Les recherches reprennent pour Emiliano Sala et son pilote, sans grand espoir
Les recherches reprennent pour Emiliano Sala et son pilote, sans grand espoir
Les gardes-côtes britanniques poursuivent les recherches près des côtes mais semblent désormais sans espoir. Des détails ont émergé sur le pilote et l’avion qui s’est abîmé en mer lundi soir.
Des fleurs et un portrait d’Emiliano Sala devant le centre d’entraînement de La Jonelière, près de Nantes. / LOÏC VENANCE / AFP
Les garde-côtes britanniques ne renoncent pas : trois nuits après la disparition de l’avion d’affaires transportant le footballeur argentin Emiliano Sala entre Nantes et Cardiff, les recherches se poursuivaient, jeudi 24 janvier à la mi-journée, malgré l’espoir quasi nul de retrouver les deux victimes.
« Les recherches se poursuivent et une décision sur leur poursuite sera prise une fois que tous les appareils auront achevé le plan de recherches de ce matin », a écrit la police de Guernesey jeudi à 11 h 50, heure française.
Les recherches se concentrent, désormais, sur les côtes, « à l’aide d’un avion dans la zone de Burhou, Casquets, Aurigny, la côte nord de la péninsule de Cherbourg, la côte nord de Jersey puis au-dessus de Sark ».
La tête souriante du joueur de 27 ans, avec ses oreilles décollées, orne toujours la devanture de La Jonelière, le centre d’entraînement du FC Nantes. Les supporteurs de son dernier club continuent d’y déposer des bouquets de fleurs, comme à Cardiff, l’équipe pour laquelle il venait de s’engager. Un hommage ouvert au public est prévu jeudi à 16 heures à La Jonelière.
Les espoirs de survie du joueur et du pilote sont quasi nuls, même si ses proches veulent toujours croire à un miracle.
Le pilote « un peu rouillé avec l’atterrissage aux instruments »
Mercredi en début de journée, les enquêteurs privilégiaient encore l’hypothèse que le footballeur et son pilote avaient pu se réfugier sur le canot de sauvetage qui était dans leur appareil. Mais leurs déclarations ne laissaient plus vraiment d’espoir en fin de journée.
« S’il y avait quelque chose à trouver, je pense, comme nous étions sur place très rapidement, que nous aurions dû le trouver. Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelque chose là-bas », a expliqué à l’AFP John Fitzgerald, le responsable du service de secours Channel Island Air Search.
Pendant les hommages et la poursuite des recherches, des détails émergent sur l’avion disparu et l’homme qui le conduisait. Alors que le nom d’un pilote expérimenté, Dave Henderson, a été cité dans un premier temps, les autorités britanniques ont affirmé mercredi que l’homme aux commandes était un autre Anglais du nom de David Ibbotson.
Ce père de trois enfants, âgé de 60 ans, originaire du nord-ouest de l’Angleterre, est un artisan réparateur de chaudières, rapporte la presse anglaise. Il est habitué à piloter des avions légers pour des vols en parachute même si, dans un message publié sur son compte Facebook après son arrivée à l’aéroport de Nantes, il se disait « un peu rouillé avec le système d’atterrissage aux instruments [ILS] ». Cette aide à l’atterrissage, d’une très grande précision, permet de se poser par faible visibilité.
Consultant aéronautique fréquemment interrogé par les médias anglais, l’ancien pilote Alastair Rosenschein estimait auprès de l’agence Press Association que l’avion avait pu être pris dans les vents glacés traversant ces derniers jours le nord de l’Europe. De nuit et l’altitude à laquelle évoluait l’avion (1 500 mètres environ), la température était négative dans le ciel des îles anglo-normandes. Le pilote demandait à descendre à 700 mètres d’altitude dans sa dernière communication radio.
« C’est déjà suffisamment risqué de faire cette traversée avec un monomoteur, particulièrement en hiver et sans aucun doute de nuit, estime Alastair Rosenschein. Il y a des problèmes liés aux vents glacés. C’est étrange de voler au-dessus de la mer avec un seul moteur, la nuit et l’hiver, car si vous perdez votre moteur vous tombez à l’eau. »
Incertitude sur le commanditaire et le propriétaire de l’avion
Tandis que le club de Cardiff avait proposé à Emiliano Sala, sa recrue la plus chère de l’histoire (environ 17 millions d’euros), de rejoindre le pays de Galles pour son premier entraînement avec un vol commercial, l’Argentin avait privilégié un avion privé.
C’est un usage devenu courant dans le football de haut niveau, en ce qu’il permet aux joueurs et agents de voyager plus rapidement et discrètement que par les lignes commerciales. Certains joueurs, les plus fortunés, en sont eux-mêmes propriétaires.
Ce n’était pas le cas d’Emiliano Sala. L’Equipe et une partie de la presse anglaise rapportent jeudi que le vol avait été affrété par l’un des agents les plus puissants d’Angleterre, William McKay. Son fils Mark a joué un rôle dans le transfert d’Emiliano Sala à Cardiff. William McKay a démenti au Daily Telegraph avoir commandé cet avion pour le joueur argentin.
L’appareil était un Piper-Malibu construit en 1984, ce qui n’est pas particulièrement vieux pour un avion privé de ce type, révisé régulièrement. Son certificat a été délivré en 2015 par l’aviation civile américaine (FAA) et était valable jusqu’en 2021.
Son propriétaire véritable est inconnu, puisque la licence est détenue par un trustee (Southern Aircraft Consultancy), une société-écran payée pour enregistrer des avions pour des propriétaires privés auprès de la FAA.
Selon l’aviation civile britannique, qui dirige l’enquête sur la disparition en lien avec les autorités américaines, française et argentine, il est peu probable qu’il ait été équipé d’un enregistreur de vol. Les fameuses « boîtes noires » sont vitales pour les enquêteurs dans les catastrophes aériennes mais ne sont pas obligatoires, en raison de leur poids imposant, pour les avions légers.
« Nous réunissons toutes les preuves disponibles pour conduire une enquête approfondie. Mais si l’avion n’est pas retrouvé, cela limitera probablement notre champ d’investigation », a reconnu un porte-parole britannique du Bureau d’enquête des accidents aériens.