Coupe du monde féminine 2019 : La marée « oranje » n’en finit plus de déferler
Coupe du monde féminine 2019 : La marée « oranje » n’en finit plus de déferler
Par Lætitia Béraud
Les supporteurs des Pays-Bas se déplacent en nombre pour soutenir une sélection dont ils se sont épris lors de l’Euro 2017, remporté à domicile
Les Néerlandaises célèbrent leur victoire (3-1) face au Cameroun en phase de poule de la Coupe du monde féminine de football, au Stade du Hainaut de Valenciennes, le 15 juin 2019. (AP Photo/Michel Spingler) / Michel Spingler / AP
C’est bien connu, quand on aime on ne compte pas. Ni les kilomètres ni les heures de route. Les supporteurs néerlandais ne diront pas le contraire, eux qui suivent leur équipe nationale féminine de football depuis le début de la Coupe du monde en France. Mardi 25 juin, ils sont encore une fois attendus en nombre à Rennes, pour le huitième de finale face au Japon.
Pour l’instant, cela a porté chance aux championnes d’Europe en titre, qui ont remporté tous leurs matchs de poule. Chaque ville les ayant accueillies a fait l’expérience de cette « marée oranje » qui les suit, composée de milliers de fans aux couleurs du pays.
D’abord au Havre, où les Lionnes disputaient leur premier match contre la Nouvelle-Zélande le 11 juin, remporté sur le fil (1-0). Les pas de danse de droite à gauche des supporteurs dans la rue ont fait bouger la ville. Avec, pour certains, des costumes parfois très élaborés comme cette femme, coiffée d’un gouda et d’une vache en plastique, qui vient d’America, « le village de 2 100 habitants, pas le continent », et qui fait le bonheur des photographes depuis le début du Mondial.
Met meer dan 10.000 fans van Links naar Rechts! 😍#OnzeJacht #NEDCMR https://t.co/GXaFG3PE5Q
— oranjevrouwen (@OranjeLeeuwinnen)
Une parade derrière un bus à impériale
Ensuite à Valenciennes, pour la rencontre face au Cameroun, remportée (3-1) le 15 juin, où les organisateurs avaient compté 15 000 Oranje. Un engouement qui n’avait pas été du goût du sélectionneur des Lionnes indomptables, Alain Defrasne Djeumfa, qui trouvait que l’organisation avait avantagé les Pays-Bas en programmant cette rencontre dans le département du Nord, tout proche.
A Reims, enfin, ils étaient plus de 7 000 pour assister à la victoire des leurs face au Canada (2-1), le 20 juin. Avec, encore une fois, les mêmes scènes en ville : des chants, un DJ et un défilé derrière un bus à impériale jusqu’au stade pour ces spectateurs qui vivent d’amour et de bière fraîche.
« Ils mettent une ambiance extraordinaire dans chaque ville où ils se déplacent », appréciait Alexandre Bariteaud, directeur marketing et commercial de l’office de tourisme de Reims. Dans le stade Auguste-Delaune, les supporteurs avaient déployé un tifo avec une lionne juste après les hymnes. Avant d’entonner, au son de leur fanfare, des chansons folkloriques néerlandaises et un titre plus connu des internationaux en forme de déclaration : « Hey Baby ! », de Bruce Channel, qui demande sans cesse : « I want to know, if you’ll be my girl » (« je veux savoir, si tu veux bien être ma copine »).
Coup de foudre aux Pays-Bas
Depuis deux ans, la passion n’est pas retombée chez le public néerlandais. L’histoire d’amour qui le lie à la sélection a commencé lors de l’Euro 2017, avec le sacre des Néerlandaises à domicile, le premier titre international chez les femmes. Les Pays-Bas accueillaient pour la première fois une compétition féminine de football d’une si grande ampleur. La sélection, passée jusqu’alors plutôt inaperçue, avait conquis son public avec son jeu résolument offensif et séduisant.
Women's EURO final highlights: Netherlands v Denmark
Durée : 03:00
La victoire avait été d’autant plus surprenante que le championnat d’Europe avait toujours été une chasse gardée des nations nordiques, avec les sacres de la Suède en 1984 et de la Norvège en 1987 et 1993, ou de l’Allemagne, titrée huit fois. L’Euro 2017 avait révélé deux joueuses, les attaquantes Lieke Martens, auteure de trois buts dans la compétition, et Viviane Miedema, qui avait signé un doublé lors de la finale remportée (4-2) face au Danemark devant 28 000 spectateurs en délire.
Lieke Martens et Viviane Miedema, deux idoles
« Elles ont gagné une énorme popularité en remportant l’Euro à domicile », raconte Judith van Berkel, une supportrice d’une trentaine d’années qui fait le déplacement en France pour chaque match des Lionnes oranje avec ses deux sœurs. Elle apprécie le public familial comparé aux compétitions masculines. « C’est parce que les filles peuvent voir leurs idoles. Quand j’ai commencé à jouer au football, on n’avait pas de modèles, aujourd’hui les petites filles peuvent voir Martens et Miedema », explique-t-elle. Encore aujourd’hui, dans les stades, les fans n’ont d’yeux que pour les deux joueuses qui gagnent à l’applaudimètre lors de l’annonce des compositions d’équipes.
Le message va droit au cœur des footballeuses et de la sélectionneuse Sarina Wiegman. « C’est particulier cette façon de nous soutenir, c’est extraordinaire », avait-elle déclaré après le dernier match de poule. « Il y avait tellement de couleur orange dans les tribunes, ça nous a beaucoup aidées. Nous sommes heureuses d’avoir ces supporteurs avec nous, j’espère qu’ils nous suivront également à Rennes », avait-elle formulé. Le rendez-vous est pris.
Des audiences télé record
L’équipe est peut-être loin des yeux, pour ceux restés aux Pays-Bas, mais pas du cœur. Le dernier match de poule des Néerlandaises, contre le Canada, a été regardé par 2,755 millions de téléspectateurs dans le pays, soit 65 % de part d’audience. C’est un record pour un match de Coupe du monde féminine, et un peu plus que le chiffre enregistré pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions entre l’Ajax Amsterdam et le Real Madrid plus tôt cette année (2,637 millions). Pays-Bas-Canada est ainsi devenu le 3e match de football pratiqué par les femmes le plus regardé de l’histoire du pays après la finale de l’Euro féminin (4,111 millions) et les demi-finales (3,200 millions), organisées en 2017 aux Pays-Bas.