D’anciens cadres qualifient l’université de Donald Trump de « système frauduleux »
D’anciens cadres qualifient l’université de Donald Trump de « système frauduleux »
Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Plusieurs employés de l’établissement ont assuré à la justice que l’établissement, qui a fermé en 2010, était un « mensonge complet ». Le candidat républicain est poursuivi pour « tromperie » dans ce dossier.
Donald Trump, le 31 mai, lors d’une conférence de presse à New York. | Richard Drew / AP
Le dossier du scandale de l’université fondée par Donald Trump au milieu des années 2000 a pris un peu plus d’ampleur, mercredi 1er juin, avec la publication de nouveaux documents embarrassants pour le candidat républicain à l’élection présidentielle. Ces révélations émanent de plusieurs employés de l’établissement dont les témoignages ont été rendus publics par Gonzalo Curiel, le juge californien en charge de l’affaire. Il répondait ainsi à une demande légale du Washington Post. Ces anciens cadres qualifient l’établissement, qui a fermé en 2010, de « système frauduleux » et de « mensonge complet ».
Ces nouveaux éléments viennent apporter de l’eau au moulin de plusieurs étudiants qui ont suivi les séminaires proposés dans le cadre de la Trump University et qui poursuivent le magnat de l’immobilier pour « tromperie ». Ils l’accusent d’avoir fait de fausses promesses en leur faisant miroiter de leur dévoiler ses « secrets » de réussite dans les affaires. Des cours sur mesure « meilleurs que ceux de la meilleure école de commerce », vantait une vidéo, qui a été versée au dossier. De quoi justifier leur prix qui pouvait atteindre les 35 000 dollars. Un procès est programmé en novembre.
Ces allégations sont contestées par M. Trump, qui estime que les élèves en ont eu pour leur argent. Le candidat républicain dispose de plusieurs témoignages d’étudiants satisfaits. L’ex-directeur de l’université affirme ainsi avoir reçu plus de 10 000 évaluations de la part des élèves, dont 97 % auraient accordé une note supérieure à 4,85 sur une échelle de 1 à 5. Parmi eux, David Wright, qui a suivi un séminaire de six mois. « La Trump University m’a définitivement permis d’affronter le monde réel et l’investissement immobilier », témoigne-t-il. Un autre, Kissy Gordon, estime avoir « appris beaucoup de la Trump University ».
« Séminaires les plus coûteux possibles »
Ce n’est pas l’avis de Ronald Schnackenberg, qui a travaillé en 2007, pendant un peu moins d’un an, à la Trump University comme responsable des ventes. « Alors que l’Université Trump prétendait vouloir aider ses clients à gagner de l’argent dans l’immobilier, elle ne pensait en réalité qu’à vendre les séminaires les plus coûteux possibles », explique-t-il, décrivant les pratiques comme « trompeuses, frauduleuses et malhonnêtes ». L’homme affirme dans sa déposition sous serment que l’établissement « choisissait ses proies parmi les plus âgés et les moins diplômés pour leur soutirer leur argent ».
Corrine Sommer, qui était responsable des événements au sein de l’université, raconte de son côté comment ses collègues encourageaient les étudiants, qui avaient du mal à débourser leurs frais de scolarité, à utiliser le plus de cartes de crédit possible pour que leur dossier de financement soit accepté. Elle explique également sa surprise à propos de certains professeurs, qui n’avaient « aucune expérience dans l’immobilier ». Selon elle, le critère retenu pour recruter l’encadrement se limitait avant tout à leurs capacités de vendeurs hors pair.
Un avis corroboré par le témoignage d’un autre ancien employé, Jason Nicholas, qui explique que les enseignants se faisaient passer pour « des bras droits » de Donald Trump. « Un mensonge total », selon lui.
Le candidat républicain s’en est pris au juge
Dans le camp de M. Trump, on affirme que ces documents n’établissent d’aucune manière le bien fondé de la plainte, affirmant que le magnat envisage d’utiliser les éléments de preuve de satisfaction des élèves pour gagner son procès.
En attendant, le candidat républicain, en meeting à San Diego, quelques jours avant la primaire de Californie qui a lieu le 7 juin, s’en est pris au juge Curiel en l’accusant de partialité. Il l’a traité d’« ennemi », parce que « nommé par Barack Obama », ajoutant qu’il « devrait se récuser ».
La favorite dans la course à l’investiture démocrate, Hillary Clinton, a immédiatement répliqué après la publication de ces témoignages en qualifiant M. Trump d’« imposteur », qui a utilisé un « stratagème frauduleux » pour s’enrichir sur le dos des Américains qui travaillent dur, a-t-elle affirmé, alors qu’elle faisait campagne mercredi à Newark dans le New Jersey, qui vote également le 7 juin. « Trump et ses employés ont profité d’Américains vulnérables en les encourageant à faire chauffer leurs cartes de crédit, à vider leurs comptes retraites, détruire leur futur financier tout en faisant des promesses qu’ils savaient fausses », estime Mme Clinton.