La voiture bélier, régulièrement utilisée par des Palestiniens contre les Israéliens
La voiture bélier, régulièrement utilisée par des Palestiniens contre les Israéliens
Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
Trente attaques utilisant des véhicules ont été menées, le plus souvent en Cisjordanie, depuis octobre 2015, obligeant les autorités à prendre des mesures spécifiques pour sécuriser les lieux les plus exposés.
La voiture, une arme imprévisible. Tel est le constat fait depuis longtemps par les services de sécurité israéliens. Dans sa longue expérience des attentats palestiniens, l’Etat hébreu a souvent été confronté à l’utilisation de véhicules, notamment de voitures béliers, mais aussi de tracteur (2014) et de bulldozer (2008). La voiture classique, banale, familiale, indétectable, est la plus employée. Ce fut le cas par exemple à l’automne 2014, puis à nouveau à compter du 1er octobre 2015, début d’une escalade de violences.
Depuis cette date, selon le Shin Bet (service de sécurité intérieur), il y a eu plus de 300 attaques et tentatives d’attaques, dont 180 au couteau, plus de 90 par balles et 30 par l’usage de voiture bélier, le plus souvent dans ce dernier registre contre des militaires en Cisjordanie. Trente-quatre Israéliens et plus de 210 Palestiniens ont été tués en neuf mois.
Les grands événements populaires font l’objet d’un dispositif spécial, explique au Monde un officiel de l’armée. « Pour des rendez-vous comme le jour de l’indépendance, il y a des zones entièrement fermées aux véhicules dans le centre, que ce soit à Tel-Aviv ou à Jérusalem, précise-t-il. Ceux qui sont restés garés sont évacués. » Reste bien sûr la gestion du quotidien, dans un pays où les citoyens utilisent volontiers les transports publics et adorent faire de l’auto-stop, y compris les colons en Cisjordanie.
Situation toujours volatile
Le 6 juillet, une voiture a foncé dans un véhicule militaire à l’entrée de la colonie de Neve Daniel, près de Bethléem, en Cisjordanie. Trois soldats ont été blessés. Le 24 juin, une Palestinienne a précipité sa voiture sur une autre, à l’arrêt, près de la colonie de Kiryat Arba, non loin d’Hébron, blessant deux civils.
Au total, le nombre d’attaques contre des Israéliens en Cisjordanie ou à l’intérieur du pays a été en nette diminution au fil des mois. Mais la situation demeure très volatile. C’était le sens du message délivré le 12 juillet par Nadav Argaman, le patron du Shin Bet, devant la commission des affaires étrangères et de la défense, à la Knesset (Parlement).
Malgré des moyens humains et technologiques considérables, préventifs et répressifs, il est impossible d’empêcher des initiatives individuelles, décidées par de jeunes Palestiniens souvent sans antécédents.
En Cisjordanie comme en Israël, de nombreuses mesures ont été prises pour essayer de sécuriser les lieux exposés à des attaques de cette nature, comme les stations de bus. Des blocs de ciment ou des piliers en métal ont été posés pour protéger les usagers, en particulier à Jérusalem. Le carrefour principal sur la route 60 au niveau du bloc de colonies du Goush Etzion, où de très nombreux assaillants sont passés à l’acte, fait l’objet d’une présence militaire très renforcée.
Des consignes ont été passées aux soldats, principales cibles des attaques à la voiture bélier en Cisjordanie, de ne pas s’exposer en bord de route et de rester à couvert.