Le candidat républicain à l’élection présidentielle du 8 novembre, Donald Trump, lors de son discours à Youngstown (Ohio), le 15 août. | JEFF SWENSEN / AFP

Donald Trump a choisi une petite ville de l’Ohio, Youngstown, pour prononcer lundi 15 août un discours censé dévoiler son plan de lutte contre l’organisation Etat islamique. Pour le candidat républicain à l’élection présidentielle du 8 novembre, l’enjeu était double : tenter de mettre un terme à une mauvaise passe créée par des déclarations controversées, et répondre aux attaques démocrates qui se concentrent sur son inaptitude supposée à exercer la fonction de commandant en chef de la première puissance mondiale.

Après avoir longuement dressé le décompte des attentats survenus en Europe et aux États-Unis depuis plus d’un an, M. Trump s’est pour l’essentiel contenté de répéter les thèmes déjà déclinés en avril et en juin dans deux discours prononcés à l’aide de téléprompteurs, puis repris lors de son acceptation de l’investiture républicaine lors de la convention de Cleveland, le 21 juillet.

« Tests de dépistage idéologiques »

Il a dressé un bilan extrêmement négatif de l’administration de Barack Obama, qu’il a pris soin de lier étroitement à son adversaire Hillary Clinton, secrétaire d’Etat de 2009 à 2013. Nostalgique des régimes forts longtemps en place en Égypte, en Libye et en Syrie, M. Trump a assuré que les États-Unis pouvaient poursuivre des objectifs communs avec la Russie en la matière. Exprimant sa défiance tout autant vis-à-vis de la République islamique d’Iran, alliée à la Russie en Syrie, que vis-à-vis de l’Arabie saoudite, jugée trop éloignée des valeurs américaines, M. Trump s’est fait fort de couper les financements de l’organisation Etat islamique et de rallier une coalition de pays pour lutter contre elle, ce que fait déjà l’administration Obama. M. Trump a jugé nécessaire de couper « immédiatement » l’accès à Internet des groupes radicaux, qu’il a promis de combattre « brutalement si nécessaire ».

La seule nouveauté a résidé dans « les tests de dépistage idéologiques » que M. Trump souhaite imposer aux personnes souhaitant émigrer aux États-Unis, sur le modèle de ceux mis en place pendant la guerre froide. Dans l’esprit du milliardaire, ces tests permettraient d’identifier de possibles extrémistes. Il a d’ailleurs promis des procédures « extrêmes » pour garantir la sécurité des États-Unis.

M. Trump a reculé ces dernières semaines en ne mentionnant plus l’interdiction temporaire très controversée de l’immigration de personnes de confession musulmane qu’il avait suggérée après les attentats de Paris et de San Bernardino, le 2 décembre. Il n’évoque plus désormais qu’un gel de l’immigration en provenance de zones gangrenées par le terrorisme, qu’il s’est abstenu jusqu’à présent de désigner. L’évocation de ces restrictions, tout comme la suggestion lundi de la création d’une commission consacrée à l’islamisme radical, vise cependant à répondre à la défiance manifestée majoritairement dans l’électorat blanc républicain majoritaire dans la « Rust Belt » (la « Ceinture de rouille » des anciens Etat industriels des Etats-Unis) vis-à-vis d’un islam jugé souvent incompatible avec les « valeurs » américaines.

Il « aurait adoré Staline »

Tout en s’en tenant globalement au texte de son intervention, M. Trump n’a pu s’empêcher lundi de revenir sur une idée qui lui tient manifestement à cœur. A l’en croire, les États-Unis auraient dû prendre le contrôle des puits d’hydrocarbures irakiens lors de l’invasion de 2003. Il a ensuite confondu pétrole irakien et pétrole syrien en assurant que les djihadistes de l’EI en tiraient des revenus considérables.

Quelques instants avant que le magnat de l’immobilier ne prenne la parole, le vice-président Joe Biden, en meeting avec la candidate démocrate Hillary Clinton, avait martelé l’accusation selon laquelle M. Trump est inapte à la fonction présidentielle à Scranton, dans l’Etat voisin de Pennsylvanie, un autre Etat de la « Rust Belt » . M. Biden avait assuré que la déclaration de M. Trump selon laquelle le président Barack Obama est le « fondateur » de l’organisation Etat islamique était de nature à mettre en danger les troupes américaines en Irak. Il avait également stigmatisé les propos amènes tenus à l’endroit du président russe Vladimir Poutine, assurant que le milliardaire « aurait adoré Staline ».

M. Biden s’était cependant gardé de faire allusion à une enquête publiée le même jour par le New York Times. Cette dernière a fait état de versements de 12,5 millions de dollars en cash au consultant Paul Manafort, devenu en juin le principal conseiller de M. Trump, lorsqu’il travaillait pour le compte de l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, chassé par un soulèvement populaire et réfugié depuis en Russie. M. Manafort a démenti avec force le contenu de l’article du New York Times.

Obama : Trump n’est « pas qualifié » pour être président
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