Pendant la durée de l’Euro 2016, le cinéma entre dans une semi-hibernation estivale. Peu de sorties, de la place dans les salles. On en profitera cette semaine avec deux films étonnants autour de la figure de la sorcière, la reprise d’un classique du cinéma de foot et un festival de courts-métrages.

UN MANGA INSPIRÉ PAR MICHELET : « Belladonna », d’Eiichi Yamamoto

BELLADONNA OF SADNESS - Official Red Band Trailer
Durée : 02:32

On ne s’attendait pas à voir Jules Michelet, historien français du XIXe siècle, adapté en manga. Belladonna, film d’animation psychédélique japonais de 1973 est pourtant inspiré de La Sorcière, ouvrage datant de 1862 dans lequel Michelet présente l’histoire de la sorcellerie comme une force de résistance paganiste et féministe à l’emprise de l’Eglise et du féodalisme.

Dessiné par le prince de la volute, Kuni Fukai, doté d’une BO sous acid rock imaginée par le jazzman Masahiko Sato, le film est réalisé par Eiichi Yamamoto, collaborateur de longue date d’Osamu Tezuka, le pape du manga et de l’anime. Ce film pour adultes, dernier volet d’une trilogie érotique, regorge de visions métaphoriques, hallucinées, obscènes. Le sexe et la jouissance y semblent la raison première de tout ce qui vit sur la terre, hommes, animaux et plantes enchevêtrés en une irrépressible extase. Jacques Mandelbaum

Film d’animation japonais d’Eiichi Yamamoto (1 h 33).

BREF, C’EST LE MOMENT DU COURT-MÉTRAGE : festival Côté court à Pantin

Faire dialoguer la jeune garde avec les grands maîtres du cinéma. Ce mot d’ordre, sur lequel s’est bâti le festival Côté court, a inspiré la composition de quatre tandems de cinéastes, invités le temps d’une soirée à confronter leurs films : Paul Vecchiali et Laurent Achard, André S. Labarthe et Thomas Salvador, Luc Moullet et Antonin Peretjatko, Boris Lehman et Vincent Dieutre.

En marge des trois programmations principales, où des étoiles montantes du court-métrage (Bertrand Mandico, Wissam Charaf, Gabriel Abrantes…) côtoient des cinéastes déjà passés au long (Vincent Dieutre, Sarah Leonor, Thomas Bardinet…) et des nouveaux venus, le festival montrera, en outre, trois courts-métrages inédits de Jacques Rivette, œuvres de jeunesse qui témoignent de manière émouvante de l’affirmation progressive du geste et de l’identité de ce cinéaste éminemment moderne. Isabelle Regnier

Du 15 au 25 juin, à Pantin (93) et à Paris.

SECRETS DE VESTIAIRE : « Coup de tête »

Coup de tête / Bande-annonce
Durée : 01:17

Et si l’on ne veut pas se priver de football même si l’on rate un match pour aller au cinéma, il faut (re)voir Coup de tête, deuxième film de Jean-Jacques Annaud, sorti en 1979.

Patrick Dewaere y est un amateur, attaquant dans la réserve d’un club imaginaire qui fait des étincelles en Coupe de France. Ce marginal méprisé par les notables de la ville de Trincamp devient un héros après un enchaînement de circonstances et de dribbles et se venge de ceux qui l’ont persécuté.

On retrouvera, dans la figuration les joueurs de l’AJ Auxerre de l’époque, et dans la thématique du film, une critique féroce, parfois un peu lourde, d’une France provinciale engoncée dans ses rancœurs. Heureusement, il y a l’interprétation poétique de Patrick Dewaere pour donner la légèreté nécessaire à la comédie. T. S.

Film français de Jean-Jacques Annaud (1979) avec Patrick Dewaere, Jean Bouise, France Dougnac (1 h 30).

AU FOND DES BOIS, LES PURITAINS : « The Witch », de Robert Eggers

The Witch / Extrait "Jouer à faire coucou" VOST [Au cinéma le 15 Juin 2016]
Durée : 00:44

Le premier long-métrage de Robert Eggers met en scène une période négligée par le cinéma américain : l’arrivée des premiers colons, dans la première moitié du XVIIe siècle. La famille de The Witch vient du Yorkshire, dont elle a gardé l’accent. Mais là, dans les forêts de ce qui sera le Massachusetts, rien ne ressemble à l’ancien monde.

L’isolement de ces puritains exacerbe leurs peurs, leurs fantasmes, met leur foi à l’épreuve jusqu’à ce qu’une folie sensuelle et terrible s’empare d’eux. Mis en scène avec un beau souci de pertinence historique et théologique, The Witch n’en reste pas moins un grand moment d’angoisse. Thomas Sotinel

Film américain de Robert Eggers avec Anya Taylor-Joy, Kate Dickie, Ralph Ineson (1 h 32).