Asile : plus 360 000 réfugiés accueillis en 2015 en Europe
Asile : plus 360 000 réfugiés accueillis en 2015 en Europe
Par Gary Dagorn
Le nombre de demandes d’asile acceptées a augmenté de 75 % par rapport à 2014. Les Syriens représentent presque la moitié des réfugiés ayant obtenu une protection internationale.
Le nombre de demandes d’asile acceptées a augmenté de 75 % par rapport à 2014, les Syriens représentant presque la moitié des réfugiés. | Lefteris Pitarakis / AP
La crise politique et migratoire que connaît le vieux continent depuis 2015 se reflète dans les chiffres : le nombre de demandes d’asile adressées aux Etats membres de l’Union européenne a explosé l’année passée. Plus de 1,2 million de premières demandes de protection internationale ont été enregistrées, soit plus du double par rapport à 2014. En conséquence, les Etats européens ont rendu, en 2015, presque 600 000 décisions, selon les chiffres dévoilés mercredi 20 avril par Eurostat.
Le nombre de demandes d’asile ayant été acceptées (en première instance ou en appel) a connu en 2015 une forte augmentation (+ 75 %). L’Europe (UE + Islande, Suisse, Liechtenstein et Norvège) a ainsi accueilli 360 080 réfugiés. Les pays européens ont accordé plus de statuts de réfugié qu’en 2014, principalement en raison du conflit syrien qui continue de déstabiliser le Moyen-Orient et pousse les populations civiles à émigrer.
Qui sont les demandeurs d’asile ?
Sans surprise, les réfugiés en provenance de Syrie représentent une grande part des décisions rendues concernant les demandeurs d’asile en Europe en 2015 (27 %) et 50 % des réfugiés à qui l’on a accordé l’asile.
De nombreux réfugiés ayant demandé l’asile en Europe viennent également des Balkans (Albanie, Kosovo, Serbie). Par ailleurs, l’Erythrée, visée par le terrorisme et une crise alimentaire, l’Irak, l’Afghanistan et le Mali, tous trois en proie à des violences quotidiennes et des crises politiques majeures, figurent dans les pays les plus fuis par les demandeurs d’asile.
Quel pays a accueilli le plus de réfugiés ?
L’Allemagne est de loin le pays ayant validé le plus de demandes d’asile (148 215 statuts de réfugiés accordés) et représente à elle seule 41 % des décisions positives. Viennent ensuite les autres grands pays européens. A noter que la Suède est le deuxième pays d’Europe ayant accordé le plus l’asile en 2015.
Lorsque l’on rapporte le nombre de demandes d’asile accordées à la population des pays d’accueil, la Suède figure en première place, en ayant donné asile à l’équivalent de 0,7 % de sa population, soit un réfugié pour 141 résidents en Suède.
A contrario, certains pays n’ont que très peu donné suite aux demandes d’asiles qui leur étaient adressées. On retrouve parmi eux des pays dirigés par des gouvernements conservateurs ayant freiné l’accord de répartition des réfugiés adopté le 22 septembre 2015 à Bruxelles, comme la Slovaquie ou la Pologne.
En revanche, l’Autriche, qui se montrait également hostile à la répartition proposée par Bruxelles, est le troisième pays européen ayant accueilli le plus de demandeurs d’asile par rapport à sa population.
Quelles sont les nationalités qui ont été les plus acceptées ?
Le taux d’acceptation des demandeurs varie énormément selon la nationalité de ces derniers. Les demandes provenant des réfugiés syriens ont été quasiment toutes acceptées (97,1 %), comme celles des apatrides.
Les demandes provenant de réfugiés des Balkans ont en revanche été très peu acceptées, avec seulement 1,9 % de réfugiés ayant obtenu le droit d’asile.
Quelques milliers de Syriens ont cependant vu leur demande refusée. Pour Sabreen Al Rassace, responsable de la permanence de l’association Revivre, les refus de ces demandes sont surtout dus « à des problèmes de dossiers : par exemple, un Syrien qui n’a pas ses papiers et ne peut donc pas prouver son identité. Dans ce cas, un recours est possible ».
Où une demande a-t-elle le plus de chances d’aboutir en Europe ?
Le taux d’acceptation, c’est-à-dire le pourcentage de demandes ayant été acceptées par les États, est en Europe de 47 %. Mais derrière ce chiffre se cachent de grandes disparités géographiques reflétant les politiques migratoires des gouvernements européens.
Si la Bulgarie ou les pays scandinaves accordent largement l’asile lorsqu’on leur demande, ce n’est pas le cas de la Pologne ou la Hongrie, où l’accueil de réfugiés provoque de nombreux débats et tensions politiques.
La France, quant à elle, se place à la 25e position sur les 32 pays européens étudiés, avec un taux d’acceptation de 27 % en première instance.