Un an après avoir échappé à la faillite, la Grèce reste fragile, économiquement et socialement
Un an après avoir échappé à la faillite, la Grèce reste fragile, économiquement et socialement
Par Marie Charrel, Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Le pays n’a toujours pas retrouvé la croissance et demeure écrasé par une dette que le Fonds monétaire international estime lui-même insoutenable.
Le 13 juillet 2015, Athènes signait à Bruxelles un accord qui sauvait le pays de la faillite et lui permettait de rester dans la zone euro. Mais les mesures d’austérité imposées par les créanciers de la Grèce tardent à porter leurs fruits. Un an après, le pays n’a toujours pas retrouvé la croissance et demeure écrasé par une dette que le Fonds monétaire international (FMI) estime lui-même insoutenable.
- Un accord donnant-donnant
Il y a un an jour pour jour, après une longue nuit de négociations, les dirigeants de la zone euro concluaient un accord permettant de maintenir la Grèce au sein de l’union monétaire. En échange d’un nouveau prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans, le troisième depuis 2010, Athènes s’est engagé à appliquer de nouvelles réformes, notamment une très impopulaire refonte du système des retraites.
- La situation économique ne s’améliore pas
L’économie hellène est très loin de se redresser. Le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce est toujours inférieur de près de 25 % à son niveau de 2009. Après une timide embellie en 2014, il a de nouveau reculé en 2015 (– 0,2 %). Et il devrait encore plonger de 0,3 % cette année, selon la Commission européenne.
« Le pays est laminé par des années de récession et d’austérité brutale, il faudra plus d’une décennie pour en effacer les séquelles », estime Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.
- Le chômage reste endémique
L’absence de croissance explique le maintien du chômage à un niveau élevé. Le taux de demandeurs d’emploi en Grèce culminait toujours à 24,1 % en mars, un record en zone euro. Chez les moins de 25 ans, ce taux s’élève à 50,4 %. Désespérés, plus de 350 000 Grecs, dont beaucoup de jeunes diplômés, ont quitté le pays depuis 2008 pour trouver un emploi ailleurs.
- Les entreprises continuent de souffrir
Essorées par huit ans de récession, les entreprises hellènes ont vu leur chiffre d’affaires reculer de 25 % depuis 2009. L’investissement a reculé de 65 % en volume depuis 2007, tandis que les faillites continuent de se multiplier. Le 29 juin, la chaîne de supermarchés Marinopoulos, partenaire de Carrefour jusqu’en 2012, a ainsi été placée sous administration judiciaire. 13 000 emplois sont menacés.
- La dette demeure écrasante
Les relations entre Athènes et ses créanciers se sont normalisées. Dans le cadre du troisième plan d’aide, la Grèce a reçu, autour du 20 juin, un chèque de 7,5 milliards d’euros. Quelque 2,8 autres milliards devraient suivre à la rentrée. De quoi permettre à l’Etat grec de tenir jusqu’à l’automne.
Le gouvernement Tsipras espère que les créanciers, comme ils le lui ont promis fin mai, vont enfin discuter des moyens d’alléger l’énorme dette du pays, qui représente 180 % de son PIB et empêche l’économie de repartir, selon ses détracteurs.
Mais il faudra pour cela convaincre l’Allemagne. Son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, est persuadé que la dette grecque est soutenable. Le FMI dit l’inverse.