Amazon, vendredi 31 mai à la demande, série

Voilà sans doute la première série à prétendre couvrir quelque six mille ans d’histoire de l’humanité. Entre aujourd’hui, c’est-à-dire une semaine avant l’apocalypse, et l’époque de la création du jardin d’Eden, sans qu’on sache à coup sûr à quel jour et quelle heure cela remonte. Comédie en forme de farce délirante, forcément anglaise serait-on tenté de dire, Good Omens (De bons présages, J’ai Lu) est le fruit de l’amitié entre deux doux dingues britanniques, Terry Pratchett et Neil Gaiman, qui firent paraître ce roman de fantasy en 1990. La mort du premier, en 2015, et sa demande expresse, dans une lettre posthume, de voir son compagnon d’écriture s’atteler à l’adaptation de leur roman en une série, ont amené Neil Gaiman à diriger la mise en images de leur délire livresque. Il s’est ainsi remis à l’écriture de Good Omens pour condenser leur livre en six épisodes, a joué le rôle de producteur exécutif sur le tournage, tout en confiant à Douglas MacKinnon (Sherlock et Doctor Who) la réalisation de ce faux conte de fées (que narre l’actrice Frances McDormand, en tant que Dieu).

Au lieu de s’anéantir l’un l’autre, les compères Aziraphale et Crowley vont s’arranger pour participer tous deux à l’éducation de l’Antéchrist

Cela fait donc six mille ans que l’ange réservé et gourmand qu’est Aziraphale (Michael Sheen) s’est lié d’une amitié secrète – parce que contre-nature – avec son opposé, le très fanfaronnant démon Crowley (David Tennant). Alors que s’annonce la fin des temps, ni Aziraphale, émissaire de Dieu, ni Crowley, envoyé par Satan, n’ont envie que leur séjour terrestre et ses plaisirs infinis ne s’achèvent : à bas la fin des temps et l’éternité, à bas l’annihilation de l’humanité et avec elle l’extinction de toute conscience de la jouissance, se disent-ils, s’alliant derechef pour retarder l’apocalypse autant qu’il leur sera possible – et cela en cachette de leurs supérieurs, notamment à l’insu de l’ange Gabriel (Jon Hamm).

Au lieu de tenter de s’anéantir l’un l’autre, les compères vont donc s’arranger pour participer tous deux à l’éducation de l’Antéchrist : afin que ce dernier, oscillant entre les recommandations antagonistes de l’ange et du démon, soit constamment tiraillé entre le parti du bien et du mal et, ce faisant, ne puisse provoquer l’apocalypse qu’il doit incarner en tant que fils de Satan.

Un aspect trop foutraque

Plutôt que de vous conter le succès ou non de leur compagnonnage face à l’Armageddon, signalons que l’épisode 3, par exemple, se permet un intermède de près de trente minutes hors de l’histoire de l’ange, du démon et de l’enfant Antéchrist – sans compter des sorcières qui entreront aussi dans la danse –, pour nous transporter, au fil de saynètes présentées par des pancartes, dans certaines des époques qu’ils ont traversées ensemble, se secourant au besoin l’un l’autre. On retrouvera ainsi l’ange et le démon devisant avec Shakespeare dans le Théâtre du Globe, puis proches de la lame de la guillotine et d’un étal de crêpes dans le Paris de 1793, ou encore dans le Soho de Londres en 1971…

En fait, à l’image de ces saynètes, Good Omens aurait gagné à être écrite sous forme d’épisodes courts à la Kaamelott, ou de sketches à la Saturday Night Live. L’on aurait alors moins perçu l’aspect trop souvent sans queue ni tête, foutraque et même faussement inventif de cette série, tant dans sa réalisation que son mode de narration. Good Omens brille lorsque Michael Sheen et David Tennant sont à l’image, tant leur talent est grand, mais sombre dans le n’importe quoi dès qu’ils n’y sont plus.

Good Omens - Official Trailer | Prime Video
Durée : 02:38

Good Omens, série créée par Neil Gaiman. Avec Michael Sheen, David Tennant, Jon Hamm (GB, 2019, 6 × 52 min). www.amazon.com/dp/B07FMHTRFF