Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a présenté sa démission
Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a présenté sa démission
Fragilisé par des révélations de « Mediapart » sur des dépenses au ministère et à la présidence de l’Assemblée nationale, M. de Rugy annonce avoir déposé une plainte pour diffamation.
François de Rugy, ministre de la transition écologique, pendant le défilé militaire à l’occasion du 14 juillet 2019. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »
Mis en cause par les révélations de Mediapart sur ses dîners fastueux entre amis sur les fonds publics et la coûteuse rénovation de son logement de fonction, François de Rugy a présenté sa démission, mardi 16 juillet, a-t-il annoncé dans un communiqué. Le ministre de la transition écologique a également déclaré avoir déposé une plainte pour diffamation contre le site d’informations et estime que cela le conduit « à prendre le recul nécessaire » pour cette « mobilisation nécessaire pour [se] défendre ».
Le ministre de la transition écologique avait d’abord dénoncé « des propos mensongers » et un « parti pris militant qui est l’habitude de ce site Internet ». S’il avait dit « comprendre » que de telles révélations « suscitent des réactions, et même des incompréhensions, des interrogations » chez les Français, il avait assuré qu’il « n’y a pas eu de dîners entre amis (…) qui auraient été financés par l’Assemblée nationale », préférant parler de « dîners de travail informels » avec « un paléontologue », « un directeur d’études à Sciences Po » ou encore « des chefs d’entreprise ».
Mediapart a recensé mercredi 10 juillet une dizaine de repas, avec homards et grands crus, qui ont eu lieu entre octobre 2017 et juin 2018 et où étaient reçus à chaque fois entre dix et trente invités appartenant au cercle amical et relationnel de Séverine de Rugy, l’épouse de l’ex-écologiste. Parmi les convives identifiés par le site figuraient aussi des membres de la famille de l’ancien président de l’Assemblée et des amis de son épouse. Les photos montrant Mme de Rugy poser devant une bouteille de Mouton Rothschild 2004 ou M. de Rugy devant une table de Saint-Valentin ornée de pétales de rose ont été abondamment relayées sur les réseaux sociaux et ont fait aussitôt scandale.
Dressing à 17 000 euros
Ces révélations sont mal passées, neuf mois après le début du mouvement des « gilets jaunes », et alors que le gouvernement veut resserrer le budget. La polémique a fait des vagues au sein même du parti présidentiel. Sous couvert d’anonymat, un cadre de La République en marche (LRM) déplorait « l’effet dévastateur » dans l’opinion publique. « C’est scandaleux, cette histoire. C’est précisément ce que nous ont reproché les “gilets jaunes” ! Cela risque d’accréditer l’idée que les ministres sont pleins aux as et se gavent en profitant de l’argent public. Symboliquement, c’est très lourd », jugeait ce responsable national de la formation macroniste, en ne cachant pas sa colère contre « une vraie connerie ». De son côté, la députée et ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho estimait que « sa démission s’impose ».
La polémique a enflé encore davantage le lendemain après de nouvelles révélations. Selon Mediapart jeudi 11 juillet, le ministre a fait réaliser plus de 63 000 euros de travaux, payés par le contribuable, dans les appartements privés du ministère de l’écologie. Parmi ces travaux figurait l’installation d’un dressing à près de 17 000 euros.
Le ministre s’était défendu sur Facebook : « Les services en charge de la gestion des bâtiments du ministère ont fait le constat partagé de la nécessité d’effectuer des travaux de rénovation dans l’appartement de fonction du ministère, qualifié, je cite, de “vétuste” ». Le montant des travaux serait lié selon lui « au caractère très particulier des lieux », puisque « l’hôtel de Roquelaure, comme d’autres ministères, est un élément du patrimoine français, construit au début du XVIIIe siècle ».
François de Rugy avait été nommé en septembre au gouvernement après la démission surprise de Nicolas Hulot, imposant un style autrement plus politique, pragmatique et policé, avec l’ambition de durer au « ministère de l’impossible ». « Je suis ici pour agir pour l’écologie avec méthode, détermination et persévérance dans le temps », avait-il lancé lors de sa prise de fonction au ministère.