La Marche des fiertés parisienne a eu lieu cette année sous des températures caniculaires. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Une loi (enfin !), mais pas à n’importe quelles conditions : c’était l’état d’esprit partagé, samedi 29 juin, sous un soleil de plomb, par les familles et les associations LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans) qui ont défilé à Paris, lors de la Marche des Fiertés, derrière le mot d’ordre « PMA, filiation : pas de loi a minima ». Une référence à la présentation, fin juillet en conseil des ministres, du projet de loi sur la bioéthique qui prévoit, dans son article premier, que toutes les femmes puissent désormais avoir accès aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA), jusqu’à présent réservées aux couples hétérosexuels qui ne parviennent pas à avoir d’enfant.

« Hollande nous avait déjà promis la PMA et il a abandonné, donc tant qu’elle n’est pas votée, il ne faut rien lâcher », prévient Mélanie, la quarantaine, venue avec sa compagne, Linda. « Nous on ne veut pas d’enfant mais on a des tas de copines qui sont obligées de se rendre en Espagne ou en Belgique pour faire une PMA, ce n’est pas normal ! », ajoute cette dernière, une pancarte « PMA, lesbiennes concernées, jamais consultées » à la main.

Avant que le cortège s’élance de Montparnasse en direction de la place de la République, les représentants de plusieurs associations (Act Up, SOS Homophobie, l’Inter-LGBT…) ont chacun rappelé l’importance d’une loi assortie de modalités garantissant « la sécurité des familles », en particulier sur le plan de la filiation.

Le collectif Intersexes et allié.e.s en tête du cortège

Dans le défilé, sous des températures caniculaires et entre deux chars diffusant musique et vapeur d’eau, quelques familles, justement, avaient fait le déplacement. Comme Charlotte, 37 ans, et Zoé, 34 ans. venues avec leur fille Lou, 2 ans, en culotte dans sa poussette. « On n’avait pas les moyens et pas l’envie d’aller à l’étranger pour avoir notre fille, alors on a trouvé un donneur sur Internet », raconte Zoé. Après plusieurs tentatives d’insémination, elle est tombée enceinte. « On espère qu’on aura un deuxième enfant, si la PMA est accessible en France ça facilitera les choses c’est sûr », dit Zoé. Cette dernière n’a légalement aucun droit sur leur fille, les deux femmes n’étant pas mariées. Depuis la loi du 17 mai 2013 autorisant le mariage des personnes de même sexe, les « mères sociales », qui n’ont pas porté l’enfant, peuvent l’adopter et établir ainsi un lien de filiation. Mais rien n’est prévu pour les couples non mariés, ce qui peut conduire à des situations dramatiques en cas de séparation.

« C’est quand même dingue, juste parce qu’on est lesbiennes, on nous empêche d’avoir les mêmes droits que les autres, comme si on devait nous faire payer d’avoir une orientation sexuelle différente, s’indigne Caroline, 53 ans, venue avec son fils de 17 ans, Pablo. Je l’ai eu dans ma vie d’avant, hétérosexuelle, mais je tenais à ce qu’il vienne pour comprendre qu’il y a encore des luttes à mener pour les homos. »

A côté des pancartes mentionnant la PMA (« Qu’est-ce qui est mieux qu’une maman ? Deux mamans ! »), d’autres revendications en faveur de l’égalité des droits ont été scandées le long du parcours. Notamment celles portées par les intersexes, qui dénoncent les opérations et les traitements qui sont encore effectuées à la naissance sur les enfants qui ne présentent pas les caractéristiques sexuelles binaires habituelles. Pour la première fois, des militants du collectif Intersexes et allié.e.s avaient pris la tête du cortège. « On est les grands oubliés, on nous torture, on nous mutile parce qu’on ne correspond pas à l’idéologie binaire et normative », s’insurge un porte-parole de cette association. « J’ai pas compris, ils sont pour quoi ? » demande un peu plus loin un jeune garçon, maquillage arc-en-ciel sur les joues, qui se trémousse en compagnie de deux copines, dont l’une se présente comme non-binaire (ni fille ni garçon) tandis que l’autre est « simplement hétéro, mais j’aime bien venir à la Gay Pride, pour danser ».