Un mobile à prix mesuré peut-il être à la fois polyvalent, performant, durable et agréable à l’œil ? C’est l’ambition du Honor Play, construit par Honor, une marque du groupe Huawei, et disponible pour 330 euros depuis le 30 août.

Ce grand smartphone, tournant sous Android, boxe-t-il vraiment au-dessus de sa catégorie, avec sa longue liste de caractéristiques qui semblent en décalage avec son prix ? Pour en avoir le cœur net, nous l’avons comparé à deux excellents mobiles milieu de gamme : le Oneplus 6 (520 euros) et le Pocophone F1 (360 euros). L’écart entre les smartphones premium et les modèles milieu de gamme se réduisant sans cesse, nous l’avons aussi comparé au Samsung S9, la référence des mobiles Android, dont le tarif est perché à 860 euros.

Le Honor Play, avec dans son dos, plusieurs concurrents en embuscade. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Un look classique

La qualité d’assemblage du Honor est digne d’un mobile haut de gamme. Son dos et ses tranches sont habillés d’un matériau flatteur, l’aluminium, dont le rendu doux et coloré rappelle celui des iPhone d’ancienne génération. Le Play s’inspire du dessin des iPhone 6, 7 et 8, désormais classique.

Lorsqu’on retourne le Play, il dégage une impression plus banale. Comme beaucoup de smartphones récents, son énorme écran est entouré de marges fines. L’harmonie des lignes est rompue par une large encoche qui barre le haut de l’écran. Elle n’est guère agréable à l’œil mais représente un choix rationnel : l’horloge et la jauge de batterie se logent sur ses côtés, libérant l’espace du dessous.

Le dessin du Honor Play est plutôt agréable à regarder, mais ne dégage guère un parfum futuriste comme celui du Samsung S9, dont les courbes en verre capturent le regard. Le Honor reste toutefois plus seyant qu’un Pocophone, dont la robe en plastique n’inspire aucune émotion. Probablement plus que le Oneplus 6, dont les lignes plus anguleuses peuvent paraître moins harmonieuses.

Conçu pour traverser les années

Le dos et le pourtour du Pocophone sont en plastique, celui du Oneplus 6 est en verre. Tous deux sont fragiles face à la coque aluminium unibody du Honor. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Beaucoup de smartphones chinois récents sont habillés d’un dos en plastique, qui protège très mal des chocs, ou en verre, un matériau qui se brise très facilement. Avec sa coque en aluminium fabriquée d’un seul tenant, le Honor est beaucoup plus robuste. Dommage que ce choix d’ingénierie se perde, car il est plus durable.

Le cœur du Honor Play est exceptionnellement vaillant pour son prix. Les Samsung S9, Oneplus 6 et Pocophone sont certes tous les trois très rapides. Mais le Honor est seulement 20 % moins rapide, en moyenne, sur plusieurs tests de performance comparables.

En revanche, la mémoire du Honor présente quasiment la même vivacité. Avec ces caractéristiques, le Play est armé pour faire tourner n’importe quelle application aujourd’hui comme demain. Et dans quatre ans, ses menus devraient demeurer fluides.

Il a toutefois deux défauts qui pourraient nuire à sa longévité. Il n’est pas étanche, même si, parmi les scénarios de casse, les noyades sont rares. Et sa batterie n’est pas amovible, une faiblesse qui est devenue la norme.

Doué pour les loisirs

Côté musique, la sortie casque du Play diffuse un son ample, dynamique et équilibré. Côté vidéo, il lit les vidéos de Netflix et Canal en qualité HD (720p). Le Pocophone ne peut en dire autant, la lecture vidéo étant bloquée en résolution inférieure faute de certificats de sécurité nécessaires.

Côté jeux vidéo, le Honor fait tourner tous les titres 3D récents en qualité maximale ou proche. Son excellent cœur dédié aux jeux 3D est toutefois 25 % moins rapide que ceux des Samsung S9, Oneplus 6, et Pocophone. Ces trois smartphones-là resteront plus longtemps capables de faire tourner les jeux 3D les plus gourmands. L’unique haut-parleur du Honor Play diffuse un son monophonique, un défaut qu’il partage avec le Pocophone.

Une excellente batterie

La batterie du Play tient deux journées, à condition de limiter à trois heures la consommation quotidienne de jeux, réseaux sociaux, vidéos et Internet. A condition aussi de ne point passer ses journées dans les transports, car l’activité incessante de l’antenne épuise prématurément la batterie. Cette autonomie le classe parmi les smartphones les plus endurants aux côtés du Pocophone. Le Samsung S9 et le Oneplus 6 tiennent plus difficilement deux journées dans ces conditions : leur batterie est environ 20 % moins endurante. Il faut brancher le chargeur tous les soirs.

Un bel écran

L’écran du Play saute aux yeux : fin, contrasté, il demeure lisible au soleil et affiche des couleurs justes, à condition de passer le réglage colorimétrique en Normal (Paramètres > Affichage > Mode & température de couleur). Les écrans du Oneplus 6 et du Samsung S9 affichent des noirs plus profonds grâce à leur technologie OLED mais cela ne saute aux yeux que lorsque l’éclairage est très faible, et seulement dans quelques cas précis : lorsqu’on prend des photos nocturnes ou lorsqu’on regarde un space opera par exemple. L’écran du Honor n’est pas capable d’adapter sa colorimétrie à l’éclairage ambiant comme celui de l’iPhone X, à certains moments de la journée, ses couleurs paraîtront légèrement faussées. Mais seuls les professionnels de l’image y accorderont une réelle importance.

Confort passable

Le très gros écran 6,3 pouces du Honor saute aux yeux mais sa taille nuit à son confort en main. Lorsqu’on a deux mains à lui consacrer, on le pilote rapidement, mais lorsqu’on n’a plus qu’une main, on navigue bien plus lentement. La plupart des smartphones récents souffrent du même problème. La largeur du Play demeure raisonnable pour un smartphone doté d’un si grand écran. Ses concurrents dotés d’un afficheur 5,8 pouces sont à peine plus confortables à tenir. Les bords très recourbés du Honor y sont pour quelque chose, ils gênent moins la paume que les bords biseautés du Oneplus 6, par exemple.

Le Samsung S8 est plus compact et nettement plus confortable. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Seul le Samsung Galaxy S9 offre une prise en main nettement plus confortable grâce à sa largeur réduite d’un demi-centimètre. Quand on le tient à une main, le S9 circule plus facilement dans la paume, ce qui permet au pouce de voyager plus facilement sur l’écran. En revanche, la longueur du Play est imposante. Les concurrents aux écrans les plus modestes mesurent souvent un centimètre de moins. La navigation dans leurs menus est un peu plus facile sans toutefois que l’écart soit spectaculaire. Fourré dans une poche étriquée, le Honor risque de s’échapper.

Des menus simples

Les menus du Play sont particulièrement épurés : les applications sont toutes regroupées sur l’écran d’accueil, comme sur iPhone. Nul besoin d’ouvrir un tiroir d’applications pour les retrouver, ou plus étrangement, pour retrouver la copie d’une application présente sur l’écran d’accueil. Les notifications émises par Honor sont rares, quant aux icônes des applications, elles sont claires et bien distinctes les unes des autres.

Le Menus du Honor sont particulièrement clairs.

Pour se rapprocher encore de la simplicité d’un iPhone, on peut remplacer les trois boutons principaux d’Android, situés au bas de l’écran, par un unique bouton (Paramètres > Système > Navigation système > Touche unique). Le Play est l’un des smartphones Android les plus reposants à manipuler. Au cas où vous trouveriez ces menus trop simplifiés, vous pourrez revenir à l’ergonomie classique d’Android en quelques clics. A noter, le Honor devrait rapidement profiter de la mise à jour vers Android 8.

Des photos correctes

Nous avons testé le Honor et ses concurrents dans des conditions de lumière variées : à midi comme à minuit, avec un ciel dégagé, voilé, et une grisaille qui a posé des problèmes à tous les appareils.

Quatre photos prises avec le Hono, qui souffrent toutes de petits défauts. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Le Honor capture des photos nettes et détaillées qui souffrent rarement de grosses erreurs. De nuit aussi, la qualité baisse beaucoup, mais certains clichés sont étonnamment exploitables. Malgré cela, l’impression globale demeure mitigée. Le Honor Play capture peu de photos vraiment enthousiasmantes. Dans beaucoup de clichés, une petite erreur atténue le plaisir : couleurs froides, rouge artificiel, contraste brutal, netteté forcée. Les clichés du Play demeurent satisfaisants pour beaucoup de consommateurs, mais elles décevront les amoureux de la photo.

Les concurrents du Honor font mieux. Les photos du Pocophone sont plus lumineuses et plus douces, ses couleurs un peu plus agréables. Ce constat n’est valable que pour la journée, car les photos nocturnes du Pocophone sont au niveau de celles du Honor.

Les photos du Pocophone (à droite) sont souvent plus vives que celles du Honor (à gauche). / NICOLAS SIX / LE MONDE

On saute un palier avec les photos de nuit de l’iPhone X, du OnePlus 6 et du Samsung. Elles sont moins souvent ratées, leur niveau de détail a moins tendance à plonger spectaculairement.

La nuit, la définition des images du Honor chute. / NICOLAS SIX / LE MONDE

En guise de conclusion

Le Honor Play tient la plupart de ses promesses. C’est un smartphone simple à utiliser, très endurant, et capable dans tous les domaines. Ses matériaux respirent la qualité, il a de bonnes chances d’accompagner son propriétaire durant quatre ans sans ralentir ou se briser. Vendu 330 euros, c’est une redoutable affaire.

Lorsqu’on le pose à côté de la référence, le Samsung S9, on constate les atouts qui lui manquent. Le Honor est moins confortable en main, son écran est moins contrasté, sa batterie ne se recharge pas sans fil. Et surtout, ses photos sont moins agréables.

Beaucoup de consommateurs peuvent toutefois vivre sans ces raffinements. Dans la vie quotidienne, le Honor rend des services très proches de ceux du S9. Il est aussi plus robuste et plus endurant. Rationnellement, l’écart de prix de 550 euros entre ces deux mobiles est difficile à justifier, surtout lorsqu’on n’est pas passionné de photo. Mais le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point, et le dessin élancé du S9 a beaucoup de charme.

Le Honor est encadré par le Samsung S9 (à gauche) et le Pocophone (à droite) / NICOLAS SIX / LE MONDE

Que vaut le Honor par rapport aux smartphones moyen de gamme ? Le Pocophone semble distancié : il coûte 30 euros de plus, est moins robuste, moins bien fini, et ne lit pas les vidéos HD de Canal et Netflix. Cependant, il capture des photos un peu plus agréables.

Quant au Oneplus 6, vendu 200 euros plus cher, sa conception est moins robuste et sa batterie moins endurante. Mais il offre une expérience Android plus pure et des photos encore meilleures. C’est le choix des passionnés de photo.