Documentaires, sur Arte à 20 h 55

Iran, une puissance dévoilée - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Il est aujourd’hui loin, le temps où l’Iran se résumait à des images de répression des manifestations de 2009, provoquées à la suite de la réélection de l’ancien président, l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). L’époque où cet homme faisait peur au monde entier par ses diatribes anti-israéliennes, et représentait l’obstination de l’Iran à poursuivre son programme nucléaire, est également révolue.

La découverte de réserves pétrolières en Iran date du début du XXe siècle. | DR

La détermination de l’Iran, comme le montre amplement le documentaire Iran, une puissance dévoilée, s’épuisait, aussi bien dans son histoire que dans sa position géostratégique, dans sa fierté nationale piétinée, notamment pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), et dans sa méfiance vis-à-vis des Occidentaux en raison de leur complaisance envers Saddam Hussein.

Depuis l’élection du président Hassan Rohani et l’accord sur le nucléaire, l’Iran revient en grâce sur la scène internationale

Depuis l’élection du président modéré Hassan Rohani, en juin 2013, et particulièrement depuis la signature de l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran avec les Occidentaux à Vienne, en juin 2015, l’Iran entame un retour en grâce sur la scène internationale. Et le pays s’ouvre, du moins aux journalistes travaillant pour les médias étrangers, vu le nombre important de visas accordés par les autorités iraniennes.

La vie des Iraniens a-t-elle véritablement changé ?

Cette ouverture va-t-elle permettre aux Occidentaux de s’implanter durablement en Iran et de faire des affaires ? Ayant réalisé la conclusion du contentieux nucléaire et fort de la relative victoire de ses soutiens lors des dernières législatives en février dernier, le président Rohani aura-t-il plus de marge de manœuvre ? Et la vie des Iraniens ? A-t-elle véritablement changé depuis la levée, en janvier dernier, des sanctions internationales qui ont asphyxié le pays pendant des années ?

C’est à ces questions qu’ont essayé de répondre les journalistes Vincent de Cointet, Antoine Mariotti et Stéphane Saporito, dans Iran, chronique d’une année décisive. Depuis l’accord nucléaire, les chancelleries se succèdent en Iran. Arrivant d’Allemagne, d’Italie et de France, des hommes d’affaires cherchent par tous les moyens à trouver un chemin sûr à travers des labyrinthes obscurs politico-économiques d’Iran.

Tâche complexe, pour ne pas dire impossible, en partie parce que « de 65 % à 70 % de l’économie iranienne dépendent du secteur public », soutient l’analyste Said Laylaz, dont une partie majeure reste sous le contrôle des gardiens de la révolution, les pasdarans, les principales forces armées iraniennes.

Les pasdarans, les vrais maîtres

Quelle est donc la position du gouvernement de Hassan Rohani face à cette montée en force des gardiens, qui se sont imposés comme les principaux acteurs de l’économie, notamment tout au long de l’embargo ? Le chef de l’Etat souhaite-t-il contenir, voire diminuer leur influence économique ? Les auteurs du film apportent une réponse intéressante, avancée nulle part ailleurs – et peu vérifiable dans l’état actuel des choses. « Ils doivent passer le relais au fur et à mesure, et se retirer », répond le premier conseiller du président, Akbar Torkan, qui estime que, en augmentant le rôle et le poids du secteur privé, il serait enfin possible de se passer des gardiens. Cette réponse, aussi optimiste soit-elle, semble pour le moment peu convaincante, les pasdarans restant les vrais maîtres du développement économique du pays.

Après avoir bénéficié d’un consensus « relatif » au sommet de l’Etat pour la résolution du dossier nucléaire, Hassan Rohani est sans cesse défié par l’aile dure de la République islamique d’Iran. Une partie des conservateurs, encouragée par le soutien du Guide suprême, Ali Khamenei, continue à craindre « la future ouverture du pays » qui pourra « dénaturer l’identité même » du système. Ainsi, en novembre 2015, quatre journalistes iraniens proches des milieux réformateurs ont été arrêtés, dont Afarin Chitsaz, qui vient d’être condamnée à dix ans de prison pour « collusion avec les Etats ennemis » et « rassemblements dans le but de semer l’insécurité ».

Encore beaucoup de différends

Le documentaire n’évoque pourtant pas l’arrestation, en octobre 2015, du consultant irano-américain Siamak Namazi pour « espionnage », ni celle de son père, Baquer, en février. Des événements qui ne manquent pas d’inquiéter d’autres hommes d’affaires iraniens détenant une autre nationalité.

Législatives en Iran : « la distinction entre réformateurs et conservateurs s’efface »
Durée : 03:46
Images : Joséfa Lopez / Le Monde.fr

L’ouverture économique de l’Iran prendra des mois, voire des années, et de son état dépendra la réélection du président Rohani à la prochaine présidentielle, en juin 2017. D’ici là, des grands dossiers, de la guerre en Syrie où les Iraniens périssent dans leur combat pour Bachar Al-Assad, en passant par le conflit au Yémen et le soutien de l’Iran au Hezbollah libanais, continuent de cristalliser les différends entre l’Iran et la communauté internationale.

Iran, une puissance dévoilée, de Jean-Michel Vecchiet (Fr., 2008, 90 min). Iran, chronique d’une année décisive, de Vincent de Cointet, Antoine Mariotti et Stéphane Saporito (Fr., 2016, 52 min). Le mardi 31 mai à partir de 20 h 55 sur Arte. Rediffusion le jeudi 9 juin à 8 h 55.