Le best of des conférences de presse à Roland-Garros
Le best of des conférences de presse à Roland-Garros
Zèbres et koalas, pâtisseries hongroises, mariage, football… Il n’a pas toujours été question de tennis pendant la quinzaine. Entre maladresses et curiosité, morceaux choisis.
Novak Djokovic et Fabrice Santoro, sur le central de Roland-Garros après la victoire en huitième de finale du Serbe, le 1er juin. | PHILIPPE LOPEZ / AFP
Cette édition 2016 de Roland-Garros aura été mémorable du point de vue de la météo, des absences remarquées, des abandons… mais aussi des propos tenus par les joueuses et les joueurs. Petit florilège des questions les plus saugrenues posées par les journalistes et des répliques parfois abracadabrantes repérées lors des conférences de presse d’après-match.
La question qui ne veut rien dire
Ce n’est parfois pas tant le joueur qui fournit une réponse alambiquée que le journaliste qui formule une question absconse… Le Suisse Stan Wawrinka en a fait l’expérience à la veille de disputer son premier tour du Grand Chelem parisien :
« J’ai l’impression que la foule vous adore. Aujourd’hui, les athlètes sont contraints de prendre davantage de distance vis-à-vis du public par rapport aux années 1980, par exemple. Autrement dit, les spectateurs connaissent moins bien la personne qui se cache derrière le joueur. Quel est votre avis sur la question ? Ça vous dérange de partager la personne Wawrinka ici ? »
- Je n’ai pas compris la question.
Même chose pour le Belge David Goffin, battu par l’Autrichien Dominic Thiem en quart de finale :
« David, on parlait de ta balle de set dans le jeu décisif. Finalement, malheureusement, tu la rates, mais tu réagis assez bien dans le troisième set, et sauf erreur de ma part, tu as une balle de 5-3. Tu ne t’es pas écroulé après le tie-break. Tu as continué à y croire. Cela s’est joué à rien, comme tu dis. Par contre, dans le quatrième set, tes jambes ne répondaient plus. »
- Oui, c’est une question ?
Le quiz animalier
Jo-Wilfried Tsonga, le 28 mai sur le central de Roland-Garros face à Gulbis. | JACKY NAEGELEN / REUTERS
La tenue zébrée arborée par une douzaine de joueurs cette année, dont Jo-Wilfried Tsonga, a inspiré à un journaliste une question « 30 millions d’amis » adressée au numéro un français :
« Au vu de votre jeu, de votre nature, de votre manière de vivre, de quel animal vous rapprochez-vous le plus ? »
- C’est une question piège. Je n’en sais rien. Je pense que je pourrais m’inspirer de plusieurs : le paresseux, le koala… Honnêtement, je ne sais pas trop. Ça, c’était de la question ! »
La question culinaire
Au journaliste qui lui demandait si elle comptait arroser sa victoire au deuxième tour avec un petit verre de vin, la Belge Yanina Wickmayer a d’abord précisé qu’elle n’aimait pas ça. Et le journaliste d’insister :
- Tu es plus quoi, cocktail ?
« Je ne bois pas souvent, je n’aime pas trop. En tournoi déjà, je ne bois jamais. A la maison, un gin tonic de temps en temps ou un Amaretto, ça passe, mais je n’aime ni le vin ni le champagne. On me dit que ça viendra avec l’âge. On verra bien ! »
Timea Bacsinszky a eu droit, elle aussi, à une question culinaire, bien éloignée de considérations tennistiques : « Quelle est la meilleure chose que tu aies mangée au Food Truck Festival de Lausanne ? », a ainsi voulu savoir un journaliste après sa victoire au premier tour.
« Ça me plaît les conférences de presse comme ça ! Je suis une dingue de nourriture… Le problème, au Food Truck Festival, c’est qu’il y a trop de tentations ! On m’a fait goûter des arancini, spécialités siciliennes. On a aussi mangé des soft shell tacos, un plat végétarien, et puis aussi une spécialité hongroise, le kürtöskalac, un gâteau creux en forme de cheminée. C’est trempé dans l’eau sucrée, puis grillé. C’est extrêmement bon ! »
Timea Bacsinszky durant son quart de finale face à Kiki Bertens, le 2 juin, à Roland-Garros. | Christophe Ena / AP
La palme de la spontanéité revient sans conteste à la Suissesse, qui, non contente de fournir des réponses détaillées de 7 kilomètres de long, est dotée d’un sacré sens de l’humour. Un journaliste travaillant probablement pour La Vie du rail a osé une métaphore ferroviaire, lui demandant quel type de train correspondait le plus à sa personnalité. La 9e joueuse mondiale s’est alors lancée dans une typologie de l’offre de chemins de fer dans son pays :
« A Lausanne, on a le métro, bon, il n’est pas aussi grand que celui de New York hein ! Il y a aussi le LEB [Lausanne Echallens Bercher], ça, c’est un tram. Ensuite, il y a les Chemins de fer fédéraux (CFF) – l’équivalent de la SNCF – qui sont toujours à l’heure, ce n’est pas comme moi ! En tout cas, aujourd’hui, j’étais à l’heure en conférence de presse, je m’améliore. Quel train me correspond le mieux ? Je suis sans doute un mélange de tous les trains suisses. Comme un caméléon, je m’adapte à n’importe quel court. Bon, OK, je ne verdis pas quand je joue sur gazon mais allez, je vais essayer cette saison ! »
La réponse la plus langue de bois
A l’inverse, la palme de la réponse la plus formatée revient à Benoît Paire. Cuisiné à propos de son coach dont il s’est séparé à la veille de Roland-Garros, le Français, à l’issue de sa défaite au deuxième tour le 25 mai, a eu cette réponse… épastrouillante : « Je vais d’abord discuter avec mon agent, savoir ce qu’il faut que je dise et après je viendrai vous dire ce que je dois dire. »
La vilaine pique
La maladresse – ou l’humour vachard, c’est selon – de certains journalistes leur vaut en retour des froncements de sourcils et des réparties cinglantes de la part des joueuses ou des joueurs qu’ils ont pris pour cible. Comparé à un senior, Rafael Nadal n’a visiblement pas apprécié la remarque :
« Vous êtes arrivé sur le circuit, vous étiez très jeune. Votre 30e anniversaire arrive à grand pas [l’Espagnol l’a fêté le 3 juin]. Ça vous fait quoi aujourd’hui de vous sentir vieux ? »
- Et vous, vous vous sentez vieux ???
La question gênante
Richard Gasquet, à l’issue de son premier tour, s’est vu questionné sur un sujet d’ordre très privé : « C’est une question qui nous a été transmise par tes fans : as-tu quelqu’un dans ta vie en ce moment ? Si non, recherches-tu l’amour ? » Surpris, le Français ne s’est pas démonté :
« Je m’attendais à toutes les questions sauf à celle-là ! Ni l’un ni l’autre sincèrement. Je suis en plein Roland-Garros et s’il y a bien un truc dont je ne me préoccupe pas en ce moment, c’est bien ça parce que là, j’ai vraiment autre chose à penser. »
Ana Ivanovic, lors de son troisième tour face à Elina Svitolina, le 28 mai à Roland-Garros. | MARTIN BUREAU / AFP
Quant à Ana Ivanovic, certains s’attachent apparemment moins à ses résultats sur le terrain qu’aux détails… de sa vie personnelle. Interrogée sur les rumeurs de mariage avec le footballeur allemand Bastian Schweinsteiger, la Serbe a fait semblant de ne pas comprendre :
- Est-ce qu’il s’agit de votre dernier tournoi comme « mademoiselle » ? Pouvez-vous nous dire quelque chose là-dessus… ?
- Sur quoi ?
- Sur le mariage.
- Quoi ?
« Question suivante », abrégea le modérateur.
La question foot
L’approche de l’Euro de football a d’ailleurs davantage inspiré quelques confrères étrangers que le tournoi de tennis, il est vrai cette année plutôt morose. « Juste par curiosité, demanda l’un d’eux à Simona Halep, si tu avais été footballeuse, à quel poste aurais-tu évolué selon toi ? » La Roumaine a répondu, avant de s’emmêler un peu les pinceaux :
« Attaquante, histoire de marquer les buts. Plus sérieusement, non, je n’aurais pas pu jouer au foot. En Roumanie, nous n’avons pas… ah si ? OK. Dans ce cas, peut-être. Mais non, je préfère le tennis. C’est le sport où je m’exprime le mieux. »
La question insistante
Au deuxième tour, la Française Myrtille Georges, 204e mondiale, a tenu quatre jeux sur le central face à Garbine Muguruza, avant de s’écrouler, s’inclinant 6-2, 6-0. Sans qu’on sache trop bien pourquoi, les journalistes ont ensuite remué le couteau dans la plaie :
- Qu’est-ce qu’on retire de positif après une claque comme celle-là ?
- Cela sert beaucoup, on apprend, ce n’est pas tous les jours que je peux jouer à ce niveau sur un court comme celui-là.
- Jusqu’à 2-2 tout va bien ?
- Tout va bien.
- Après, c’est un peu plus compliqué. As-tu l’impression que c’est aussi physiquement que c’est devenu compliqué à partir de 2-2 ?
- Non, pas forcément, j’étais bien physiquement. C’était surtout l’émotion qui m’a fait perdre mes appuis, mon physique.
- Est-ce que le point à 2-2 au filet, le coup droit raté, ce fut le tournant du match ?
La question faux-cul
Pour se mettre les joueurs dans la poche, une partie des journalistes n’hésitent pas à recourir à la flatterie. Quitte à en faire un peu trop. Mais l’Américaine Shelby Rogers n’est apparemment pas dupe :
- Tous ceux à qui j’ai parlé de toi m’ont dit et répété que tu étais la personne la plus adorable et la plus douce dans l’histoire de la civilisation…
- Arrêtez, vous allez me faire pleurer.