Leslie Jones à l’avant-première du film « SOS Fantômes », de Paul Feig, le 8 juillet, à Los Angeles. | VALERIE MACON / AFP

« Je quitte Twitter ce soir en larmes et avec le cœur lourd. Tout ceci parce que j’ai fait un film. Vous pouvez détester le film, mais la merde que j’ai reçue aujourd’hui… C’est mal », s’est émue mardi 19 juillet, Leslie Jones. Depuis la veille, l’actrice afro-américaine à l’affiche du remake féminin de Ghosbusters (SOS Fantômes) était victime d’une campagne d’insultes sexistes et racistes sur Twitter d’une extrême violence, la comparant notamment de manière récurrente à un singe.

« C’est tellement triste, la plupart de ces commentaires ont l’air de venir d’enfants ignorants. Je suis la cause du sida ? ! QUOI ? Ces gens se détestent. Vous devez vraiment vous détester pour cracher toute cette haine. Je veux dire, même dans mon plus mauvais jour, je n’imagine même pas sortir ce genre de choses », s’est désespérée l’actrice.

La campagne de harcèlement raciste subie par Leslie Jones, et la violence des messages qu’elle a reçus et retweetés pour en témoigner, lui a valu le soutien de plusieurs célébrités, comme Paul Feig, réalisateur du film SOS Fantômes, et Katie Dippold, tandis que de nombreux internautes ont affiché leur sympathie et leur soutien à l’actrice avec le hashtag #LoveForLeslieJ.

Un influent et controversé journaliste

La réponse de Twitter est tombée dans la nuit. Le compte de Milo Yiannopoulos, dit « Nero », influent et controversé journaliste du site néoconservateur Breitbart, a été définitivement suspendu, relate Buzzfeed. « Les gens devraient pouvoir exprimer les opinions et des croyances diverses sur Twitter. Mais personne ne mérite d’être la cible d’une campagne de harcèlement en ligne, et nos règles interdisent d’inciter ou d’inviter à agresser ou harceler d’autres utilisateurs », a argué le réseau social auprès du site américain. Dans plusieurs captures d’écran de tweets supprimés depuis, Milo Yiannopoulos ironisait sur le fait que Leslie Jones « jouait la victime ».

Breitbart a pris la défense de son journaliste, dont le compte a été suspendu vingt minutes avant sa participation à une réunion des militants gays pro-Trump. « Avec la suspension pusillanime de mon compte, Twitter a encore prouvé qu’il était un espace tranquille pour les terroristes islamistes et les extrémistes [du mouvement de défense des droits des populations noires] Black Lives Matter, mais un territoire hostile pour les conservateurs », a contre-attaqué Milo Yiannopoulos, promettant que « comme tous les actes de la gauche régressive totalitaire, cela leur explosera[it] à la face, me laissant avec encore plus de fans me vénérant ».

La veille, Twitter et Facebook s’étaient rapprochés en France d’un accord avec les associations antiracistes pour lutter plus efficacement contre les discours haineux sur les réseaux sociaux.