Les placements en actions et fonds d’investissements représentent moins d’un huitième du patrimoine des Français / Roy Scott/Ikon Images / Photononstop

« Quand les marchés baissent, il est fréquent que des clients appellent pour vendre au pire moment, c’est un réflexe humain qu’on rencontrera toujours. De même que les gens veulent souvent investir après de fortes hausses, ce qui n’est guère plus judicieux », explique Arnaud Doria, conseiller en gestion de patrimoine à Neuilly. Avec esprit de contradiction et pédagogie, il tente plutôt de décourager ces réactions à contre-courant. « Les gens sont souvent influencés par leur expérience personnelle et par un manque de vision globale de leurs placements », poursuit-il.

Ceux qui ont eu la chance de débuter en Bourse à un bon moment ont plus souvent envie d’y revenir que ceux échaudés par des pertes dès le départ, après avoir investi à des niveaux élevés, indépendamment des montants en jeu.

Les placements en actions et fonds d’investissements représentent moins d’un huitième du patrimoine des Français (12 % en moyenne selon l’Insee) et peu d’épargnants ont trop d’actions par rapport aux risques qu’ils peuvent réellement supporter. « Plutôt que d’appréhender leurs performances dans leur ensemble, beaucoup se focalisent sur leurs actions ou fonds d’investissements en baisse », observe Arnaud Doria. Or, selon lui, cet effet d’une bonne diversification ne doit pas être vécu comme un drame : plus on a d’investissements différents, plus il y a de chances d’avoir des gagnants et des perdants, l’intérêt du mélange étant justement de lisser les risques liés à chaque placement.

Epargner autrement

Si malgré cette approche d’ensemble on estime avoir vraiment trop d’actions, il reste deux options : réduire les positions en vendant, ou, plus progressivement, en épargnant autrement. En effet, la répartition d’un patrimoine évolue en fonction des performances de ses composantes, mais aussi avec ses flux.

Si l’on a 30 % d’actions dans son patrimoine et qu’elles baissent de 20 %, leur part se réduit mécaniquement à 25 % de ce patrimoine. Si, par la suite, toutes les rentrées d’argent vont sur des placements sans risque, par exemple dans l’assurance-vie en euros, alors la part des placements en actions diminuera encore. L’arrivée d’un treizième mois, d’un petit héritage ou d’une indemnité de licenciement peut ainsi réduire instantanément la part d’actions dans le patrimoine de son bénéficiaire. A l’inverse, si l’on ne veut pas que la part d’actions dans son patrimoine augmente, il faut penser à en vendre dans les périodes de hausse.

Placements : Quels thèmes porteurs pour 2019 ?

Malgré la rechute boursière de fin 2018, ou peut-être grâce à elle, plusieurs thèmes d’investissement retrouvaient grâce aux yeux des experts en début d’année. « Avec un niveau de valorisation de 11 fois les bénéfices, le risque de baisse des marchés européens semble limité, sauf en cas de nouvelle crise de l’euro », expliquait ainsi Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée de CPR AM. Les actions américaines lui semblaient aussi redescendues à un niveau anticipant une récession, alors que leurs profits devraient encore progresser de 5 % cette année. « On s’est repositionné sur les actions émergentes », ajoutait-il. L’économie brésilienne repart, malgré son horizon politique assombri. La Chine inquiète, mais devrait encore croître de 6 % en 2019, ce qui pourrait soutenir les cours après leur repli de 18 % sur un an. Côté secteurs économiques, un arrêt de la chute du baril d’or noir, passé de 74 dollars, fin septembre, à 45 dollars, à Noël, favoriserait les valeurs pétrolières. Cependant, diversifier ses investissements entre tous les pays du monde et tous les secteurs d’activité reste encore la meilleure méthode pour se prémunir des fortes baisses.