE PIERRE-ALAIN CHALLIER
Les faunes sont de retour. Reconnaissables à leurs sabots et leurs oreilles pointues, ils font du patin sur les trottoirs, vont à la piscine, s’ennuient sur un canapé : ce sont les faunes citadins, qui ressemblent de très près aux jeunes gens d’aujourd’hui. Leurs cousins champêtres tentent de survivre en dépit des clôtures électriques, des déchetteries, des travaux d’aménagement du territoire. Ils jouent de la flûte juchés sur des canalisations. Ils ne poursuivent plus les nymphes, sans doute parce qu’elles ont disparu avant eux. Il reste bien une faunesse, mais elle rêve d’Hollywood et se prend pour Lolita. Brigitte Aubignac, dont les expositions sont trop rares, ressuscite ces créatures mythologiques par une peinture fluide et sobre, légèrement vibrante, sans effets faciles. Ce n’est pas pour rendre hommage à l’art ancien, quoiqu’elle le connaisse par cœur, mais pour inventer des allégories du monde d’aujourd’hui, fables de la disparition de la nature et de la solitude des métropoles. A ces toiles récentes, l’exposition en joint quelques-unes des années précédentes, notamment deux diptyques dont le maquillage – c’est-à-dire le mensonge – est le sujet. La peinture d’Aubignac est donc parfaitement contemporaine.
« Faunes ». Galerie Pierre-Alain Challier, 8, rue Debelleyme, Paris 3e. Tél. : 01-49-96-63-00. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 22 septembre.
- Tetsumi Kudo/Lubos Plny
Galerie Christophe Gaillard
« Promenade in the Heredity, Chromosome » (1979), de Tetsumi Kudo, plastique, cage en métal, panneau de bois, terre, résine, colle, cellulose. / COURTESY OF GALERIE CHRISTOPHE GAILLARD
Rapprochement inattendu et judicieux. Dans les années 1960 et 1970, Tetsumi Kudo (1935-1990) fabriquait avec des circuits électroniques, des fleurs en plastique, des coquilles d’escargot ou des fac-similés d’organes humains pour cours de médecine des assemblages aux couleurs charmantes et aux motifs macabres. Lubos Plny, qui est né en 1961, compose sur le papier des planches d’anatomies fantastiques, minutieusement dessinées, méthodiquement annotées et absolument impossibles. La rencontre des deux artistes est donc justifiée, leurs œuvres étant de sujets et de tonalités aussi angoissants les uns que les autres, affirmés avec des moyens plastiques singuliers, que tous deux ont inventés et perfectionnés solitairement. Les dessins récents de Plny, qui a participé à la dernière Biennale de Venise, imposent au regard les obsessions morbides de l’artiste, dissections que l’on ne regarde pas sans malaise. Lequel ne se dissipe pas face aux reliquaires de Kudo, dont le monde de l’art n’a vraiment pris la mesure qu’après sa mort. L’exposition en révèle une dizaine, dont plusieurs sont parmi les chefs-d’œuvre de leur auteur.
« De humani corporis fabrica ». Galerie Christophe Gaillard, 5, rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 01-42-78-49-16. Du mardi au samedi de 10 h 30 à 12 h 20 et de 14 heures à 19 heures, samedi de 12 heures à 19 heures. Jusqu’au 13 octobre.