Grand débat : après deux mois de consultation, l’heure de la conclusion a sonné
Grand débat : après deux mois de consultation, l’heure de la conclusion a sonné
Le Monde.fr avec AFP
Après la synthèse présentée lundi au Grand Palais, Emmanuel Macron devrait annoncer les premières mesures à la mi-avril, puis égrainer des décisions jusqu’à l’été.
Plus de deux mois de consultation, des centaines de milliers de propositions citoyennes, parfois contradictoires ou coûteuses : le premier ministre Edouard Philippe tire, lundi 8 avril, le bilan du grand débat lancé face à la crise des « gilets jaunes ». Près de la moitié du gouvernement, les cinq « garants » du grand débat, des citoyens, représentants d’associations et partenaires sociaux, maires, et une centaine de directeurs d’administration seront réunis dans la matinée sous la verrière du Grand Palais à Paris pour cette synthèse baptisée « restitution ».
Les organismes missionnés (le sondeur OpinionWay, les cabinets Roland Berger, Res Publica et Missions Publiques) en donneront les résultats dans la matinée, avant un discours du premier ministre à la mi-journée.
Plus de 1,5 million de personnes y ont participé directement d’après les comptages officiels : un tiers via le site dédié, un tiers dans les quelque 10 000 réunions locales, un tiers dans les 16 000 cahiers de doléances ou par courrier libre. Aux quatre thèmes fixés par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français mi-janvier – écologie, impôts, services publics, démocratie – s’en sont ajoutés d’autres qui ont spontanément émergé dans la consultation : la santé, beaucoup, mais aussi les retraites ou encore la dépendance. D’autres sujets, comme l’immigration, sont eux restés en retrait.
La synthèse sera « représentative de la diversité des points de vue exprimés » dans le grand débat, a assuré Emmanuelle Wargon (secrétaire d’Etat auprès du ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire), une des deux ministres chargés du débat. « Toutes les analyses » seront mises en ligne en parallèle, en gage de « transparence ».
« Solutions puissantes » ou « grand blabla » ?
Les contributions font apparaître une demande « massive » de baisse d’impôts, avec une priorité accordée à la TVA puis l’impôt sur le revenu, selon une source gouvernementale. Le flou est beaucoup plus grand quant aux dépenses à baisser, même si les contributeurs avancent les pistes de la défense ou du logement. Le rétablissement de l’impôt de solidarité de la fortune (ISF), et l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC), réclamés dès les débuts du mouvement par les « gilets jaunes », se sont eux « progressivement dilués avec d’autres préoccupations », a affirmé Sebastien Lecornu, le ministre des collectivités territoriales chargé d’animer le grand débat.
Lors de débats sans vote mardi devant l’Assemblée puis au Sénat mercredi, Edouard Philippe dira ensuite « ce que nous retenons, les thèmes que nous voulons privilégier, les orientations que nous fixons ». Le premier ministre a déjà promis des « solutions puissantes » et évoqué un travail à venir avec « les corps intermédiaires » et « les élus locaux ». Après la synthèse de lundi, le chef de l’Etat devrait annoncer des premières mesures à la mi-avril, puis égrainer des décisions jusqu’à l’été, selon l’Elysée. Le président a promis de répondre sans « reniement » ni « entêtement » aux souhaits des Français, un « en même temps » qui maintient le flou.
Alors que la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a promis que « rien ne serait comme avant » à l’issue du grand débat, l’opposition fustige un « grand blabla » et un exercice biaisé par le gouvernement, le risque pour l’exécutif est d’apparaître comme celui qui ne retient que ce qui l’arrange.
« Il est temps de sortir [du grand débat] avec une vraie vision et des actes vigoureux », a plaidé dimanche le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, accusant Emmanuel Macron de « faire l’histrion ». Toujours chez LR, Valérie Pécresse estime que l’exécutif « promène le chien jusqu’aux européennes » fin mai.