Coupe de France de football : une finale pas si classique entre le PSG et l’OM
Coupe de France de football : une finale pas si classique entre le PSG et l’OM
Par Benjamin Hourticq
Le matche qui se jouera le 21 mai au Stade de France pourrait avoir des conséquences importantes sur le bilan de la saison des deux équipes, qui n’ont pas rempli leurs objectifs.
Il ne faut pas s’y méprendre. Les classiques Olympique de Marseille - Paris-Saint-Germain (OM-PSG) ne sont jamais des matchs comme les autres. Et celui qui se jouera le 21 mai au Stade de France, pour la finale de la Coupe de France, sera encore plus particulier. Si l’on cachait le nom des deux finalistes, cette finale n’aurait que peu d’intérêt. Le 21 mai, le Stade de France accueillera le 15e de Ligue 1 face au champion de France. Quarante-six points séparent les deux équipes.
Mais ces chiffres ne représentent pas grand-chose face à l’identité des deux protagonistes. Peu importent les résultats dans les compétitions quand se présente le classique. Dans la saison des deux clubs, les OM-PSG sont une compétition à part entière, qui peut redorer ou ternir le bilan de l’année. Ce classique sur fond de finale, nouvelle version de l’édition 2006, remportée par le PSG, pourrait être lourd de conséquences pour les deux clubs.
Défaite interdite pour Paris
Cette saison, Paris, plus que jamais, est au sommet du football français, intouchable. Marseille n’est pas loin de toucher le fond. Mais, malgré cette distance, les deux formations sont liées par un même fil. Un fil qui pourrait tirer l’OM des profondeurs pour atteindre la surface et s’offrir une bouffée d’oxygène dans une fin de saison étouffante. Un fil qui chez les Parisiens pourrait les faire définitivement retomber sur terre, et précipiter la chute de l’ère Ibrahimovic.
L’attaquant du Paris-Saint-Germain Edinson Cavani, le 13 avril lors de la défaite contre Manchester City (2-0) à l’Etihad Stadium. | Jon Super / AP
En seulement deux semaines, la saison du PSG, longtemps destinée à être une cuvée exceptionnelle, a tourné au vinaigre. Le triplé championnat - Coupe de la Ligue - Coupe de France qui leur tend les bras ne peut masquer l’amertume de l’élimination en quarts de finale de Ligue des champions, l’objectif prioritaire depuis l’arrivée des Qataris dans la capitale. Favori face à son rival marseillais, le PSG n’a pas grand-chose à gagner à l’issue de cette finale, mais beaucoup à perdre.
Une défaite en finale face à une équipe marseillaise morose serait presque une faute professionnelle pour les Parisiens. Pour eux, l’enjeu est donc surtout le symbole. Perdre face à l’OM est interdit pour le PSG, mais perdre contre cet OM-là l’est encore plus. En cas de défaite, on pourrait légitimement se questionner sur l’avenir de Laurent Blanc sur le banc parisien. Prolongé jusqu’en 2018 le 11 février, l’ancien sélectionneur des Bleus a déjà été fragilisé par la fin de l’aventure européenne face à Manchester City. Nul doute qu’une défaite en finale contre Marseille écornerait l’image du club et obscurcirait l’avenir de son coach.
Un rayon de soleil à Marseille
Bien que Blanc ait porté les couleurs de l’OM, ni les joueurs phocéens, ni leur public, ni quiconque dans le club ne s’attristerait d’un tel scénario. Surtout pas en ce moment. En lutte pour le maintien, l’OM aura fait une saison chaotique du début à la fin. Les errements de gestion du club se sont matérialisés sur le terrain. Du départ de Marcelo Bielsa lors de la première journée a découlé la décadence du jeu marseillais, un risque de descente en Ligue 2, un ras-le-bol des supporteurs et maintenant un grand remue-ménage à tous les étages du club. Depuis que Margarita Louis-Dreyfus a mis le club en vente, Vincent Labrune, le président du club, semble être sur un siège éjectable, Michel, entraîneur de la troisième à la trente-quatrième journée de championnat, a été destitué, puis remplacé par son adjoint, Franck Passi.
Franck Passi, lors de la victoire (1-0) de Marseille à Sochaux, le 20 avril. | SEBASTIEN BOZON / AFP
Fidèle adjoint des entraîneurs marseillais depuis le départ de Didier Deschamps, en 2012, Passi a amorcé contre Sochaux, le 20 avril, une « mission commando », afin de sauver ce qui peut encore l’être. A quatre journées de la fin du championnat, le maintien, pas acquis, reste l’objectif numéro un. Mais une victoire contre l’ennemi parisien pourrait étouffer l’incendie qui couve dans la maison marseillaise. En plus de gagner une onzième Coupe de France, l’OM se ferait un plaisir de définitivement saborder le yacht parisien.
Une victoire pour panser les plaies
Sportivement et économiquement, une victoire en Coupe de France serait d’un grand secours pour les Marseillais. Le titre leur ouvrirait les portes de la Ligue Europa pour la saison prochaine, une moindre nécessité pour un club de cette importance. Mais cela serait aussi, enfin, un argument de vente positif. Les récents déboires sportifs et politiques de l’OM écornent grandement l’image de marque du club. A travers cette finale, c’est déjà la saison prochaine qui se joue.
En analysant les dernières sorties des Marseillais, on a du mal à voir comment ils pourraient vaincre le PSG. Mais à Marseille où rien ne tourne rond, tout est possible, même l’imprévisible. Dans un classique, la logique est une notion à remettre en question. Après la qualification face à Sochaux, Franck Passi, entre soulagement et euphorie, s’en est remis à la folie qui règne au sein du club : « C’est la saison de tous les dangers pour nous. Soyons fous ! Allons affronter le PSG en finale ! »