L’Europe se prononce en faveur d’une réduction des émissions de CO2 des camions et bus
L’Europe se prononce en faveur d’une réduction des émissions de CO2 des camions et bus
LE MONDE ECONOMIE
Les camions et autocars neufs devront réduire de 20 % à l’horizon 2025, par rapport à 2019, et de 35 % – au moins – à l’horizon 2030, leurs émissions du gaz à effet de serre.
Des camions en direction de l’Italie, à Chamonix, en avril 2017. / JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
Après les voitures, les camions. Le Parlement européen a validé, mercredi 14 novembre, la fin d’une exception incongrue, et très dommageable pour le réchauffement climatique : les élus se sont prononcés à une forte majorité (373 pour, 285 contre), pour une réduction des émissions de CO2 des camions et autocars neufs, de 20 % à l’horizon 2025, par rapport à 2019, et de 35 % – au moins – à l’horizon 2030.
Pour l’instant, aucune législation n’existe au niveau européen, contrairement aux véhicules légers, alors que les véhicules lourds comptent pour 25 % des émissions dues au secteur du transport (données 2016). Des proportions en augmentation sensible, le transport routier ne cessant de se développer en Europe.
Les eurodéputés se sont montrés plus ambitieux que la Commission de Bruxelles, qui dans une proposition de règlement datant de mai, préconisait une baisse des émissions de ce gaz à effet de serre de seulement 15 % chez les constructeurs en 2025, pour leurs véhicules neufs, par rapport à 2019, et de 30 % en 2030. Ces cibles de réductions étaient ardemment défendues par les Verts et la gauche européennes.
« Il était temps d’agir »
« Les émissions des véhicules lourds [y compris les autocars] représentent 6 % des émissions totales de l’Union européenne et, au niveau international, le Japon, la Chine et les Etats-Unis ont déjà pris des mesures, il était temps d’agir », s’est félicitée la Française Karima Delli, membre des Verts et présidente de la commission transport à Strasbourg.
Ce texte, s’il est finalement adopté (il doit encore être validé par les Etats membres), pourrait conduire à d’importantes réductions de consommation de carburant : 25 000 euros pourraient être économisés sur les cinq premières années d’utilisation d’un camion neuf acheté en 2025, estime la Commission.
L’hémicycle strasbourgeois s’est également prononcé en faveur d’une proportion de 20 % du parc de camions neufs, « propres » ou à faibles émissions de CO2 (émettant 50 % de gaz en moins qu’un véhicule standard) en 2030. Il s’agit d’un texte « majeur pour traduire, dans la législation européenne, nos engagements climatiques », a déclaré l’eurodéputée Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, chef de file des socialistes et des radicaux français à Strasbourg.
Une partie de la droite européenne a quand même tenté de diluer les ambitions du texte. Et y est en partie parvenue : elle a notamment voté contre les amendements visant à inclure les bus urbains dans le texte de loi et à garantir que 50 % des nouveaux bus urbains soient électriques d’ici à 2025, et 75 % d’ici à 2030.
Des cibles « pas réalistes »
Les cibles de réduction de CO2 à 2025 et à 2030 « ne sont pas réalistes », déplore la députée européenne (LR) Françoise Grossetête, membre de la commission environnement à Strasbourg. « Il faut laisser le temps aux constructeurs de s’adapter, leurs chaînes de fabrication sont moins flexibles que celles des constructeurs de voitures. »
Les industriels réussiront-ils à faire mieux entendre leurs points de vue au Conseil, quand les négociateurs du Parlement auront à trouver un compromis avec les gouvernements des Vingt-Huit ? Pas impossible. Sur les sujets environnementaux, le décalage est flagrant entre les positions des élus à Strasbourg, à l’écoute des opinions publiques, et celles des capitales, à Bruxelles, bien plus en ligne avec les lobbies économiques.
Le précédent de la directive sur les réductions d’émission de CO2 des voitures est particulièrement éclairant. Le Parlement avait voté à une large majorité, au début de cette année, pour un niveau de 40 % à l’horizon 2030.
Mais, lors d’un Conseil européen, au début de cet automne, les Etats n’ont réussi à s’entendre que sur une réduction de 35 % en 2030. Malgré une majorité de pays en faveur d’un accord ambitieux, dont les Pays Bas ou la France, l’Allemagne avait mis son veto. Cet accord avait d’autant plus déçu les ONG environnementales qu’il intervenait à la suite d’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat très alarmant sur le réchauffement de la planète.