Travail d’intérêt général pour trois militants du « mouvement des parapluies » à Hongkong
Travail d’intérêt général pour trois militants du « mouvement des parapluies » à Hongkong
Par Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)
La contestation sociale de 2014 a engendré de nombreux partis localistes dans la « région spéciale ». Avant les législatives, ils demandent davantage d’autonomie par rapport à Pékin.
Joshua Wong, Nathan Law et Alex Chow lors d’une conférence de presse à Hongkong, le 15 août 2015. | ANTHONY WALLACE / AFP
Reconnus coupables en juillet de « rassemblement illégal » pour avoir occupé en 2014 un périmètre interdit devant le siège du gouvernement de Hongkong, trois militants du « mouvement des parapluies » ont reçu, lundi 15 août, des peines plus légères que prévu. Aujourd’hui dirigeants du nouveau parti Demosisto, tous trois risquaient plusieurs années de prison.
Joshua Wong, l’égérie du mouvement étudiant hongkongais, aujourd’hui âgé de 19 ans, devra effectuer 80 heures de travail d’intérêt général, tout comme un autre activiste, Nathan Law, 23 ans. « Je ne regrette pas mon implication dans le mouvement des parapluies », a posté sur Twitter Joshua Wong dès l’annonce du verdict.
A l’approche des élections législatives du 4 septembre, le climat politique est survolté à Hongkong. Une demi-douzaine de nouveaux partis dits « localistes », issus comme Demosisto du « mouvement des parapluies » de 2014, ont bouleversé les forces politiques en présence. Cette sentence n’empêchera pas M. Law de se présenter au scrutin. Il est le seul candidat pour Demosisto, Joshua Wong n’ayant pas l’âge requis (21 ans).
Un troisième dirigeant du mouvement et de Demosisto, Alex Chow, a été condamné à 120 heures de travail d’intérêt général et trois semaines de prison avec un an de sursis pour « incitation au rassemblement illégal ».
La juge, June Cheung, a estimé que les trois accusés étaient préoccupés de bonne foi par les questions de société et avaient « transformé en action » leur passion pour la politique. Il aurait été « injuste » de leur « imposer une condamnation dissuasive », a-t-elle conclu.
Les trois militants avaient forcé le passage en septembre 2014 pour reprendre à la police Civic Square, la bien nommée « place civique » devant le siège du gouvernement. La Région administrative spéciale était en ébullition suite à l’élaboration d’un projet de suffrage universel tronqué pour la sélection de son chef de l’exécutif : il prévoyait que seuls les candidats approuvés par Pékin pourraient se présenter. Le suffrage universel a été abandonné pour la prochaine élection du chef de l’exécutif, en mars 2017.
Demander l’indépendance, la fin d’un tabou
La riposte policière avait fait descendre en réaction d’autres jeunes dans la rue, marquant le coup d’envoi d’un mouvement de protestation massif. Des dizaines de milliers de Hongkongais se joindront aux manifestations et plusieurs points névralgiques de la ville resteront occupés pendant soixante-dix-neuf jours, provoquant la plus grave crise politique depuis la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997.
Deux ans après le début du « mouvement des parapluies », Hongkong voit son système semi-démocratique et son Etat de droit mis au défi par les nouveaux partis localistes. Ceux-ci ont dynamité le statu quo dans les relations avec la Chine, basé sur le principe « un pays, deux systèmes ». Plusieurs militants revendiquent ouvertement l’indépendance pour Hongkong, une option longtemps restée taboue. Moins radical que d’autres, Demosisto milite pour l’autodétermination et une démocratie authentique.
Face aux prises de position explicites d’une partie des localistes en faveur de l’indépendance, le gouvernement a pris des décisions controversées. Au moins six candidats ont été disqualifiés par la commission des affaires électorales en amont des législatives pour non-respect de la Constitution de Hongkong. Ces décisions ont été largement critiquées pour leur caractère arbitraire et pourraient à leur tour être attaquées en justice ou conduire à des actions de désobéissance civile.