Les Monégasques affrontent Fenerbahçe pour leur retour à la compétition officielle. | VALERY HACHE / AFP

Le doux son des crampons claquant contre le sol des vestiaires puis du couloir menant à la pelouse va de nouveau parvenir aux oreilles des amateurs de football. Premier acte mercredi soir avec le troisième tour préliminaire de la Ligue des champions avec le match Fenerbahçe-AS Monaco.

Troisième du dernier championnat de France, le club monégasque doit en passer par deux oppositions – le tour préliminaire puis le barrage contre un autre adversaire en cas de victoire – avant de pouvoir prétendre à rejoindre la phase de poules de la plus prestigieuse des compétitions européennes. La première se tient mercredi 27 juillet, contre le club stambouliote.

Dans une ambiance pour le moins tendue après le coup d’état avorté contre Recep Tayyip Erdogan, dans la nuit du 15 au 16 juillet, et la mise en place de l’état d’urgence, les joueurs monégasques doivent affronter un adversaire de grande qualité. Probablement sans les caméras de la télévision, puisque aucune chaîne n’a encore obtenu de contrat pour diffuser le match. Le match retour à Louis II sera, en revanche, visible sur BeIN Sports.

L’ambiance promet d’être chaude au stade Sükrü Saracoglu d’Istanbul. | OZAN KOSE / AFP

« Fener », une solide équipe

Le tirage au sort n’aura pas forcément été très clément avec les joueurs de la Principauté. Ne bénéficiant pas du statut de tête de série, en raison d’un coefficient UEFA trop bas, l’AS Monaco savait qu’elle hériterait d’un adversaire coriace. L’Ajax Amsterdam, le Sparta Prague, le Shaktar Donetsk, le FK Rostov étaient les autres tirages potentiels, mais c’est finalement sur le « Fener » que Monaco est tombé, pour son premier match de la saison. L’un des tirages les plus compliqués.

De nombreux joueurs familiers évoluent dans le club stambouliote. Simon Kjaer – ancien taulier de la défense lilloise –, Martin Skrtel – solide défenseur longtemps du côté de Liverpool –, ainsi que Roman Neustädter, aperçu avec la sélection russe lors de l’Euro, forment la défense à trois. Avec leur grosse densité physique, ces joueurs peuvent inquiéter le secteur offensif monégasque. L’ancien latéral parisien Gregory Van der Wiel a aussi rejoint le bord asiatique du Bosphore. Si les joueurs turcs seront privés de Nani, parti à Valence, et de Robin van Persie, en délicatesse avec son coach, Vitor Pereira, leur qualité intrinsèque est au moins équivalente à celle des Monégasques.

L’ancien Parisien Gregory van der Wiel a rejoint les rangs de Fenerbahçe. | Francois Mori / AP

Changement de stratégie en vue à Monaco ?

Pour affronter le club turc, Monaco va s’appuyer sur une bonne partie de son ossature de la saison dernière. Pourtant, depuis l’arrivée des investisseurs russes sur le Rocher, le club avait habitué les observateurs à mettre en place une politique de transferts très active. Avec Dimitri Rybolovlev aux commandes, le mercato estival est souvent très animé. L’an dernier, de très nombreux recrutements avaient été effectués, au point de déstabiliser l’effectif, et de débuter la saison avec une équipe instable et qui n’était pas parvenue à se qualifier pour la phase de poules de la Ligue des champions.

Leonardo Jardim va devoir s’appuyer sur l’ossature de son équipe de la saison passée. | © Action Images / Reuters / REUTERS

Cette saison, au contraire, les Monégasques ont pris le parti d’ajuster leur effectif en qualité plutôt qu’en quantité. Jérémy Toulalan, parti à Bordeaux, n’a pas encore été remplacé. Djibril Sidibé, l’un des meilleurs latéraux français, ainsi que Benjamin Mendy ont été recrutés respectivement à Lille et Marseille pour un total de 28 millions d’euros. Kamil Glik, le solide stoppeur de la Pologne, a aussi rejoint l’effectif mais ne sera pas disponible contre Fenerbahçe. Pour le reste, Leonardo Jardim compte sur son effectif de la saison dernière, auquel viennent s’ajouter les retours de prêts de Radamel Falcao et de Valère Germain, dans le secteur offensif, ainsi que de Marcel Tisserand, revenu de Toulouse, en défense.

Le Colombien Radamel Falcao revient sur le Rocher après deux saisons compliquées en Angleterre. | Natacha Pisarenko / AP

Pour affronter Fenerbahçe, Monaco va devoir faire sans Danijel Subasic, son gardien de but, embêté par une blessure contractée lors de l’Euro, et sans Kylian Mbappé, la jeune pépite de club, laissé au repos après la victoire contre l’Italie lors de l’Euro des moins des 19 ans. Après une préparation contrastée – deux nuls contre le SC Kriens et le FC Sion, deux défaites contre Saint-Petersbourg et Luzerne, et trois victoires contre le Sporting Portugal, Lugano et le FC Bâle –, les Monégasques vont devoir hausser leur niveau de jeu pour espérer franchir ce tour et débuter le championnat du bon pied. Ils devraient certainement évoluer en 4-4-2, avec leur paire d’attaquants Falcao-Germain, qui a bien fonctionné lors des matchs amicaux.

Une rencontre cruciale pour le football français

A chaque rencontre perdue par l’un de ses clubs sur la scène européenne, les mêmes réflexions émergent, à juste titre : « C’est une défaite importante pour l’indice UEFA. » Ce fameux indice, pas franchement éclairant, détermine les places qualificatives allouées aux clubs pour les deux compétitions européennes. Et à ce petit jeu de calculs savants établis sur la moyenne des points marqués par les clubs nationaux, la France est désormais cinquième. Six de ses clubs sont qualifiés pour les deux compétitions européennes. Mais elle est talonnée de très près par les championnats du Portugal et de la Russie.

De même, la qualification en Ligue des champions amène une manne financière non négligeable. Une participation en phase de poules rapporte, au minimum, 12 millions d’euros à chaque club. Autrement dit, Monaco doit gagner pour renflouer ses finances, mais aussi pour performer et améliorer l’indice UEFA de l’Hexagone. Un cercle vicieux, en somme, car si l’ASM ne gagne pas, elle ne renfloue pas ses finances, et diminue forcément ses chances d’améliorer son effectif, et donc d’augmenter l’attractivité du championnat. Donc ses chances de performer à ce niveau l’année suivante.

D’ailleurs, depuis la saison 2013-2014 et le passage obligé du troisième du championnat de France par deux tours de qualifications avant d’accéder à la phase de poules, il n’y a jamais eu trois représentants français en Ligue des champions. Mais ce petit refrain, comme celui des sonorités brutes des crampons sur le sol d’un vestiaire, l’amateur de foot le connaît aussi.