Condamnation (presque) unanime des politiques après les propos de Benzema
Condamnation (presque) unanime des politiques après les propos de Benzema
Le Monde.fr avec AFP
L’entretien de Karim Benzema dans le journal espagnol « Marca » a déclenché une vague de réactions de la part des politiques français.
Le 6 juin 2013 à Porto Alegre, Karim Benzema et Didier Deschamps s’entretiennent. | FRANCK FIFE / AFP
La non sélection de Karim Benzema à l’Euro 2016 a fait irruption, mercredi 1er juin au matin, dans le débat public à la suite d’un entretien de l’international tricolore dans le journal espagnol Marca. Les responsables politiques n’ont pas manqué de réagir dans les matinales des radios. « Insupportable » pour François Fillon, « inacceptable » pour Nathalie Kosciusko-Morizet, « carton jaune » pour Jean-Marie Le Guen : la classe politique condamne les propos de l’attaquant du Real Madrid, selon qui Didier Deschamps a « cédé à la pression d’une partie raciste de la France » en ne le sélectionnant pas pour l’Euro 2016.
« Je trouve ça insupportable. D’abord parce que le sélectionneur est souverain dans ses choix. Ensuite parce que le fait de ramener en permanence les problèmes du pays à des questions de race, de religion, d’ethnies et de communautés n’est pas un signe de bonne santé », a déclaré sur RTL l’ancien premier ministre François Fillon (LR), candidat à la primaire de la droite.
« C’est inacceptable, parce que la question de la discrimination, la question du racisme sont des sujets sérieux qui n’ont pas à être instrumentalisés dans un conflit personnel, a jugé sur France Info Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), également candidate à la primaire. Et puis c’est pire que ça, parce que c’est l’image de la France, c’est l’image de l’équipe de France qui sont en cause. L’équipe de France, il n’y a qu’à la regarder, le sélectionneur, la Fédération ne sont pas susceptibles d’être accusés de racisme ».
« La seule couleur de l’équipe de France, c’est le bleu »
Sur Radio Classique et Paris Première, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, a appelé à « un peu de respect », à jouer « fair-play ». « Ne rentrons pas dans une dramaturgie. Je pense que Benzema, chacun le comprend bien, parle aux Espagnols pour expliquer ne pas avoir été retenu dans les conditions que l’on sait, a-t-il dit. C’est un peu une utilisation. Je trouve ça dommage ».
« C’est quand même incroyable. On peut ne pas être d’accord avec M. Deschamps. Mais est-on obligé… Carton jaune, quoi », a commenté M. Le Guen à propos des accusations de Benzema, mais aussi celles de l’ex-international Eric Cantona et de l’humoriste Jamel Debbouze. De son côté, Nathalie Iannetta, conseillère sports de François Hollande, a rappelé « à toutes fins utiles » sur Twitter « que la seule couleur de l’équipe de France, c’est le bleu ».
Seule voix discordante pour le moment, celle du député PS « frondeur » Benoît Hamon qui a en revanche estimé sur Europe 1 que « Benzema a raison de dire que nous sommes dans un pays où le racisme augmente ». « Donc, un, Deschamps n’est pas raciste, je ne pense pas que [le président de la FFF Noël] Le Graët le soit non plus, je suis même certain du contraire, je le connais bien, mais il y a un sale climat dans ce pays sur ces questions-là. Il dit qu’il y a un climat qui amène beaucoup de Français, hélas, à se choisir un bouc émissaire. Les boucs émissaires ont toujours, toujours la même tête ».